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mardi 12 avril 2022

Tu vois, Marine Le Pen...


“Tu vois, Marine Le Pen, maintenant, elle récite une petite bible CGTiste. Et que je te défends les petits salaires et la retraite à 60 ans. Marine, elle parle aux petites gens. Tu vois ce que je veux dire ? C’est nouveau, non ? Et les petites gens, ils se disent, peut-être qu’elle a changé, peut-être qu’elle est vraiment peuple, cette mémère aux chats, avec sa voix de fumeuse de gitane ? Peut-être qu’elle n’a rien à voir avec son père, vraiment. Mais tu vois, on ne peut pas effacer comme ça des décennies de mépris du pauvre, de mépris de “l’assisté”, de celui qui mange le pain blanc des Français. C’est quand même un peu facile, non, entre les deux tours d’une élection présidentielle, d’enfiler le costume d’un Méluche et de venir faire tribune sur la France qu’on exploite et sur le travailleur pauvre. Pour un peu, elle enfilerait un gilet jaune et on la retrouverait sur un rond point. Et vous trouvez ça crédible ? Mais attention, une fois que j’ai dit ça, je n’oublie pas que le costume de gauchiste ne va pas mieux à Macron ! Non, lui, c’est plutôt Smuggler…Pour te donner une idée, un RSA ne suffit pas pour une veste de cette marque. Macron, pour l’instant, il est beaucoup plus mou que Le Pen pour capter les voix de gauche. D’abord, il pense que le front républicain marchera encore cette fois. Ensuite, il a fait encore plus de voix au premier tour qu’en 2017. Plus d’un million de voix de plus. Alors qu’il a mené une politique ultra-libérale, que les prix ont augmenté comme jamais depuis qu’il est au pouvoir, que les services publics ont souffert et qu’il promet encore pire cette fois-ci. Alors à quoi bon s’en faire. Non, il va être réélu, malgré les gilets jaunes, malgré la baisse du pouvoir d’achat, malgré la précarité galopante, l’industrie fragilisée, les hopitaux au bord de l’asphyxie…Il va être réélu, peut-être à cause de ses jolis costumes, mais surtout parce que ceux qui votent fort pour lui sont les boomers qui ont peur pour leurs privilèges. Ceux qui ont tout intérêt de voir le système des retraites consolidés pour longtemps, ceux qui ont fini leur vie, ceux qui n’ont plus d’enfants à l’école ou qui leur paye une école privée. Ce sont ceux qui ont de l’argent et qui ont décidé de ne pas se soucier de ceux qui n’en ont pas. Macron n’a absolument aucun intérêt à faire semblant d’être de gauche. On ne peut pas lui reprocher d’être insincère, sur ce coup-là. Mais tu vois, si c’est ce que les gens veulent, est-ce que ce n’est pas ce qu’on appelle la démocratie ?”

lundi 11 avril 2022

Tu vois, les élections...


"Tu vois, ça fait 20 ans que je vote pour les présidentielles…eh ben, l’effet que ça me fait, c’est que les élections, c’est un coup de chapeau à un âne, comme disait mon grand-père. Depuis hier, tiens, j’ai l’impression d’être dans le film Un Jour sans fin, tu sais. On revit encore une fois ce fameux second tour piège…Depuis 2002, c’est comme ça. Et nous, on plonge, à chaque fois dans la fameuse dialectique du front républicain...Mais la démocratie et la République, si ce n'est pas l'expression d'un véritable choix, ça n'a pas tellement d'intérêt. En parlant de mon grand-père, je crois que le 24 avril, je vais lui rendre hommage. En 2002, il n’avait pas voté pour Chirac. Il n’était pas allé voter du tout, en fait. Pour un peu, je crois qu’il aurait presque préféré aller à la messe comme ma grand-mère, ce jour-là. Et pourtant, mon grand-père, c’était le pire bouffeur de curés que je connaissais. Mais finalement, il n’avait pas tort. C’est un peu comme si au resto, si la carte des desserts se résume à une Danette ou un petit-suisse et que tu n’as envie ni de l’un, ni de l’autre, tu te forçais quand même à prendre le petit suisse parce que c’est dans la formule et que tu te sens obligé de choisir…ça n’a ni goût ni grâce, le petit suisse, c’est trop gras, le petit suisse, oui, mais la Danette, c’est carrément gerbant…Alors tant pis pour la formule, ce n’est pas parce que c’est écrit qu’il faut que je me force. Ce sera un café et l’addition, pour moi. Et surtout, il faudrait maintenant qu’on évite de retourner dans ce resto pourri, parce que la carte des desserts est vraiment naze…"

