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En sortant de la mairie vers 10h du matin, sans aucune garantie de rien, il nous restait 14h. La ville était toujours plongée dans le noir numérique. Le temps que les autorités compétentes s'en aperçoivent puis que des techniciens soient appelés à la rescousse, nous gagnions peut-être quelques heures supplémentaires.
Quelqu'un fit alors une réflexion juste : si internet était déconnecté, la chape électrique qui empêchait de sortir de la ville était inactive. Nous pouvions nous échapper. C'était un message à faire passer au plus grand nombre.
Avec la voiture équipée d'un haut-parleur que la CGT possédait, nous fîmes le tour de la ville et nous en profitâmes pour faire passer d'autres messages : "Vous pouvez sortir d'Audincourt. Vous pouvez aussi nous rejoindre pour vous opposer à ce rachat de la ville qui bouleverse nos vies. Vous pouvez rejoindre le mouvement pour retrouver vos vies ! Les abonnements sont des rackets ! Avez-vous vraiment besoin de l'iA ?..."
Nous avons rallié à notre cause quelques indécis que la chute des réseaux et la disparition de leur compagnon virtuel avait rendu sceptiques. Certains nous ont raconté s'être réveillé avec le sentiment d'avoir traversé une sorte d'aliénation, de coma étrange de 2 semaines. Comment avaient-ils pu se laisser endormir par ce gadget ?
Au cours de la matinée, la petite place du centre-ville s'est remplie. Les tracts et les banderoles confectionnées pendant la nuit, les slogans inventés que l'on chantait à tue-tête, les discussions qui s'amorçaient, entre les amis, les voisins, la famille, tout cela avait un caractère joyeux et vivant.
Je me souvins soudain du jour funeste où la place s'était noircie d'une foule silencieuse et immobiles et cela m'apparut comme un vilain cauchemar, glaçant. Nous ne pouvions pas confier nos vies à des machines. Nous avions le devoir de lutter et de trouver une solution.
Nous étions stupéfaits que les forces de l'ordre n'interviennent pas. Et puis nous avons réalisé que nous étions désormais dans un espace strictement privé, ce qui compliquait l'intervention des pouvoirs publics. Cela, pour l'instant, nous arrangeait.
Vers 12h, nous eûmes la surprise de voir débarquer Mark Zuckermusk en hélicoptère. II se posa sur la place du Temple. Ce n'était pas son avatar, son hologramme. Il était là en personne. Il parlait américain et était accompagné par un interprète. Rien à voir avec son double virtuel.
Il avait une liste précise des gens avec qui il voulait discuter. L'iA avait plutôt bien fait le travail : c'était les meneurs. En se posant avec l'hélico, il se rendit compte de l'étendue de la protestation.
Il avait l'air déconcerté, pris d'une légère panique. Surtout que la presse était arrivée et que les gros camions bardés de satellites des rédactions de toutes les chaînes d'infos du pays cernaient la place. On a vite compris qu'on pouvait tout obtenir de la part du grand patron : il était multimilliardaire et tout puissant. Il pouvait effectivement offrir à chacun d'entre nous autant d'argent qu'il fallait pour changer nos vies à jamais. Mais, constitués en collectif, nous étions tenus par une solidarité qui nous rendit incorruptibles. Nous avions le devoir de ne pas céder et d'exiger la fin de sans condition du programme You-TOP-iA pour notre ville.
Entre temps, on avait creusé le sujet, juridiquement : le droit de propriété, la légitimité du conseil municipal pour vendre une ville entière, espace public et privé compris, les failles du contrat, cela avait été examiné. C'était un cas en dehors de toute jurisprudence, puisque c'était une première. Mais les avocats que nous avions contactés, étaient formels : il existait des failles.
Sous le poids de nos arguments, on sentait bien que le grand patron, après l'échec de ses voitures électriques et les premiers morts dans ses expéditions vers Mars, ne voulait pas d'un autre scandale.
