Étonnamment, mon cœur balance...
"J'ai eu tort je suis revenue dans cette ville au loin perdue où j'avais passé mon enfance..."
"J'ai quitté mon chêne, comme un saligaud, mon copain le chêne, mon alter ego..."
Partir, revenir...Fuir, échapper ou libérer les autres de sa présence...
C'est un des problèmes...
Je suis partie loin, parce que je voulais me protéger. Je le croyais. Je voulais vivre ma vie. Je sentais que le poids de la mémoire, du modèle était trop pesant pour moi.
Aujourd'hui, je me demande dans quelle mesure je ne suis pas partie pour protéger les autres, pour vivre à l'abri des regards et du qu'en dira-t-on. Pour protéger mon père.
Je ne suis plus sûre d'avoir fait ce choix pour moi. Même si je ne regrette rien et que je suis bien, ici ou là...On est toujours bien, où que l'on soit, si l'on est bien dans sa tête...Ma vie est là où est mon cœur. Mais revenir sur ses choix, les mesurer à l'aune du présent, se retourner sur ce qui a fait le chemin d'aujourd'hui, c'est une nécessité...
Retrouver la parole, cela va avec...Je chemine, entre les lieux et entre les gens...
Merci à ceux qui savent m'écouter, même si ma parole est chaotique et désordonnée...C'est que je n'avais pas l'habitude de parler...
CC
mardi 27 novembre 2012
lundi 26 novembre 2012
La vie commence aujourd'hui
Elle s’en va.
Elle quitte cette ville et ces lumières, ces trottoirs usés et ces passants indifférents.
Elle a pourtant été de ceux-là, flânant devant les boutiques et participant à l’expansion du domaine du grand capital. Elle a consommé plus que de raison, tout ce qui est consommable, tout ce qui est jetable, tout ce qui est à la mode un jour et qui ne l’est plus le lendemain. Mais aujourd’hui, elle a fait le choix de ne prendre qu’une petite valise.
Elle a dû choisir et jeter. Elle a dû trier et prioriser.
Prioriser. Ce mot moche était très utilisé dans la grande boîte qui l’employait. C’était la classe : elle a bossé comme simple assistante dans une des tours de la Défense, une des plus hautes, dans tous les sens du terme. Elle a profité du standing que ça impose...
Pourtant, sans avoir gagné au loto, elle a été heureuse de dire au revoir, président.
Elle a tout quitté.
Elle ne sait pas vraiment où ses pas la mènent. Vers une gare, n’importe laquelle, vers un train, peu importe lequel.
Elle montera dedans comme si elle montait enfin dans sa vie, après avoir longtemps marché à côté. Elle a suivi les conventions et les obligations, elle a servi de maître étalon : femme parfaite à tous égard, au foyer comme au lit, au bureau comme en famille.
La dernière fois qu’elle a dit non, c’était au printemps dernier :
« - Un sucre dans ton café ?
Non.»
Régime. La ligne à suivre. Mais elle tire un trait. Aujourd’hui, elle a décidé de ne plus aller droit : sa ligne de conduite sera courbe. Une véritable arabesque. Et elle s’y tiendra.
Gare de Lyon. Le sud lui tend donc les bras. La misère sera moins dure au soleil.
Car seule, femme, plus tout à fait jeune, presque sans qualification, c’est bien la misère qui l’attend.
Dans un coin de sa tête, évidemment, il y a Disney et ses ravages qui lui dictent des rêves prêts à porter : «Dans le train, il y aura un homme, grand, brun et poivre et sel, une sorte de Clooney, au bar du TGV...Il te proposera un café...Et quoi d’autre ? La grande aventure, tu vois, un prince charmant...»
Ils sont tenaces, ces rêves de gosses. Chewing-gum à la fraise de l’âme...Mais quand on se retrouve seule à cet âge, ce sont de bons compagnons, ces putains de contes de fées...
«Un aller simple pour Montpellier, s’il vous plait. Côté fenêtre et dans le sens de la marche.»
Surtout ne pas regarder en arrière.
Le guichetier s’en fout. Il essaie de lui vendre une place en première, une carte privilège, une location de voiture et une chambre d’hôtel. Mais la belle est rétive. Aller simple, en seconde. Voiture fumeur ? Non, madame, ça n’existe plus. Tant pis.
Premier jour du reste de sa vie.
13 mars 2010.
CC
PS. : ceci était un tag très sympa de Gaël. Merci à lui !
Elle quitte cette ville et ces lumières, ces trottoirs usés et ces passants indifférents.
Elle a pourtant été de ceux-là, flânant devant les boutiques et participant à l’expansion du domaine du grand capital. Elle a consommé plus que de raison, tout ce qui est consommable, tout ce qui est jetable, tout ce qui est à la mode un jour et qui ne l’est plus le lendemain. Mais aujourd’hui, elle a fait le choix de ne prendre qu’une petite valise.
Elle a dû choisir et jeter. Elle a dû trier et prioriser.
Prioriser. Ce mot moche était très utilisé dans la grande boîte qui l’employait. C’était la classe : elle a bossé comme simple assistante dans une des tours de la Défense, une des plus hautes, dans tous les sens du terme. Elle a profité du standing que ça impose...
Pourtant, sans avoir gagné au loto, elle a été heureuse de dire au revoir, président.
Elle a tout quitté.
Elle ne sait pas vraiment où ses pas la mènent. Vers une gare, n’importe laquelle, vers un train, peu importe lequel.
Elle montera dedans comme si elle montait enfin dans sa vie, après avoir longtemps marché à côté. Elle a suivi les conventions et les obligations, elle a servi de maître étalon : femme parfaite à tous égard, au foyer comme au lit, au bureau comme en famille.
La dernière fois qu’elle a dit non, c’était au printemps dernier :
« - Un sucre dans ton café ?
Non.»
Régime. La ligne à suivre. Mais elle tire un trait. Aujourd’hui, elle a décidé de ne plus aller droit : sa ligne de conduite sera courbe. Une véritable arabesque. Et elle s’y tiendra.
Gare de Lyon. Le sud lui tend donc les bras. La misère sera moins dure au soleil.
Car seule, femme, plus tout à fait jeune, presque sans qualification, c’est bien la misère qui l’attend.
Dans un coin de sa tête, évidemment, il y a Disney et ses ravages qui lui dictent des rêves prêts à porter : «Dans le train, il y aura un homme, grand, brun et poivre et sel, une sorte de Clooney, au bar du TGV...Il te proposera un café...Et quoi d’autre ? La grande aventure, tu vois, un prince charmant...»
Ils sont tenaces, ces rêves de gosses. Chewing-gum à la fraise de l’âme...Mais quand on se retrouve seule à cet âge, ce sont de bons compagnons, ces putains de contes de fées...
«Un aller simple pour Montpellier, s’il vous plait. Côté fenêtre et dans le sens de la marche.»
Surtout ne pas regarder en arrière.
Le guichetier s’en fout. Il essaie de lui vendre une place en première, une carte privilège, une location de voiture et une chambre d’hôtel. Mais la belle est rétive. Aller simple, en seconde. Voiture fumeur ? Non, madame, ça n’existe plus. Tant pis.
Premier jour du reste de sa vie.
13 mars 2010.
CC
PS. : ceci était un tag très sympa de Gaël. Merci à lui !
dimanche 25 novembre 2012
Louis XIV, le minitel et le mariage pour tous
En France, à force d'être en avance sur tout, on se retrouve à la traîne...Voilà comment on pourrait résumer cet article...
Intéressant de lire le point de vue d'un homme d'outre-Atlantique !
Mais que c'est dur d'avoir raison avant tout le monde, sans s'en apercevoir...
CC
Intéressant de lire le point de vue d'un homme d'outre-Atlantique !
Mais que c'est dur d'avoir raison avant tout le monde, sans s'en apercevoir...