dimanche 10 avril 2022

Tu vois, tout respire le printemps...


“Tu vois, tout respire le printemps. Ce que je préfère, ce sont les trèfles…et l’herbe aussi, bien verte, bien drue, bien touffue. Ce vert si vigoureux, tellement plein de chlorophylle, tellement…je ne sais pas, c’est cette idée de sève, de vie, de vitalité…Ce vert, ça me met en joie, ça me donne de l’énergie. Et puis ça me fait penser à mon père. Mon père n’aimait cette couleur que dans la nature. Il n’aurait jamais porté une chemise verte. Par contre, il aimait tellement les centaines de nuances de la forêt au printemps…La forêt qui étale son manteau au flanc de la montagne…Son manteau où le tendre des jeunes feuilles de châtaigniers contraste avec le vert profond des sapins qui font des tâches plus sombres à côté des cerisiers sauvages au vert léger nuancé par le blanc des fleurs. Cette saison, c’est la promesse de la vie, de la jeunesse, de l'allégresse. Je m’emballe, mais tu vois, quand je contemple la rivière qui scintille au soleil, qui coule vraiment, maintenant qu’il a plu un peu, enfin, je sens monter en moi cette énergie. Je ne sais pas l’expliquer bien. Je n’ai pas les mots exacts. Je me sens vivante, partie prenante de cette nature revigorante. Je me sens traversée par cette force, la force de la rivière qui trimballe les pollens, la boue, la neige qui a fondu, les bois que le vent a cassés. La rivière et ses alevins, ses poissons en devenir, la rivière pleine de vie. La nature, parfois, dans nos vies de fous, on oublie de la regarder, de l’écouter. Pourtant, tout respire le printemps et c’est cela qui nous permet de respirer. De vivre. Je suis une citadine, maintenant, j’aime les trottoirs, les voitures, les magasins, les êtres humains qui vont et qui viennent, j'aime cette vie là, mais rien ne m’émeut autant que le chant des oiseaux dans le petit matin. C’est un bonheur sans fin, cela. Dès la fin de l’hiver, si tu te lèves tôt, avant le lever du soleil, tu les entends, c’est une joie, c’est…Je ne sais pas l’expliquer. C’est de l’ordre de la sensation, de l’émotion. Je pense que ça touche à…notre cerveau le plus archaïque, notre part animale. On fait partie de ce monde, de ce renouveau, de…cette abondance de la nature. Je dis ça parce que c’est le printemps, mais…je ressens la même chose quand l’été bat son plein et que dans les aubes tièdes du mois de juillet, on entend le raffut des martinets dans le ciel clair, je ressens la même chose lors des beaux crépuscules d’automne, quand l’air s’embrasse à l’horizon, quand la lumière vient illuminer la cime jaune orangée des arbres. Toute cette chaleur, toute cette douceur. J’adore. J’aime l’hiver aussi, surtout quand ils sont scintillants de froid, les grands ciels bleus translucides et glaciaux. J’aime les soleils d’hiver givrés. Et je te parle d’ici, je te parle de ce que je vois de ma fenêtre, mais, la nature, je l’ai aimée partout où je suis allée : les canyons américains, les plaines du nord, l’incroyable terre noire et fertile des plaines du nord, la luxuriance de l’Asie, la vie grouillante des marécages de Louisiane…Partout…C’est la force, c’est l’incroyable force de la nature. Celle devant laquelle on se sent tout petit, mais…à sa place. A sa place dans le cosmos, partie prenante, vraiment, de l’univers. On ne sait pas si c’est Dieu ou juste le hasard qui a créé ces beautés là, mais quelle réussite…On ne sait pas qui on doit remercier pour tout ça, mais bon sang…quelle chance on a d’en faire partie…”


samedi 9 avril 2022

Tu vois, les pigeons...