Il fit mine de passer des coups de fils important, il tourna en rond devant son hélico. Il nous sembla si seul au monde.
Il revint au bout d'un petit quart d'heure en nous expliquant que les nouveaux venus étaient nombreux, que son programme était attractif, que la ville n'en connaîtrait que les avantages. Mais déjà dans son regard, on lisait la capitulation. Les télés du monde entier avaient les caméras braquées sur lui. On savait qu'on avait réussi notre coup.
Hervée de Lafond l'interpela : "Alors, mon p'tit, on a des doutes ? Tu sais, dans la vie, il y a des réussites et des échecs ! Tu es jeune, tu t'en remettras ! Mais pour ton prochain projet, mise sur l'humanité, permets aux gens de réussir leur vie, plutôt que d'essayer de leur vendre des choses inutiles et de l'asservissement, de l'avilissement, de la bêtise ! Tu verras, ton karma s'en portera bien mieux !"
Et voilà comment tout redevint enfin paisible dans notre jolie cité. L'hélicoptère s'envola définitivement et nous n'entendîmes plus jamais parler de ce projet sinistre.
Madame le Maire ne revint plus jamais des Bahamas et après la démission de beaucoup d'adjoints, honteux d'avoir vendu leur propre ville, de nouvelles élections furent organisées et l'ancien maire fit un retour triomphant et ravi de pouvoir faire revivre sa ville, de lui rendre ses belles valeurs de solidarité, de paix et de culture.
Les tenants de la municipalité n'étaient pas des amis.
En 2026, une campagne agressive sur le thème de la sécurité et sur les économies drastiques à faire sur les services publics. Quelques événements tragiques en janvier, à quelques mois des élections firent monter la pression : un SDF avait poignardé un commerçant et quelques faits divers liés aux trafics de drogue avaient émaillés l'hiver, montés en épingle par une presse avide de polémiques.
L'extrême droite en avait évidemment profité pour fustiger le laxisme de la gauche, pour faire valoir ses idées de rejet et de haine de l'autre. Les coupables étaient toujours les mêmes : les assistés, les profiteurs, ceux qui prenaient l'argent des bons Français et mettaient le bazar partout.
Une conjoncture nationale et internationale favorable à ces idées, une multiplication de listes électorales divisant les voix des plus modérés et à 2 ou 3 pourcents près, le RN passa au second tour. Ce fut une déception sans précédent pour une ville historiquement de gauche depuis la fin de la 2e guerre mondiale.
Durant la première année de mandat, les nouveaux élus n'avaient pas fait de miracle, découvrant qu'on ne fait pas vraiment ce qu'on veut avec la sécurité. Cependant, des choix politiques radicalement différents des précédents furent fait : la suppression de beaucoup de services du centre communal d'actions sociales, notamment, permirent beaucoup d'économie. Le service culturel fut quasiment complètement sacrifié : plus de festival de musique du monde, plus de manifestation prônant l'agriculture locale et biologique, plus de musée, une médiathèque à l'agonie. Là encore, les caisses se remplirent. Mais on ne voyait pas bien à quoi cela servait de supprimer pour supprimer.
On a compris quand la ville fut rachetée : l'iA allait remplacer le centre de santé, les actions sociales et la culture. Quand tu as Sardou pour meilleur copain, pas besoin de festival !
Mais les conséquences étaient telles qu'il faudrait maintenant rendre des comptes à la population. Et nous étions là pour ça.
Dès que les portes s'ouvrirent, nous nous adressâmes à l'accueil, en exigeant de voir madame le maire. On nous rétorqua que l'on n'avait pas rendez-vous. Nous sortîmes donc les banderoles, les cornes de brumes et les fumigènes. Quelques supporters du FCSM nous avaient fourni tout ça.
Grâce à ce tapage, plusieurs élus déboulèrent dans le hall. Ils nous reçurent. Froidement. Sans même nous regarder dans les yeux. Nous étions là pour leur reprocher d'avoir vendu la ville que nous leur avions confié par les urnes à une multinationale. Pour les mettre devant leurs responsabilités.