CC
samedi 24 novembre 2012
Barbara
Outre le fait qu'elle est tout à fait mon type de femme, élégante, troublante, avec du caractère, Barbara a écrit des chansons que je connais presque toutes par coeur, qui me viennent souvent aux lèvres et qui rythment ma vie depuis longtemps...
Ce matin, c'est Nantes qui m'a tiré des larmes...
Mais heureusement, Les Amis de Monsieur m'ont fait sourire...
CC
Ce matin, c'est Nantes qui m'a tiré des larmes...
Mais heureusement, Les Amis de Monsieur m'ont fait sourire...
CC
jeudi 22 novembre 2012
Petit pédé
Dix ans. Je suis dans la cour de récré et Mourad vient de me balancer le ballon dans la tête en hurlant «Pédé !». Il ne sait pas vraiment ce que ça veut dire, c’est clair. Il a entendu son père hurler ça devant un match de foot.
Moi, pédé, je sais ce que ça veut dire. Mon père aussi crie ça devant la télé alors j’ai cherché dans le dictionnaire. Je n’ai pas trouvé pédé, mais pédéraste. J’ai compris à peu près que c’était les hommes qui aiment les hommes. J’ai bien compris que c’était sexuel, sinon, ça ne vaudrait pas le coup, ce ne serait pas une insulte.
Les autres garçons parlent beaucoup de sexe. Il y a eu la bd de Titeuf, Le Zizi sexuel...Il y a les photos de filles nues apportées par les pires élèves. Et puis il y a aussi ceux qui vont sur internet voir des vidéos...Je ne l’ai jamais fait, parce que mes parents surveillent. Mais en plus, ça ne me tente pas. Même les photos de filles...ça me dégoûte plutôt qu’autre chose.
Le problème, soudain, c’est que j’ai peur d’être pédé. Malgré la définition du dictionnaire, je n’ai pas bien compris en quoi ça pouvait être une insulte. Je ne comprends pas pourquoi, si on parle d’aimer, c’est mal. Mais il m’arrive d’apprécier le sport...pas parce que je suis particulièrement sportif, juste parce qu’on est proche des autres, parce qu’on se touche et qu’on prend les douches ensemble...
Je sais déjà que c’est mal et que ça me fera des problèmes. J’ai dix ans et je veux déjà me cacher. J’ai déjà peur de mon père et de mes copains. Je ne sais pas comment je vais faire et ça va finir par se voir.
A la télé, ils ont montré des manifestations dans lesquelles des gens disaient qu’ils étaient contre le mariage des homosexuels. Que c’était contre nature. Comment en parler, à dix ans ?
Je ne crois pas que je suis un extraterrestre. Mais d’autres en doutent encore.
CC
Moi, pédé, je sais ce que ça veut dire. Mon père aussi crie ça devant la télé alors j’ai cherché dans le dictionnaire. Je n’ai pas trouvé pédé, mais pédéraste. J’ai compris à peu près que c’était les hommes qui aiment les hommes. J’ai bien compris que c’était sexuel, sinon, ça ne vaudrait pas le coup, ce ne serait pas une insulte.
Les autres garçons parlent beaucoup de sexe. Il y a eu la bd de Titeuf, Le Zizi sexuel...Il y a les photos de filles nues apportées par les pires élèves. Et puis il y a aussi ceux qui vont sur internet voir des vidéos...Je ne l’ai jamais fait, parce que mes parents surveillent. Mais en plus, ça ne me tente pas. Même les photos de filles...ça me dégoûte plutôt qu’autre chose.
Le problème, soudain, c’est que j’ai peur d’être pédé. Malgré la définition du dictionnaire, je n’ai pas bien compris en quoi ça pouvait être une insulte. Je ne comprends pas pourquoi, si on parle d’aimer, c’est mal. Mais il m’arrive d’apprécier le sport...pas parce que je suis particulièrement sportif, juste parce qu’on est proche des autres, parce qu’on se touche et qu’on prend les douches ensemble...
Je sais déjà que c’est mal et que ça me fera des problèmes. J’ai dix ans et je veux déjà me cacher. J’ai déjà peur de mon père et de mes copains. Je ne sais pas comment je vais faire et ça va finir par se voir.
A la télé, ils ont montré des manifestations dans lesquelles des gens disaient qu’ils étaient contre le mariage des homosexuels. Que c’était contre nature. Comment en parler, à dix ans ?
Je ne crois pas que je suis un extraterrestre. Mais d’autres en doutent encore.
CC
mercredi 21 novembre 2012
Garçon manqué
Dix ans. J’avais les cheveux coupés courts et des culottes de garçon, pour pouvoir courir avec eux. La guerre était finie depuis trois ans et on avait encore des tickets de rationnement. On n’avait pas vraiment faim à la campagne. On gobait les œufs, on maraudait les pommes.
Les garçons, les filles, pour courir, l’été, c’était différent : j’étais un garçon, ça m’arrangeait. Je voulais profiter de l’odeur du foin coupé, des flaques dans lesquelles on pouvait sauter à pieds joints. Je voulais garder les vaches en attrapant des sauterelles, je voulais rouler depuis le haut de la colline jusqu’à m’en rendre saoule.
Je ne voulais pas porter de jupes. Comment sauter dans les tas de paille ? Comment ne pas craindre les bouses de vache ? Il fallait être un garçon. C’était impératif. Les filles restaient à la maison. Elles aidaient la mère à la cuisine et au jardin. Je voulais traire les vaches, c’était bien plus marrant.
Le soir, avant de dormir, je lisais des romans d’aventure. J’étais un chevalier. J’étais un naufragé sur une île. Je ne voulais pas être une fille. C’était impossible, quand on était une fille, de vivre sur un bateau de pirates. On nous jetait à l’eau, on nous donnait aux requins.
Le soir, avant de dormir, je séduisais la princesse et je l’embrassais dans le soleil couchant.
Ma mère me glissait des romans d’amour. Ma mère me choisissait de jolies jupes. Elle était attentive, mais elle savait bien que j’étais un garçon manqué. C’était une évidence. J’avais dix ans. Elle se disait, ce n’est pas grave. Elle joue, elle court les champs. Elle passe de bonnes vacances. En septembre, on rentrerait à Lyon, on retournerait à l’école. Elle va rentrer au lycée. Elle est douée, elle va faire de bonnes études et un garçon lui fera tourner la tête.
Elle se disait ça, elle le disait à mon père, aussi. Mon père s’en fichait. Il ne me regardait pas. Il ne savait pas ce que j’étais. Il voulait un garçon. J’étais un garçon, pourtant, mais il ne s’occupait pas de moi. Quand il saura, il voudra une fille, pourtant. C’était un militaire. Il sera en colère, quand il saura. Il ne comprendra pas.
Au lycée, ce serait pareil. Les filles, à l’école, on leur dit de rester sages, de réussir les rédactions et moi, ce que j’aimais, c’était les maths. L'arithmétique, la physique, la chimie. J’aimais compétition et j’aimais gagner. Si un garçon avait une meilleure note que moi, je lui faisais peur à la récré. Je le défiais aux billes et là, je gagnais. Ma mère m’avait dit que je rêvais. Elle m’avait dit que je serais obligée d’être avec les filles, d’être en robe, avec une blouse bleue ou rose, selon la semaine.
Rose souffrance...Je ne savais pas mettre de nom sur ce besoin d’être un garçon. Mais c’était ainsi...Et pourtant, il y avait des résistances, des oppositions, des brimades. On se moquait de moi. Mais la volonté est toujours plus forte. J’ai eu des moments difficiles...J’ai suivi ma voie, parce que je n’avais pas le choix.
Aujourd’hui, je sais que je ne suis pas une extraterrestre. Mais il y a toujours des gens qui en doutent.
Les garçons, les filles, pour courir, l’été, c’était différent : j’étais un garçon, ça m’arrangeait. Je voulais profiter de l’odeur du foin coupé, des flaques dans lesquelles on pouvait sauter à pieds joints. Je voulais garder les vaches en attrapant des sauterelles, je voulais rouler depuis le haut de la colline jusqu’à m’en rendre saoule.