“Tu vois, les pigeons qui s’engouffrent dans cette maison, par dizaines, même peut-être par centaines…Ce ne sont pas vraiment des pigeons. Tu as vu leur côté mécanique, régulier…Si, si ! Je suis resté là à les observer un petit moment, j’ai noté les heures, les flux. C’est troublant. J’ai fini par comprendre : on a à faire à des drônes, des robots téléguidés. C’est la mairie ou le gouvernement, la police…Ou pire. Comment ça, je délire ? Mais non ! Les caméras de vidéo surveillance, ça suffisait plus, je te jure : il faut des moyens bien plus mobiles, bien plus agiles, si tu veux vraiment fliquer tout le monde. Les pigeons, c’est l’idéal : ça passe complètement inaperçu, ça fait partie du paysage, comme…je sais pas, les poubelles, les crottes de chien…D’ailleurs, un jour, je t’en parlerai, des crottes de chien ! Mais revenons à nos pigeons…Alors…tu vois leur manège : ça rentre, ça sort. Il y a deux escouades. Ceux qui rentrent ne sont pas les mêmes que ceux qui ressortent, pour la simple et bonne raison que cette vieille baraque abandonnée, au toit défoncé, c’est en fait là qu’il y a les bornes de rechargement pour ces trucs. Hop, ceux qui rentrent se posent près de la prise et comme ton aspirateur robot, ils se rechargent la batterie. J’ai observé : ceux qui rentrent sont gris et ceux qui ressortent sont un peu moins gris ! Je te jure. Bon, le résultat, c’est qu’ensuite, toi, tu te poses tranquillement sur un banc dans le square, tu parles de tout et de rien avec ta copine et pendant ce temps-là, t’as des pigeons qui viennent picorer, l’air de rien sur la pelouse, à tes pieds. Et leurs yeux, c’est l’objectif de la caméra et le petit micro. J’ai cherché sur internet, la technologie peut faire des choses miniatures comme ça. L’intérêt ? Tu me demandes l’intérêt ? Mais quelle naïveté ! Tu ne vois pas dans quelle société on vit, ou quoi ? Tu n’as pas remarqué que quand tu parles…je sais pas…d’une paire de godasses que tu trouves sympa, hop, deux minutes après, tu as les pubs pour ces godasses partout sur internet, rien que pour toi ? Tu n’as pas l’impression d’être fliquée, poursuivie, espionnée ? Partout, tout le temps ? Et puis alors depuis le passe vaccinal et toutes leurs conneries de virus, de pandémie, de masques…c’est encore pire. C’est l'État qui est derrière tout ça, les États du monde entier. Il faut qu’ils contrôlent tout, qu’ils nous contrôlent. Tu rigoles, mais tu verras. Et puis les drônes pigeons, ils ont d’autres fonctions et en cas de problème, crois-moi, on fera pas le poids. Des fléchettes empoisonnées, ça peut te tuer en deux secondes et sans laisser de traces…Non, mais arrête de te marrer. L’autre jour, tu sais, on a trouvé ce vieux, dans le parc, tu sais, le Jacquot, oui, il passait sa vie sur les bancs, avec sa bière à la main. On l'a retrouvé étendu dans la pelouse, mort. Pas de doute pour moi : c’est un drône pigeon qui l’a rectifié. Je suis sûr que pour l’instant, ils en sont à la phase de tests, ils attendent de voir si on se rend compte de quelque chose ou pas, et ça va être un carnage ! Mais oui, mais bien sûr, il était vieux, le Jacquot, mais c’est pas une raison. Mais non, c’est pas “juste son coeur qui a lâché à force de boire”, ça faisait des années qu’il picolait, son coeur avait l’habitude. Non, j’en suis sûr : le parc, les pigeons, les pigeons tueurs. Tu as vu le film Soleil vert ? Un jour, crois-moi, des vieux comme le vieux Jacquot, on en retrouvera dans les raviolis…Allez, bon appétit !”

vendredi 8 avril 2022

Alors, tu vois...