Ils bredouillèrent que l'iA était l'avenir, qu'il fallait se rendre compte de notre chance. Ils n'y croyaient pas, mais ils récitèrent les éléments de langage fournis en échange de leur signature. Eux, ils avaient sans doute eu un rabais sur l'abonnement. Ils tentèrent de nous parler de culture pour tous, d'accès aux nouvelles technologies, du manque de médecin qu'on pouvait pallier grâce à l'iA. Mais 15 jours d'essai avaient permis à tous de se rendre compte que c'était n'importe quoi.
Nous avons promis que nous n'en resterions pas là.
Ceux qui veulent parler montent à tour de rôle sur une grosse poubelle qu'on a placé au centre d'un cercle compact d'habitants en colère.
J'ai commencé en expliquant que pour les propriétaires comme pour les locataires, tout cela était inadmissible. Qu'il était hors de question de partir et que nous allions résister. Pour cela, il faudrait nous organiser et réfléchir à des idées pour retarder l'échéance, tout d'abord. Pour faire valoir nos droits, il faudrait faire preuve de persévérance : la bataille contre une multinationale de cet acabit ne serait pas une partie de plaisir.
Les idées fusèrent : déjà, il fallait couper internet...La fibre, les antennes relais...Débat : si les réseaux ne marchaient plus, nous non plus nous ne pourrions pas communiquer...Or, il fallait bien qu'on avertisse les médias, qu'on fasse du bruit...Surtout si on voulait que les 11 autres villes appartenant à You-TOP-iA nous rejoignent...Débat vite clos : on savait communiquer avant internet. On reprendrait les vieilles méthodes : presse écrite, réseaux téléphonique filaire, manifs...
Ensuite, il fallait aller demander des comptes aux élus qui avaient accepté que la ville soit vendue.
Et puis, il fallait convaincre encore plus de monde. Il fallait organiser des sit-in, des manifs, des piquets de grève, partout dans la ville, il fallait convaincre, expliquer, faire valoir notre cause. Des tracts, des banderoles. Tous ensemble. Avec nos moyens : on a encore accès à nos logements, avec nos imprimantes, nos stylos, notre papier, de vieux draps, on va vite fabriquer tout ça. On a avec nous le collectif des retraités de la CGT, ils sont maîtres en la matière. D'ailleurs, au milieu de la réunion, ils débarquèrent avec une sono. C'était déjà mieux.
On eut aussi la troupe du théâtre de l'Unité. Ils étaient très forts pour les improvisations, pour les interventions dans les lieux publics, pour les coups d'éclat choc ! Jacques Livchine avait son petit livre rouge, qu'il brandissait comme un bréviaire.
Ce qui nous inquiétait, c'est qu'on avait une armée de drones qui nous tournaient autour. C'est sûr que nos idées ne resteraient pas confidentielles longtemps.
Pour contrer ça, on finit la réunion très vite en braillant "Ah ça ira, ça ira, ça ira, l'iA on n'en veut pas !" avec pour cheffe de chœur, Hérvée de Lafond. On a cassé les oreilles aux drones...
On s'est éparpillés, plein d'espoir, gonflé à bloc pour faire la peau au système.
Un petit comité qui avait quelques connaissances des points d'accès de la fibre s'est tout de suite chargé d'aller déconnecter tout.
Dans la foulée, les armoires à fibre furent ouvertes, les fils arrachés. Les antennes, dans les clochers et sur les châteaux d'eau, détruites.
Dans le silence de la nuit, on a entendu les hurlements des plus accros à l'iA hurler, comme des loups blessés, parce qu'ils avaient perdu leur hologramme préféré, parce qu'ils se retrouvaient désespérément seuls. Avec la sono de la CGT, on est passé dans les rues en incitant les gens à nous rejoindre.
