Mode chacal fatigué... |
L'hiver, c'est aussi quand on doit dépenser une énergie folle pour faire cours à des gremlins. C'est quand on se trompe de jour et d'heure et qu'on a tous ces petits symptômes de la fatigue : les boutons, la peau qui tire, les courbatures, le léger mais persistant mal de tête, qui est là en sous main, qui vous prend d'abord derrière la nuque puis qui se glisse à vos tempes.
C'est aussi cette envie de dormir aussitôt que l'effort de faire cours est terminé alors qu'il faut passer encore plus de temps à préparer des cours solides, encore plus solides que d'habitude, pour tenir.
Trois heures ce matin, dont deux ont été un effort terrible pour maintenir le calme, entre manque d'attention et tracasserie permanente entre élèves qui s'insultent, qui s'invectivent, qui s'envoient des "Staïve" dans la tête à longueur de temps.
Au début, j'étais comme toi, je ne savais pas ce que voulait dire "Staïve". Et puis j'ai compris, grâce à mes notions avancées de linguistique de rue, que cela signifiait "C'est ta ïve (verlan mixé à l'anglais life)"...C'est ta vie, en français. On l'envoie donc à chaque fois qu'un copain ouvre la bouche pour répondre à une question. Comme ça, en douce, parfois, nous, les professeurs, un peu sourds à cause de l'âge, on ne l'entend même pas. Mais c'est blessant, énervant. "On n'a rien à foutre de ce que tu racontes, c'est ta vie !".
Et les choses dérapent, forcément.
Bref. Quand on ne veut rien lâcher, on passe sa vie à faire des pauses, à punir, à prendre les carnets. Et cela n'a pas tellement d'effet. Mais on perd le fil du cours, on est moins performant, on se voit entrain de s'embourber, on sent son agacement monter, doucement...Un jour, sans doute, je perdrais vraiment mon sang froid. C'est le lot de tous les profs...Un accident est si vite arrivé !
CC