 


“Alors tu vois, j’étais nue au milieu d’une salle remplie de cochons d’Inde. Mais ce n’était pas vraiment des cochons d’Inde. Moi, en fait, je savais que c’était des chirurgiens dentistes. En congrès, un truc comme ça. Mais je les voyais comme des cochons d’Inde. Bon. Avec des masques. Et moi, j’étais toute nue, plantée là, les mains vaguement sur mes nichons, vaguement sur mon sexe, essayant de planquer ce qu’il y a à planquer, mais sans grands espoirs. Et puis surtout, j’étais dans une grande salle qui ressemblait…je sais pas…à une usine désaffectée, tu sais. C’était plein de lumière, un grand soleil qui passait à travers les carreaux cassés…et c’est bien pour ça qu’en fait, moi, je savais que j’étais dans ma salle de bains. Tu sais ce que c’est, les rêves. Bon. Justement, j’étais dans ma salle de bains et tout à coup, j’étais une brosse à dents. Me demande pas comment, mais en tout cas, pour moi, rien de plus normal. Une brosse à dents géante. Et j’étais enceinte. Alors forcément, les cochons d’Inde commençaient à me bouffer les pieds et à pousser des petits cris très angoissants. C’est à ce moment-là que j’ai abandonné la position de repli, les bras croisés pour me planquer et que j’ai levé les bras au ciel. J’avais les poils de la brosse à dents qui frissonnaient et l’impression qu’on me grignotait vraiment les pieds, comme des fourmis dans les orteils. Et ça m’a réveillée. Mais pas tout à fait. Juste pour me rendre compte que j’avais réellement les bras en l’air et que j’essayais vraiment de m’exprimer en poussant des petits cris. Mais tu sais, dans un demi-sommeil, alors les petits cris me demandaient un effort surhumain, ça voulait pas sortir, c’était ridicule, ça faisait “hi, hi, hi”. Et Jérôme, à côté de moi, ça l’a réveillé. Mais complètement, lui…alors il m’a secouée un peu, en disant “oh, oh, tu te calmes…” Et ça m’a réveillée complètement aussi. C’est con, j’aurais bien voulu poursuivre ce rêve. Mais comme j’étais encore un peu dedans, dans le coltard, même, carrément, j’ai dit à Jérôme, tu vas rire, je suis enceinte. Il a pas ri.”

jeudi 7 avril 2022

Tu vois...

(début d'une série, peut-être...)