Je ne voulais pas porter de jupes. Comment sauter dans les tas de paille ? Comment ne pas craindre les bouses de vache ? Il fallait être un garçon. C’était impératif. Les filles restaient à la maison. Elles aidaient la mère à la cuisine et au jardin. Je voulais traire les vaches, c’était bien plus marrant.
Le soir, avant de dormir, je lisais des romans d’aventure. J’étais un chevalier. J’étais un naufragé sur une île. Je ne voulais pas être une fille. C’était impossible, quand on était une fille, de vivre sur un bateau de pirates. On nous jetait à l’eau, on nous donnait aux requins.
Le soir, avant de dormir, je séduisais la princesse et je l’embrassais dans le soleil couchant.
Ma mère me glissait des romans d’amour. Ma mère me choisissait de jolies jupes. Elle était attentive, mais elle savait bien que j’étais un garçon manqué. C’était une évidence. J’avais dix ans. Elle se disait, ce n’est pas grave. Elle joue, elle court les champs. Elle passe de bonnes vacances. En septembre, on rentrerait à Lyon, on retournerait à l’école. Elle va rentrer au lycée. Elle est douée, elle va faire de bonnes études et un garçon lui fera tourner la tête.
Elle se disait ça, elle le disait à mon père, aussi. Mon père s’en fichait. Il ne me regardait pas. Il ne savait pas ce que j’étais. Il voulait un garçon. J’étais un garçon, pourtant, mais il ne s’occupait pas de moi. Quand il saura, il voudra une fille, pourtant. C’était un militaire. Il sera en colère, quand il saura. Il ne comprendra pas.
Au lycée, ce serait pareil. Les filles, à l’école, on leur dit de rester sages, de réussir les rédactions et moi, ce que j’aimais, c’était les maths. L'arithmétique, la physique, la chimie. J’aimais compétition et j’aimais gagner. Si un garçon avait une meilleure note que moi, je lui faisais peur à la récré. Je le défiais aux billes et là, je gagnais. Ma mère m’avait dit que je rêvais. Elle m’avait dit que je serais obligée d’être avec les filles, d’être en robe, avec une blouse bleue ou rose, selon la semaine.
Rose souffrance...Je ne savais pas mettre de nom sur ce besoin d’être un garçon. Mais c’était ainsi...Et pourtant, il y avait des résistances, des oppositions, des brimades. On se moquait de moi. Mais la volonté est toujours plus forte. J’ai eu des moments difficiles...J’ai suivi ma voie, parce que je n’avais pas le choix.
Aujourd’hui, je sais que je ne suis pas une extraterrestre. Mais il y a toujours des gens qui en doutent.
mardi 20 novembre 2012
Culpabilité, fierté, colère...
Il y a des soirs où rien ne va. Ou plutôt, il y a des soirs où tout se bouscule. J'aurais aimé parler de ma culpabilité. Mais en même temps, j'aurais voulu parler de ma fierté. J'aurais voulu évoquer ma colère, aussi. A plusieurs motifs, d'ailleurs.
Culpabilité.
Je vais bien. Oui, je dors mieux. Mon travail me passionne et occupe mon temps. Mes blogs occupent le reste, avec les amis, l'amour...Bref, la vie. Et puis, j'ai ma mère au téléphone. Je suis loin. Je ne sais pas l'aider.
Fierté.
Un élève que je n'ai plus depuis 3 ans, qui est maintenant en Terminale, m'écrit et me fait confiance, au point de me confier des choses importantes. Parfois, dans mon métier, on récolte ce qu'on a semé et c'est bon. Merci.
Colère.
Le président que j'ai choisi a eu une phrase fort maladroite et ça me chiffonne. (Mais cela, j'ai pu en parler...)
Nous avons des problèmes ridicules de hiérarchie au boulot qui nous empêchent de mettre en place un projet intéressant pour les élèves.
Je ne peux pas en dire plus. Mais voilà les sentiments qui se bagarrent en moi ce soir.
CC
Culpabilité.
Je vais bien. Oui, je dors mieux. Mon travail me passionne et occupe mon temps. Mes blogs occupent le reste, avec les amis, l'amour...Bref, la vie. Et puis, j'ai ma mère au téléphone. Je suis loin. Je ne sais pas l'aider.
Fierté.
Un élève que je n'ai plus depuis 3 ans, qui est maintenant en Terminale, m'écrit et me fait confiance, au point de me confier des choses importantes. Parfois, dans mon métier, on récolte ce qu'on a semé et c'est bon. Merci.
Colère.
Le président que j'ai choisi a eu une phrase fort maladroite et ça me chiffonne. (Mais cela, j'ai pu en parler...)
Nous avons des problèmes ridicules de hiérarchie au boulot qui nous empêchent de mettre en place un projet intéressant pour les élèves.
Je ne peux pas en dire plus. Mais voilà les sentiments qui se bagarrent en moi ce soir.
CC
lundi 19 novembre 2012
Vieilles histoires du temps jadis
Encore un texte ressorti de nulle part...Sans prétention...(c'était un texte de fiction, mais fortement inspiré par des histoires de famille...)
Souvent, mon grand-père me ressassait de vieilles histoires de famille qui ont maintenant plus d'un siècle. Je pense que les caractères se forgent de génération en génération, que les choses sont en nous, depuis toujours. En est-il de même pour le cancer ? Est-ce une maladie génétique ?
Pour le caractère, en tout cas, je sais d’où je viens. Une famille de travailleurs de la terre, d’acharnés au boulot qui firent tout pour se faire des jours meilleurs. Ou au moins pour faire des jours meilleurs à leurs enfants.
Ça, c’est du côté de mon père.
Du côté de ma mère, ces vieilles histoires d’un autre temps sont celles d’une famille déchue. Un vieil oncle fut capitaine dans la coloniale. Il avait fait l’Algérie, le Tonkin et l’Indochine. Il était revenu médaillé de la légion d’honneur, blessé de guerre, riche et syphilitique.
Le fait qu’il fut syphilitique m’avait marqué. La maladie, déjà marquait la famille de son sceau.
Revenu d’Indochine, où il avait abandonné une femme et un enfant, il avait fait construire une nouvelle maison, il l’avait meublée et avait repris en main les affaires de sa famille qui allaient en dépérissant depuis que ses membres s’étaient battus pour de sordides histoires d’héritage. On en était venu aux mains parce que la Louise, matriarche à la poigne de fer, n’avait rien donné aux filles. Alors depuis on ne s’aimait plus, on se cherchait des crasses, on se tirait dessus à coup de fusil. Et l’Oncle du bout du monde était venu pour réparer les querelles de gros sous : il en apportait pas mal et il en donnait à tout le monde pour qu’on en parle plus. Ses frères et sœurs étaient alors un peu ses valets et il jouait à merveille le rôle du seigneur. Sa blessure et sa maladie l’empêchaient de travailler trop et il donnait les ordres avec talent. Il s’occupait des affaires communales en dissident, pariant à chaque fois qu’il ne serait pas élu, faisant partie de la droite bien pensante, anti-dreyfusard, habitant une commune de paysans rouges et analphabètes. Des rustres…
Deux familles, deux histoires bien différentes, deux patrimoines à la fois historique et génétique. Des cancers, dans tout ça ? Pas à ma connaissance. Mais souvent, alors, on nommait vieillesse, usure du temps ou gâtisme, toutes les maladies que les gens développaient quand la soixantaine était passée.
La science a fait le progrès de nommer les choses. La désignation rend-elle plus simple la maladie pour ceux qui la vivent ? Je suis convaincu que oui : j’ai eu un autre voisin qui souffrait d’une maladie dont aucun médecin, ni aucun examen n’avait pu découvrir le pourquoi du comment…Ce voisin était résigné à vivre dans l’ignorance totale de l’avenir : était-il à l’article de la mort, cette maladie t
était-elle curable ou bien simplement psychologique ou au contraire, s’étendait-elle, pareille que le cancer, comme une pieuvre invincible ? C’est un enfer de ne pas savoir. Mais savoir et ne rien pouvoir faire est aussi difficile…
Parmi mes ancêtres, il n’y avait pas que des syphilitiques. Il y avait aussi un destin tragique. Un autre grand oncle, génie horloger, avait fabriqué une fabuleuse pendule, véritable œuvre d’art, présentant à chaque heure une figurine différente, une scène de la vie campagnarde, sortant tel le diable d’une boîte, en même temps que les tintements harmonieux des diverses cloches sonnant les moments de la journée…C’était une œuvre minutieuse, une œuvre de grande patience. C’était l’œuvre d’une vie, la passion d’une vie. Il ne pensait qu’à ça, il ne parlait que de ça, il ne voyait sa vie que par rapport aux heures sonnées régulièrement par son horloge géniale…Pour orner la caisse de ce petit bijou, il avait imaginé une scène de ménage sculptée qui éclatait perpétuellement au rythme des secondes…
Quand il eut parfait son invention, mon oncle, convaincu de son succès futur, s’en alla à la ville pour y exposer son enfant. C’est alors que toute la bassesse de l’être humain, à laquelle il avait échappé soigneusement alors qu’il confectionnait son invention, lui apparut, d’un seul coup.
Un escroc voulut bien entendu lui racheter son concept, pour une somme dérisoire et bien sûr sans aucun droit de regard sur le devenir de sa machine…
L’oncle revint chez lui furieux et brisa son engin à coup de massue…
Il tomba alors en dépression, vidé de tout ce qui faisait sa vie…
Ce drame, quand on me le raconta, provoqua un choc terrible…Le
travail bien fait, cet amour de la perfection détruit en si peu de
temps cela me semble le plus terrible des sacrifices.
J’avais ressenti exactement la même chose le jour où ma mère,
lorsque j’étais entrée en classe de sixième, m’avait soigneusement tracé
mon emploi du temps, de la façon la plus appliquée, remplie
d’un amour maternel sans borne, comme il se doit…Je l’avais regardé
faire avec une grande admiration. Le lendemain matin, notre professeur
principale nous apprenait un remaniement total de cet
emploi du temps…Le travail de ma maman était donc caduc. Je crois
même que j’en avais pleuré de rage.
Les deux événements n’ont pas grand chose de comparables, certes. Mais je les associe, car avec la distance, je me souviens qu’ils ont réveillé en moi le même sentiment d’injustice.
L’injustice que peut provoquer la mort est la même. Et je crois que je trouve là une motivation pour essayer de comprendre pourquoi le cancer frappe autant autour de moi.
26 mai 2007
CC
Souvent, mon grand-père me ressassait de vieilles histoires de famille qui ont maintenant plus d'un siècle. Je pense que les caractères se forgent de génération en génération, que les choses sont en nous, depuis toujours. En est-il de même pour le cancer ? Est-ce une maladie génétique ?
Pour le caractère, en tout cas, je sais d’où je viens. Une famille de travailleurs de la terre, d’acharnés au boulot qui firent tout pour se faire des jours meilleurs. Ou au moins pour faire des jours meilleurs à leurs enfants.
Ça, c’est du côté de mon père.
Du côté de ma mère, ces vieilles histoires d’un autre temps sont celles d’une famille déchue. Un vieil oncle fut capitaine dans la coloniale. Il avait fait l’Algérie, le Tonkin et l’Indochine. Il était revenu médaillé de la légion d’honneur, blessé de guerre, riche et syphilitique.
Le fait qu’il fut syphilitique m’avait marqué. La maladie, déjà marquait la famille de son sceau.
Revenu d’Indochine, où il avait abandonné une femme et un enfant, il avait fait construire une nouvelle maison, il l’avait meublée et avait repris en main les affaires de sa famille qui allaient en dépérissant depuis que ses membres s’étaient battus pour de sordides histoires d’héritage. On en était venu aux mains parce que la Louise, matriarche à la poigne de fer, n’avait rien donné aux filles. Alors depuis on ne s’aimait plus, on se cherchait des crasses, on se tirait dessus à coup de fusil. Et l’Oncle du bout du monde était venu pour réparer les querelles de gros sous : il en apportait pas mal et il en donnait à tout le monde pour qu’on en parle plus. Ses frères et sœurs étaient alors un peu ses valets et il jouait à merveille le rôle du seigneur. Sa blessure et sa maladie l’empêchaient de travailler trop et il donnait les ordres avec talent. Il s’occupait des affaires communales en dissident, pariant à chaque fois qu’il ne serait pas élu, faisant partie de la droite bien pensante, anti-dreyfusard, habitant une commune de paysans rouges et analphabètes. Des rustres…
Deux familles, deux histoires bien différentes, deux patrimoines à la fois historique et génétique. Des cancers, dans tout ça ? Pas à ma connaissance. Mais souvent, alors, on nommait vieillesse, usure du temps ou gâtisme, toutes les maladies que les gens développaient quand la soixantaine était passée.
La science a fait le progrès de nommer les choses. La désignation rend-elle plus simple la maladie pour ceux qui la vivent ? Je suis convaincu que oui : j’ai eu un autre voisin qui souffrait d’une maladie dont aucun médecin, ni aucun examen n’avait pu découvrir le pourquoi du comment…Ce voisin était résigné à vivre dans l’ignorance totale de l’avenir : était-il à l’article de la mort, cette maladie t
était-elle curable ou bien simplement psychologique ou au contraire, s’étendait-elle, pareille que le cancer, comme une pieuvre invincible ? C’est un enfer de ne pas savoir. Mais savoir et ne rien pouvoir faire est aussi difficile…
Parmi mes ancêtres, il n’y avait pas que des syphilitiques. Il y avait aussi un destin tragique. Un autre grand oncle, génie horloger, avait fabriqué une fabuleuse pendule, véritable œuvre d’art, présentant à chaque heure une figurine différente, une scène de la vie campagnarde, sortant tel le diable d’une boîte, en même temps que les tintements harmonieux des diverses cloches sonnant les moments de la journée…C’était une œuvre minutieuse, une œuvre de grande patience. C’était l’œuvre d’une vie, la passion d’une vie. Il ne pensait qu’à ça, il ne parlait que de ça, il ne voyait sa vie que par rapport aux heures sonnées régulièrement par son horloge géniale…Pour orner la caisse de ce petit bijou, il avait imaginé une scène de ménage sculptée qui éclatait perpétuellement au rythme des secondes…
Quand il eut parfait son invention, mon oncle, convaincu de son succès futur, s’en alla à la ville pour y exposer son enfant. C’est alors que toute la bassesse de l’être humain, à laquelle il avait échappé soigneusement alors qu’il confectionnait son invention, lui apparut, d’un seul coup.
Un escroc voulut bien entendu lui racheter son concept, pour une somme dérisoire et bien sûr sans aucun droit de regard sur le devenir de sa machine…
L’oncle revint chez lui furieux et brisa son engin à coup de massue…
Il tomba alors en dépression, vidé de tout ce qui faisait sa vie…
Il se suicida à 34 ans.
Les deux événements n’ont pas grand chose de comparables, certes. Mais je les associe, car avec la distance, je me souviens qu’ils ont réveillé en moi le même sentiment d’injustice.
L’injustice que peut provoquer la mort est la même. Et je crois que je trouve là une motivation pour essayer de comprendre pourquoi le cancer frappe autant autour de moi.
26 mai 2007
CC
dimanche 18 novembre 2012
Journée de haine
C'est une journée bien pénible, aujourd'hui, pour ceux qui sont homosexuels.
C'est une journée où la haine s'est étalée partout, sur twitter, sur facebook, dans la presse.
C'est une journée où il faut sortir de chez soi, rencontrer des gens, parler et rire avec des personnes qu'on aime.
Il ne faut pas rester tout seul face à cette haine.