“Tu vois, tu pourrais dire des banalités, tu pourrais prendre ce verre entre tes doigts, délicatement, le faire tourner et dire ce qui a été dit mille fois sur le vin vermeille, le vin merveille, sur le vin rubis ou sur le sang de la terre…Tu pourrais te faire poète pourri, un peu ivre déjà, lyrique. Tu pourrais t’emporter. C’est bon pour faire rêver le visiteur de base d’un salon des vins, ça, c’est bon pour faire croire à l’ivrogne qu’il ne boit pas, mais qu’il déguste, qu’il goûte une part de culture et d’histoire, qu’il touche à l’exception. Mais non. Ce n’est pas ce que tu vas faire. Tu vas boire. Et tant pis si c’est une piquette, tant pis c’est dégueu. Tu vas boire pour être ivre. On ne va pas se mentir là-dessus. On s’en fout du vin et de ce que ça véhicule, la plupart du temps, les gens boivent pour se murger. Pour se purger, pour faire en sorte d’oublier la putain de vie qu’ils mènent. Le vin, c’est fait pour ça…Il faut être ivre, comme disait Baudelaire, toujours ivre. Pour ne pas sentir le monde, pour ne pas douter de Dieu, pour ne pas douter des hommes. As-tu remarqué comme tout le monde est plus sympa quand il a bu, tout le monde est plus beau, quand t’as bu. Alors ce soir, tu ne vas pas me la jouer esthète, connaisseur. En plus, tu n’y connais rien. En vrai, avec un bandeau sur les yeux, tu ne sais même pas faire la différence entre un rouge et un blanc. Alors même avec les yeux grands ouverts, crois-moi, tu ne feras pas de différence entre la Bourgogne et les Hautes-Côtes de Blaye. Non, et puis dans trois ou quatre verres, tu ne sentiras même plus ta bouche. Tu ne sentiras plus rien. Tu auras le feu aux joues, tu auras le rire aux larmes. Tu dormiras peut-être, parce qu’il y en a qui dorment, au bout de quatre ou cinq verres, mais tu ne sentiras plus rien. Plus d’arôme de violette, plus de longueur en bouche, plus de tanins puissants. Juste la soif de boire encore plus. Et alors tu ne penseras même plus au petit matin pas frais que tu te prépares. Oubliée la future gueule de bois. Tu diras “Ouh ! Là ! Je suis pompette.” et en fait, tu auras déjà trois grammes. C’est à ce moment-là qu'un copain un peu lucide devrait pouvoir prendre tes clés pour t’empêcher de rentrer en voiture. Mais ce n’est pas comme cela que ça se passera. Tu boiras encore. À un moment déjà tardif, tu diras “Y’a rien à manger ? Parce qu’il faut que je mette un peu de solide dans tout ce liquide…” et puis il n’y aura rien à manger. La soirée va s’emballer, les bouteilles vont s’enchaîner. Tout va se mettre à tourner et à tourner encore. “Y’a rien de plus fort ?” Si c’est pas toi qui le gueule, ce sera quelqu’un d’autre. Et on trouvera d’autres breuvages, des vrais activateurs d’estomac qui se retournent. Des Get 27, des Labell 5, des trucs tellement dégueulasses qu’on ne peut pas les boire à jeun. La vie est comme ça. On s’emballe. On croit qu’on est une exception. Et puis on se retrouve dans une soirée où on picole pour picoler. On se dit, il est déjà tard, on regarde sa montre et il n’est que 22h. On se dit qu’il y a erreur, qu’on ne peut pas avoir bu autant en si peu de temps et que si on s’écoutait, on dormirait. Mais on ne dort pas, on met la musique plus fort et on délire, on danse vaguement, on croit qu’on danse, mais en fait, on titube, on tombe dans les bras des filles qui nous repoussent, on est déjà un déchet, une épave, une loque. On n’a pas vu venir le coup. On croit qu’on est un homme et on avait fait des efforts pour cela, on avait mis une jolie chemise, repassée, on avait mis du parfum en sortant de la douche, on avait mis du gel, parce que c’était samedi. Mais on pue, maintenant. L’alcool empeste tout, pourri tout. Le foie et la sueur, l’haleine et les cheveux. Jusque dans ta montre, tu pues l’alcool. Et toi, tu ne t’en rends même pas compte. Ce soir, c’est ça qui va t’arriver. Et demain, si tu n’es pas mort, si ton coeur a tenu, si ton cerveau n’a pas failli, si ta voiture n’a pas fini dans un fossé, tu vomiras et tu te haïras. Mais pour l’instant, tu ne penses pas. Tu bois. Tu avales, tu savoures la brûlure du vin rouge dans ta gorge, tu lèves ton verre en braillant des hommages à la santé de tes copains ivrognes, tous voués comme toi à la cirrhose, à l’accident tragique de bagnole, à la déchéance et à la ruine. En plus, tu as de la chance si tu échappes aux drogues, au petit joint du milieu de la nuit, celui du moment où l’on se croit philosophe et où l’on décide de refaire le monde, celui où l’on pense que l’on a tout compris. Et après, il suffit qu’un clampin ait ramené un peu de coke pour qu’on se dise que tout ça est un peu mou et qu’on va relancer la soirée en se faisant une ligne. Il suffit de pas grand chose et alors on se sentira tout puissant et on voudra ouvrir les fenêtres, même s’il fait moins trois dehors, on aura chaud et on se sentira vivant, bon dieu. Tellement vivant qu’on se promettra qu’on recommencera.”

mercredi 6 avril 2022

Dimanche, on vote ?