Il faut se souvenir que les religions enseignent l'amour de son prochain et que ceux qui sont dans la rue se trompent.
Il faut se souvenir que Jésus avait deux papas et une maman qui fut une mère porteuse.
Il faut se rappeler qu'il n'y a pas si longtemps, on rejetait les femmes adultères, les filles-mères. Il faut se souvenir qu'il y a encore des pays où l'on lapide encore ces femmes.
Je ne parle même pas de l'égalité des droits, là. Je parle de la haine qu'on nomme "homophobie". Je ne sais pas si ces gens, ces militants cathos extrémistes de Civitas, ont peur.
Je sais qu'ils sont haineux. Et je vis cette journée comme rouée de coups.
CC
C'est une journée où la haine s'est étalée partout, sur twitter, sur facebook, dans la presse.
C'est une journée où il faut sortir de chez soi, rencontrer des gens, parler et rire avec des personnes qu'on aime.
Il ne faut pas rester tout seul face à cette haine.
Il faut se souvenir que les religions enseignent l'amour de son prochain et que ceux qui sont dans la rue se trompent.
Il faut se souvenir que Jésus avait deux papas et une maman qui fut une mère porteuse.
Il faut se rappeler qu'il n'y a pas si longtemps, on rejetait les femmes adultères, les filles-mères. Il faut se souvenir qu'il y a encore des pays où l'on lapide encore ces femmes.
Je ne parle même pas de l'égalité des droits, là. Je parle de la haine qu'on nomme "homophobie". Je ne sais pas si ces gens, ces militants cathos extrémistes de Civitas, ont peur.
Je sais qu'ils sont haineux. Et je vis cette journée comme rouée de coups.
CC
samedi 17 novembre 2012
Trouble et transgression vs mariage pour tous ?
Tout est permis, nous sommes en démocratie et il y a donc des homos qui sont contre le mariage pour les personnes du même sexe. Il y a aussi beaucoup de gens qui se disent "gay friendly" qui sont contre l'égalité des droits pour les homos.
Pour moi, c'est étrange. L'argument développé, c'est que les homosexuels sont des gens subversifs, sulfureux, créatifs, révolutionnaires et que le modèle petit bourgeois n'est pas pour eux. J'ai même lu cela, sous la plume d'un Renaud Camus très lyrique :
C'est une vision de l'homosexualité qui m'est étrangère, mais que je peux comprendre : quand on tombe amoureux, on est troublé, on est souvent happé par un sentiment de transgression. Mais est-ce réservé à l'amour homosexuel ? Frédéric Moreau est pris par ces sentiments pour Mme Arnoux, tout autant qu'Aragon pour Aurélien. Cela n'a rien à voir avec l'orientation sexuelle.
Et surtout, cela n'a rien à voir avec l'amour qui dure, qui s'installe, qui se construit, dans la tendresse du quotidien et des rêves partagés et réalisés ensemble. La romance et la passion sont de bien belles choses, mais il se peut aussi que l'on décide de vieillir ensemble. L'égalité des droits devient alors nécessaire, pour la transmission d'un patrimoine commun, par exemple, pour ne pas se retrouver à la rue, jeté d'une maison que l'on aurait pourtant payée aussi, pour des choses bassement matérielles, bien sûr, mais on parle là de vie réelle, pas d'art et de romance.
Je sais qu'une blague lesbienne fameuse dit que ce qu'une lesbienne apporte lors d'un deuxième rendez-vous amoureux, c'est un camion de déménagement, et je suppose qu'il s'agit d'une différence fondamentale entre les gays et les lesbiennes...Du moins, certains gays...
Derrière cela, il y a beaucoup de choses : le trouble et la transgression de l'interdit est pis qu'un alcool fort en amour. C'est grisant. Mais pour l'entretenir, il faut maintenir l'interdit. Il faut donc que les sentiments de peur et de honte soient un peu présents. Il faut que le placard reste fermé...Et il faut renouveler les expériences, les multiplier, pour qu'aucune habitude s'installe...
A mon sens, cela va aussi avec de la souffrance. Et il est évident que pour la création, c'est un terrain fertile. Je peux le comprendre. Mais j'aspire au bonheur, pourtant. Je ne dis pas que je n'ai pas connu tout cela durant l'adolescence et j'avoue même que je me suis complu dans ces sentiments troubles. Mais je ne crois pas que cela puisse durer toute la vie...
Je ne sais pas si ce que je raconte est bien compréhensible...Désolée...
CC
Pour moi, c'est étrange. L'argument développé, c'est que les homosexuels sont des gens subversifs, sulfureux, créatifs, révolutionnaires et que le modèle petit bourgeois n'est pas pour eux. J'ai même lu cela, sous la plume d'un Renaud Camus très lyrique :
"Le parti de l’In-nocence a trop de considération pour toutes les expressions in-nocentes du désir et de l’attachement au monde sensible ; il éprouve trop de respect pour l’amour des hommes entre eux, des femmes entre elles ; il est trop conscient de la grandeur, de la poésie, du souffle de liberté et de défi qui ont été attachés à travers les siècles à ces passions-là, constamment traduites malgré la répression et la tragédie en de grandes œuvres et de grands bonheur ;"
C'est une vision de l'homosexualité qui m'est étrangère, mais que je peux comprendre : quand on tombe amoureux, on est troublé, on est souvent happé par un sentiment de transgression. Mais est-ce réservé à l'amour homosexuel ? Frédéric Moreau est pris par ces sentiments pour Mme Arnoux, tout autant qu'Aragon pour Aurélien. Cela n'a rien à voir avec l'orientation sexuelle.
Et surtout, cela n'a rien à voir avec l'amour qui dure, qui s'installe, qui se construit, dans la tendresse du quotidien et des rêves partagés et réalisés ensemble. La romance et la passion sont de bien belles choses, mais il se peut aussi que l'on décide de vieillir ensemble. L'égalité des droits devient alors nécessaire, pour la transmission d'un patrimoine commun, par exemple, pour ne pas se retrouver à la rue, jeté d'une maison que l'on aurait pourtant payée aussi, pour des choses bassement matérielles, bien sûr, mais on parle là de vie réelle, pas d'art et de romance.
Je sais qu'une blague lesbienne fameuse dit que ce qu'une lesbienne apporte lors d'un deuxième rendez-vous amoureux, c'est un camion de déménagement, et je suppose qu'il s'agit d'une différence fondamentale entre les gays et les lesbiennes...Du moins, certains gays...
Derrière cela, il y a beaucoup de choses : le trouble et la transgression de l'interdit est pis qu'un alcool fort en amour. C'est grisant. Mais pour l'entretenir, il faut maintenir l'interdit. Il faut donc que les sentiments de peur et de honte soient un peu présents. Il faut que le placard reste fermé...Et il faut renouveler les expériences, les multiplier, pour qu'aucune habitude s'installe...
A mon sens, cela va aussi avec de la souffrance. Et il est évident que pour la création, c'est un terrain fertile. Je peux le comprendre. Mais j'aspire au bonheur, pourtant. Je ne dis pas que je n'ai pas connu tout cela durant l'adolescence et j'avoue même que je me suis complu dans ces sentiments troubles. Mais je ne crois pas que cela puisse durer toute la vie...
Je ne sais pas si ce que je raconte est bien compréhensible...Désolée...
CC
mercredi 14 novembre 2012
Comment vieillirons-nous ?
C'est un film qui sortira bientôt, qui était à Cannes le printemps dernier et qui me paraît fascinant.
Les Invisibles. Le titre, déjà m'interpelle, parce que justement, je me pose en ce moment des questions sur la visibilité...Enfin...vous savez.
Je n'ai vu que la bande annonce et deux extraits.
Je me suis retrouvée, particulièrement, dans celui-ci.
CC
Les Invisibles. Le titre, déjà m'interpelle, parce que justement, je me pose en ce moment des questions sur la visibilité...Enfin...vous savez.
Je n'ai vu que la bande annonce et deux extraits.
Je me suis retrouvée, particulièrement, dans celui-ci.
CC
mardi 13 novembre 2012
lundi 12 novembre 2012
To be or not to be une lesbienne à la gay pride ?
Quel est le meilleur moyen de défendre les droits des personnes homosexuelles ?
C'est un peu la question que je me posais il y a quelques temps sur ce blog. Ma question n'était pas très claire et ma réponse un peu alambiquée.
Pour schématiser, je me demandais s'il fallait que je sois plus "visible", que je me transforme en camionneuse pour coller à l'image qu'on attend de moi, ou s'il fallait que je participe à la gay pride déguisée en...en je ne sais quoi d'ailleurs. Je ne suis pas vraiment "communautariste". Je vis en province et pas dans le Marais.
Coller à l'image qu'on attend de moi, pour peu que l'on sache que je suis homosexuelle, voilà une idée étrange. Mais il m'est arrivé de surprendre, lors d'une première rencontre de blogueur, parce que les gens n'attendaient pas à me voir ainsi...Le blogueur en question se reconnaîtra : la discussion fut intéressante et je crois que j'ai réussi à changer des idées reçues sur le sujet en étant moi-même, mieux qu'en étant ce qu'on attendait de moi...
Mais il n'empêche que l'idée de modèle identifiable reste une bonne idée : j'ai expliqué que si j'avais réussi, à l'adolescence, à assumer ma sexualité, c'était aussi grâce à certains de ces modèles clairement reconnaissables. Encore fallait-il que ces modèles soient positifs, bien sûr : alors au delà du look, il faut aussi une réussite sociale, être bien intégré, vivre "normalement". En fait, l'idée de norme est au cœur de ces interrogations.
D'ailleurs, lorsque nous sommes en plein cœur de ce débat pénible sur le mariage pour les personnes de même sexe, je trouve qu'il est intéressant de s'interroger sur la norme. Aujourd'hui, le texte de Virginie Despentes m'interpelle : elle répond avec beaucoup de violence à cette autre violence qui consiste à ne pas nous considérer tout à fait comme des êtres humains, en nous refusant les mêmes droits que les autres. C'est une autre manière de militer. Le rapport à la norme est toujours une question de point de vue et le point de vue qui s'exprime à travers ceux qui s'opposent au mariage pour tous, c'est la voix de l'homme. Dans le débat, les gays ne peuvent pas être considérés comme des hommes normaux et les lesbiennes n'existent presque pas, sauf quand on parle des enfants, de l'adoption et de la PMA. On réduit une fois de plus les hommes et les femmes aux rôles qu'on attend d'eux.
Je crois aussi que le lesbianisme, pour revenir à ce sujet précis, est aussi un féminisme. Et que ce que nous mettons en question, fortement et avec impudeur, c'est la femme, sa place, sa sexualité, son rôle dans la société. Ce sont encore des sujets tabous. C'est un des nœuds du problème.
Je parlais il y a peu avec un oncle que j'aime beaucoup et qui est un soutien, dans la période difficile que je vis. Il a compris, avec beaucoup de finesse et de psychologie, la corde raide sur laquelle on avance : il faut vivre sa vie, s'épanouir, être heureux et équilibré, autant que possible, pour soi, mais aussi pour ceux qui nous aiment. Mais il faut aussi juger de ce qui est utile à dire et à faire en fonction de ceux qui nous aiment, aussi : est-il vraiment nécessaire de choquer des grands-parents qui ne sont pas prêts à accepter cela ? Est-il nécessaire d'imposer son mode de vie à des gens qui ne pourraient pas le comprendre et qui s'en trouverait mal à l'aise ? Il faut savoir jongler entre tout cela avec subtilité, au quotidien et c'est un exercice difficile. Et puis est-on toujours sûr de la réaction de ceux à qui on craint de le dire ? Comment savoir ? Comment n'avoir point de regrets, ensuite ?
Beaucoup de questions, pour une réponse, n'est-ce pas, Annabel ?
CC
C'est un peu la question que je me posais il y a quelques temps sur ce blog. Ma question n'était pas très claire et ma réponse un peu alambiquée.
Pour schématiser, je me demandais s'il fallait que je sois plus "visible", que je me transforme en camionneuse pour coller à l'image qu'on attend de moi, ou s'il fallait que je participe à la gay pride déguisée en...en je ne sais quoi d'ailleurs. Je ne suis pas vraiment "communautariste". Je vis en province et pas dans le Marais.
Coller à l'image qu'on attend de moi, pour peu que l'on sache que je suis homosexuelle, voilà une idée étrange. Mais il m'est arrivé de surprendre, lors d'une première rencontre de blogueur, parce que les gens n'attendaient pas à me voir ainsi...Le blogueur en question se reconnaîtra : la discussion fut intéressante et je crois que j'ai réussi à changer des idées reçues sur le sujet en étant moi-même, mieux qu'en étant ce qu'on attendait de moi...
Mais il n'empêche que l'idée de modèle identifiable reste une bonne idée : j'ai expliqué que si j'avais réussi, à l'adolescence, à assumer ma sexualité, c'était aussi grâce à certains de ces modèles clairement reconnaissables. Encore fallait-il que ces modèles soient positifs, bien sûr : alors au delà du look, il faut aussi une réussite sociale, être bien intégré, vivre "normalement". En fait, l'idée de norme est au cœur de ces interrogations.
D'ailleurs, lorsque nous sommes en plein cœur de ce débat pénible sur le mariage pour les personnes de même sexe, je trouve qu'il est intéressant de s'interroger sur la norme. Aujourd'hui, le texte de Virginie Despentes m'interpelle : elle répond avec beaucoup de violence à cette autre violence qui consiste à ne pas nous considérer tout à fait comme des êtres humains, en nous refusant les mêmes droits que les autres. C'est une autre manière de militer. Le rapport à la norme est toujours une question de point de vue et le point de vue qui s'exprime à travers ceux qui s'opposent au mariage pour tous, c'est la voix de l'homme. Dans le débat, les gays ne peuvent pas être considérés comme des hommes normaux et les lesbiennes n'existent presque pas, sauf quand on parle des enfants, de l'adoption et de la PMA. On réduit une fois de plus les hommes et les femmes aux rôles qu'on attend d'eux.
Je crois aussi que le lesbianisme, pour revenir à ce sujet précis, est aussi un féminisme. Et que ce que nous mettons en question, fortement et avec impudeur, c'est la femme, sa place, sa sexualité, son rôle dans la société. Ce sont encore des sujets tabous. C'est un des nœuds du problème.
Je parlais il y a peu avec un oncle que j'aime beaucoup et qui est un soutien, dans la période difficile que je vis. Il a compris, avec beaucoup de finesse et de psychologie, la corde raide sur laquelle on avance : il faut vivre sa vie, s'épanouir, être heureux et équilibré, autant que possible, pour soi, mais aussi pour ceux qui nous aiment. Mais il faut aussi juger de ce qui est utile à dire et à faire en fonction de ceux qui nous aiment, aussi : est-il vraiment nécessaire de choquer des grands-parents qui ne sont pas prêts à accepter cela ? Est-il nécessaire d'imposer son mode de vie à des gens qui ne pourraient pas le comprendre et qui s'en trouverait mal à l'aise ? Il faut savoir jongler entre tout cela avec subtilité, au quotidien et c'est un exercice difficile. Et puis est-on toujours sûr de la réaction de ceux à qui on craint de le dire ? Comment savoir ? Comment n'avoir point de regrets, ensuite ?
Beaucoup de questions, pour une réponse, n'est-ce pas, Annabel ?
CC
samedi 10 novembre 2012
Elle s'appelle mademoiselle
{Un vieux texte...juste comme ça, sans prétention...}
Elle a tout d’une vieille fille du temps de mon arrière-grand-mère.
Elle est austère, sèche, vêtue de noir. Les enfants se moquent d’elle et
pourtant, elle reste impassible. Elle a vécu.