Dimanche, on vote ! Si, je vous jure. Au début, je pensais que c’était une blague. 

On a déjà voté pour les présidentielles…il y a…si peu de temps. Juste le temps…d’une pandémie, d’une guerre, de 4 ou 5 rapports alarmistes du Giec…Bref, juste le temps de voir passer un avion rafale dans le ciel d’Ukraine, à peine le temps de vie d’un masque sur un nez qui coule, juste le temps d’attraper quelques rides au coin de
l’oeil. Mais pour qui voter ? Il me reste un peu de temps pour consulter les programmes et voir les bobines des impétrants sur les affiches, mais je n’ai pas reçu les professions de foi. C’est un peu juste, à 5 jours du scrutin. Pour un peu, on oublierait d’aller faire son devoir de citoyen. 

Alors voyons, de gauche à droite, les propositions qui nous sont faites. Non, ne voyons pas. Il n’y a rien à voir. 

On a la gauche révolutionnaire, avec les mêmes discours que dans les années 80, par le clone d’Arlette en moins souriante, on a Poutou qui s’en fout de tout et qui se sent obligé de mettre des tee-shirts pourris pour faire peuple, on a Roussel qui a une belle gueule de gendre idéal (je dis ça parce qu’il plaît à ma belle-mère qui est plutôt gaulliste d’habitude…on est en pleine perte de repères, je vous le dis) et puis on a Mélenchon qui parle doucement et qui cherche à se faire passer pour un gars sympa. On a Hidalgo aussi, de plus en plus livide à mesure que la campagne avance, à qui on promet un score pire que celui de Hamon la dernière fois, c’est dire si c’est bas. 

La gauche mise sur Mélenchon pour sauver les meubles, mais les huissiers sont à la porte et cette ultime campagne électorale ruinera ce qui reste du PS et des autres. Pourtant, moi aussi, je compte sur Mélenchon…C’est dire si mon moral est bas. 

A droite, ce n’est guère mieux. Il faut dire que Macron occupe le créneau et laisse bien peu de place à Pécresse. Pour exister, évidemment, elle fait du Ciotti, du Dupont-Aignan, du Le Pen, presque du Zemmour. Et ces quatre là se tiennent la main pour un monde plus blanc, pour un monde avec plus de police et moins de fonctionnaires, plus de caméras de vidéo surveillance et moins de services publics, plus de peines de prison et moins de culture, plus d’étrangers reconduits à la frontière et moins d’humanité. Sauf pour les Ukrainien, émotion oblige, et puis eux ont l’avantage d’être blanc et chrétien. 

Reste Lassalle. L’inclassable. Le typique. Le rigolo. Celui qui parle un dialecte chantant et dont on ne sait pas s’il est de droite ou de gauche. 

Reste Macron. L’inclassable. Le pas drôle. Le libéral mondialiste. Celui dont on ne sait pas s’il est de gauche ou de droite. Celui qui nous fera une retraite courte mais - espérons - heureuse, qui nous évitera la maison de retraite, puisque nous mourrons avant d’y aller, épuisé par le travail et par le manque de médecins dans les hôpitaux exsangues. Qu’il soit béni, le petit, de nous éviter Orphéa qui ne change pas les couches. 

Je ne sais pas si je ne préfère pas Lassalle. Il a un joli béret. 

Bon vote, les amis, bonne chance ! Ne vous inquiétez pas, de toute façon, le Giec dit que la planète n’en a plus que pour trois ans. Trois ans de Lassalle, c’est pile ce qu’on peut supporter en termes d’humour régional, non ? Rire avant de mourir, c’est le programme.