Moi, je la rencontre sur le palier ou dans l’ascenseur. Elle est
craintive. Je suis jeune, alors elle a peur de moi. C’est souvent le
cas, avec les personnes âgées. Je suis polie, pourtant, je
dis bonjour et je souris. J’ai le contact facile, on me le dit
souvent. Mais elle me résiste et ça m’intrigue. Ça m’inquiète, ça me
fascine. L’histoire des gens transparaît souvent entre les
non-dits. J’aime à m’imaginer la jeunesse et la pauvre vie des gens.
On voit bien plus de choses à travers une fenêtre fermée, comme disait
Baudelaire…
J’essayais parfois de l’imaginer jeune et belle, dans ses folles
années cinquante. Les robes évasées devaient bien lui aller…Elle était
brune, probablement, vu la blancheur immaculée de ses
cheveux de vieillard. Elle avait les traits précis, le visage
harmonieux et de grands yeux bruns avec de longs cils. Elle est toujours
belle. Elle vieillit comme un arbre. Elle s’est ridée, mais
elle a du caractère, un regard fier et fort. Ses mains sont
volontaires, ses gestes affirmés, elle n’hésite pas, ne tremble pas.
Comment peut-on imaginer qu’une si belle femme n’ait jamais séduit
d’homme. Elle s’appelle Mademoiselle. Qu’elle se retrouve seule, sans
enfant, sans soutien, à son âge, ça me laisse perplexe.
L’autre jour, je manquais de sel ou de sucre, je ne sais plus. J’ai
osé sonner chez elle. D’habitude, je sonne chez la mère de famille du
dessous ou alors je file à l’épicerie. D’habitude, je ne
prends pas vraiment de risque. Là, en fait, je ne sais même plus si
je manquais vraiment de quelque chose, à part d’une curiosité satisfaite.
Je suis rentrée chez elle. Ça ne sentait pas vraiment le vieux, la
poussière ou la lavande. C’était lumineux, aéré, le mobilier était
simple, intemporel. On se fait des idées sur les gens. Je
voulais croire qu’elle était vieille, raciste, conne, aigrie. Dans
le fond, ça collait à l’image que je voulais voir. Je me disais :
« C’est juste une vieille bigote fasciste qui va
vite voter Le Pen et qui sert son sac à main contre elle dès
qu’elle rencontre un jeune un peu bronzé… »
Ce soir-là, j’ai demandé mon sel ou mon sucre, je ne sais plus…Mais
j’ai trouvé une réponse, aussi. Pas sur la vie de cette femme, mais sur
moi-même.
Je suis bourrée de préjugés à la con.
N’empêche que cette première porte ouverte a permis de faire connaissance.
Quelques jours plus tard, c’était au tour de Mademoiselle de venir sonner à notre porte.
Je n’ai pas encore parlé de nous. Nous sommes deux filles et nous
vivons ensemble. Nous sommes encore suffisamment jeunes pour nous faire
passer pour des étudiantes en collocation. Aux voisins
indiscrets, nous disons toujours : « Il faudra que je demande à ma
colocataire. » C’est pratique, même si dans le fond, ça ne doit pas
tromper grand monde. Nous sommes lesbiennes,
voilà tout.
Nous sommes pacsées, même et nous nous aimons. Simplement, nous
tenons à notre tranquillité et nous nous faisons discrètes. Le monde qui
nous entoure n’est pas tendre. En banlieue, les gamins
nous jetteraient bien des pierres et nous pourrions bien avoir les
pneus de nos voitures crevés, si nous nous affichions officiellement
comme goudous.
En général, quand on sonne à la porte, mon amie se réfugie dans la
deuxième chambre qui nous sert de bureau. Pas question qu’on nous voit
ensemble chez nous.
Pourtant quand Mademoiselle a sonné, c’est ma compagne qui est allé
ouvrir. Et je suis restée là. Elle est entrée, elle n’a rien dit,
d’abord, elle a juste porté un long regard circulaire sur
l’appartement, elle nous a observées, ensuite, l’une après l’autre,
avec une relative bienveillance, avec le regard doux et malicieux d’une
grand-mère qui en sait long.
Elle était élégante, là, dans l’entrée de notre appart. Nous n’en menions pas large, plantées devant elle.
Elle prit enfin la parole :
« - Excusez-moi, je vous dérange à une heure un peu tardive. Mais
vous rentrez tard et je voulais absolument vous rendre visite. Je
voulais vous voir toutes les deux. »
Nous avons échangé un regard un peu inquiet. Nous avions souvent
parlé de cette impression étrange que cette demoiselle nous faisait. Le
fait que nous l’imaginions intolérante, aigrie, grenouille
de bénitier, ne nous inspirait pas vraiment confiance. Elle referma
la porte derrière elle et nous eûmes soudain l’impression d’être prises
au piège dans notre propre maison.
Avec un sourire incertain, je lui demandai si elle allait bien, je l’invitai à rentrer, à se mettre à l’aise.
Elle me rétorqua avec beaucoup d’esprit :
« - Ne faites donc pas tant de chichis ! Je ne suis pas une vieille
théière en porcelaine, vous pouvez me parler normalement. Vous êtes
marrants, vous les jeunes. Vous pensez que les
vieux, c’est comme les enfants, vous pensez qu’il faut nous
protéger, nous parler en articulant exagérément et prendre des
pincettes…Mais on a été jeunes, aussi, bon dieu ! »
Le ton était donné. Elle rentra, s’assit dans la cuisine, posa sa
veste sur la chaise et déclara qu’elle aurait bien pris un petit apéro.
C’était une vieille grincheuse, et voilà qu’on avait
Madame Sans Gêne ! Mais on commençait à bien apprécier !
Pendant que mon amie sortait des verres et que je cherchais ce qu’on
pouvait bien lui proposer, elle commença son interrogatoire.
« - Alors comme ça, vous êtes étudiantes ? C’est ce qui se dit dans
l’immeuble. Mais vous avez quel âge ? On étudie de plus en plus
longtemps de nos jours. Et du coup, on oublie de
vivre, j’ai bien l’impression. »
Les questions n’appelaient pas de réponses. A peine avions-nous le
temps de bredouiller des « Euh…oui… ! Euh… » stupéfaits, alors que nous
farfouillions dans nos placards, qu’elle
enchaînait :
« - Parce qu’il ne faudrait pas oublier de vivre, quand même. La
collocation, c’est une solution, forcément, pour le loyer, c’est moins
cher, je comprends bien. Avec le coût de la vie
actuellement, hein, on est tous pareil. Moi, je ne fais plus mes
courses dans le quartier. Je prends le bus, je vais au truc discount,
là, comme ils appellent ça…On n’avait pas ça de notre
temps… »
C’était une logorrhée. Rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Comme si,
seule chez elle, habituellement, elle avait retenu ses mots pendant des
années et qu’elle les livrait là, tous, d’un coup.
Ou alors, elle voulait nous dire quelque chose. Elle tournait autour du pot.
On avait enfin débouché une bouteille de Bordeaux, on était enfin
assises en face de cette femme qui nous paraissait de moins en moins
vieille. Sa voix était belle. Elle nous semblait de moins en
moins fragile, ses yeux brillaient. Elle nous racontait un peu sa
vie, elle nous dit qu’elle avait travaillé très jeune, qu’elle avait eu
une jolie vie, même si rester célibataire, à son époque,
ça n’était pas bien vu.
Elle nous posa enfin quelques questions qui attendaient des
réponses : ce qu’on voulait faire, comme métier, ce qu’on envisageait
comme vie. Est-ce qu’on avait des amoureux ? Elle en
savait plus long sur nous qu’elle n’en disait. C’était évident.
Ses yeux étaient perçants et ironiques quand elle nous demanda si on avait des amoureux.
Un blanc s’installa. Quelques secondes, à peine. On se regardait un
peu par en dessous, un sourire un peu idiot sur les lèvres. On la
regarda dans les yeux, très franchement.
« - Un amoureux ? Non, déclarai-je.
- Ça ne nous intéresse pas vraiment, en fait, ajouta mon amour…
- Ah ! Je vois, dit la demoiselle. Vous et les garçons, ça fait
deux, c’est ça ? Ne me dites pas que vous voulez rentrer dans les
ordres, ce n’est pas votre genre ! »
On était gênées, quand même. Elle avait beau avoir l’air sympa,
ouverte, pétillante, elle était âgée et dans le fond, on ne savait pas
où elle voulait en venir. Faire un coming-out, comme ça, au
milieu de notre cuisine, avec une voisine qu’on ne connaissait
presque pas, cela ne nous semblait pas si naturel.
C’est elle qui brisa le silence.
« - C’est pourtant plus facile à votre époque qu’à la mienne, bon
sang ! Je n’ai que ça à faire de ma vie, il faut dire : observer les
gens de l’immeuble, c’est ma passion !
Alors vous, je vous ai repérées tout de suite. Vous savez ce que
c’est, c’est comme un radar. Et puis vous vous aimez, ça se voit. Vous
respirez l’amour ! Vous avez beau faire comme si vous
étiez juste amies, vos gestes, vos attentions l’une envers l’autre
vous trahissent aux yeux de quelqu’un d’attentif… Je vous vois
inquiètes : il n’y a pas de raison, personne n’est vraiment
attentif, de nos jours. A part une vieille folle comme moi. »
On était scotchées, médusées, sans voix. Complètement stupides.
Elle se leva, remit sa veste, lentement, reprit son verre et aspira
la dernière goutte de vin rouge, avec des yeux gourmands.
« - Je suis une vraie bavarde, mais il faut que je vous laisse. Je
sais bien que vous travaillez. Vous partez tôt le matin, pas comme ces
étudiants qui ne font pas grand-chose ! Allez,
sans rancune. Vous savez bien que je ne parle à personne, dans
l’immeuble. Je ne vais pas aller raconter votre vie à tout le monde…Et
puis, merci pour le verre ! Ce Bordeaux est
délicieux ! »
On avait retrouvé le sourire. On la remercia d’être passée nous
voir, on lui assura que notre porte lui était ouverte, qu’elle pouvait
passer quand elle voulait, qu’elle ne nous dérangerait
jamais.
Après ces banalités d’usage, elle nous fit la bise et en nous
regarda avec gravité. Elle repoussa la porte qu’on avait déjà ouverte
pour ajouter ces mots que je n’ai jamais oubliés :
« - Vivez votre vie. Sans entrave. Ne laissez pas les autres vous
dicter vos valeurs. Ne faites pas les mêmes erreurs que moi. J’ai laissé
filer mes belles années, j’ai laissé filer mes
amours. Je suis maintenant seule, vieille et laide, je ne vis que de
regrets et de fantasmes. Je vis à travers ceux que j’observe, derrière
mes rideaux. C’est bien triste. »
Celle qu’on avait cru vieille et homophobe était en fait plus jeune
et plus ouverte que nous. Elle venait nous donner une leçon. Même si
elle n’avait pas eu le courage de vivre son amour pour les
femmes…Vraiment, avait-elle été lâche ? Non…
« - Un jour, je vous raconterai l’histoire d’amour de ma vie, je
vous parlerai de cette belle femme qui m’avait retourné les sangs, qui
m’avait fait perdre la tête. J’ai tout laissé pour
elle : mes parents, mes amis, ma ville d’origine. Malheureusement,
ça n’a pas suffit. Je vous raconterai tout ça…Mais promettez-moi de ne
pas laisser filer un si bel amour… »
Nous avons promis…
30 juin 2008.
CC
30 juin 2008.
CC
lundi 5 novembre 2012
L'amour du pays
samedi 3 novembre 2012
Femme au bord de la crise de nerfs
Ces vacances sont sans doute les moins reposantes que j'ai vécues depuis longtemps. On me dit pourtant tout le temps : "Ah ! C'est bien, vous avez 15 jours de vacances, cette année, grâce à ce gouvernement de coco..." Et pourtant, je suis épuisée.
Je suis en Savoie, j'aide ma mère. Il y a eu le notaire, les papiers, les courriers, les visites, le moral à remonter, les tracas du quotidien qui deviennent une montagne...
Je n'aime pas me plaindre, mais finalement, ce blog est là pour ça. Je n'en peux plus. C'est de la fatigue morale. Il faudrait que je dorme et sans faire des rêves tordus, il faudrait que je puisse avoir de vrais moment de vide. Heureusement, Amandine est là et elle m'aide, elle aussi.
Cependant, je me pose des questions...
Comment vraiment aider ses proches, dans le deuil ?
Est-ce qu'être trop présent est vraiment une aide ?
Est-ce que la vie doit continuer comme avant ?
J'ai peur de devenir une béquille indispensable et je ne suis pas sûre d'arriver à tenir ce rôle...
En fait, je suis sûre de ne pas pouvoir tenir ce rôle. Les réponses sont contenues dans les questions.
CC
Je suis en Savoie, j'aide ma mère. Il y a eu le notaire, les papiers, les courriers, les visites, le moral à remonter, les tracas du quotidien qui deviennent une montagne...
Je n'aime pas me plaindre, mais finalement, ce blog est là pour ça. Je n'en peux plus. C'est de la fatigue morale. Il faudrait que je dorme et sans faire des rêves tordus, il faudrait que je puisse avoir de vrais moment de vide. Heureusement, Amandine est là et elle m'aide, elle aussi.
Cependant, je me pose des questions...
Comment vraiment aider ses proches, dans le deuil ?
Est-ce qu'être trop présent est vraiment une aide ?
Est-ce que la vie doit continuer comme avant ?
J'ai peur de devenir une béquille indispensable et je ne suis pas sûre d'arriver à tenir ce rôle...
En fait, je suis sûre de ne pas pouvoir tenir ce rôle. Les réponses sont contenues dans les questions.
CC
jeudi 1 novembre 2012
L'important, ce sont les vivants
La Toussaint, c'est toujours triste.
Cette année, pour moi, c'est encore pire. Aujourd'hui, tout parle de la mort : le journal télé, la radio, les journaux, les gens.
Au cimetière, cet après-midi, il n'y avait pas grand monde. Les gens font porter des chrysanthèmes par les fleuristes. Les gens habitent loin et n'ont pas forcément des congés. On peut d'ailleurs penser aux morts autrement et ailleurs qu'au cimetière, durant un après-midi froid du mois de novembre.
La dame qui a dit la bénédiction s'est trompée dans le Notre Père. Ce n'est pas que j'ai beaucoup de religion...Mais je crois que les rites et les traditions changent et évoluent. Ce n'est pas très grave. On peut très bien ne pas oublier ses proches disparus sans avoir à se recueillir sur le marbre froid de la tombe, dans le gris d'un jeudi d'automne.
L'important, c'est la famille, les amis. L'important, ce sont les vivants, pour se souvenir, ensemble.
CC
Cette année, pour moi, c'est encore pire. Aujourd'hui, tout parle de la mort : le journal télé, la radio, les journaux, les gens.
Au cimetière, cet après-midi, il n'y avait pas grand monde. Les gens font porter des chrysanthèmes par les fleuristes. Les gens habitent loin et n'ont pas forcément des congés. On peut d'ailleurs penser aux morts autrement et ailleurs qu'au cimetière, durant un après-midi froid du mois de novembre.
La dame qui a dit la bénédiction s'est trompée dans le Notre Père. Ce n'est pas que j'ai beaucoup de religion...Mais je crois que les rites et les traditions changent et évoluent. Ce n'est pas très grave. On peut très bien ne pas oublier ses proches disparus sans avoir à se recueillir sur le marbre froid de la tombe, dans le gris d'un jeudi d'automne.
L'important, c'est la famille, les amis. L'important, ce sont les vivants, pour se souvenir, ensemble.
CC
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