Dans un premier temps, les autorités, étrangement, furent prises de court. La police municipale, évidemment, à cette heure-là, n'était pas opérationnelle. Mais surtout, les responsables de You-TOP-iA avaient misé sur l'addiction provoquée par leur joujou pour contrôler les gens. Et ils n'avaient pas du tout prévu de système de sécurité.
Cependant, nous savions bien que cela ne durerait pas.
J'aurais pu commencer mes cartons, prospecter pour trouver une location dans une ville voisine et laisser tomber. Mais l'idée me restait coincée dans la gorge. Je n'avais pas envie de céder.
Je savais bien que si je restais dans mon logement, je serai délogée manu militari et que je ne sauverai même pas mes affaires. Il fallait que je trouve autre chose.
Je me suis dit, très vite, que je n'étais sûrement pas la seule. Pas la seule à refuser, pas la seule divergente. Il fallait que je trouve des alliés dans la bataille.
Je repensais, un peu triste, à tous les zombies que j'avais croisés ces derniers temps : ces voisins, c'est amis complétement intoxiqués par l'iA et pendant un instant, j'étais tenté par le découragement. Et puis, je repris espoir. Il y avait Éliane, Natacha, Florent, Patrick, Michelle, Noëlle, Christine, Christiane, Kamel, Adina, Odile...Il y avait tous ceux qui refuseraient sûrement le racket imposé par cette entreprise.
J'ai décidé de m'organiser : j'allais contacter toutes les personnes dont j'avais le numéro de téléphone, pour commencer, puis tous les gens de mon immeuble, ceux de ma rue...Le plus de monde possible. Quitte à être une divergente, autant entraîner le maximum de monde avec moi.
J'ai essuyé quelques réponses timorées, il faut bien le reconnaître : "Non, on va prendre le forfait à 99,90€, finalement, qu'est-ce que c'est, hein, pour avoir la tranquillité...On verra bien si on prend quelqu'un à la maison..."
J'ai eu des réponses beaucoup plus passionnelles : "Non, j'adore trop ma nouvelle vie, je ne peux plus m'en passer ! Figure-toi que...Michel Sardou...Patrick Sébastien...Brigitte Bardot...Marine Le Pen...(rayez les mentions inutiles) est mon (ma) meilleur(e) ami(e), maintenant ! C'est le kif !"
Bon...pas de regret...
D'autres étaient encore plus enthousiastes, pour des raisons encore plus scabreuses et étaient prêts à payer le forfait Premium...Allez comprendre !
J'ai continué ma tournée et j'ai commencé à rencontrer la détresse de beaucoup : "J'ai passé ma vie à travailler pour posséder ma maison, pour avoir un toit sur la tête, et aujourd'hui, un contrat signé en mon nom m'en dépossède ? C'est injuste ! C'est épouvantable ! Tout ça pour quoi ? Pour un gadget débile, pour un truc qui te conseille de faire une quiche quand il te reste des œufs et du jambon dans le frigo ? Comme si je n'étais pas capable de penser par moi-même !"
J'avoue que je n'avais pas tellement de plan, juste une vague idée derrière la tête...Un mot d'ordre : "Révolution !", comme disait Éliane...
Mais je partis seule au matin, et le soir venu, nous étions 500...
Nous n'avions plus que 24h !
"Bonjour Céline, matricule 312-518,
Allons droit au but : vous êtes divergente. Non seulement, vous n'avez presque pas utilisé l'iA pour vous assister ou pour vos loisirs, mais en plus, vous avez posé des questions stupides dans le but de faire échouer l'intelligence artificielle ! C'est inadmissible. Rendez-vous compte : les ordres combinés "Sauve le monde!" et "Arrête l'iA !" on faillit faire buguer complétement le système.
Cependant, nous avons le devoir contractuel de vous proposer une. Car vous avez un problème. Vous savez que nous avons racheté la ville. Nous sommes donc votre propriétaire. Nous proposons en général aux clients normaux deux contrats :
- Vous gardez gratuitement votre logement, vous payez un forfait pour l'utilisation de l'iA (en général, 99,90€ en version Bêta et 299,90€ en version Premium, avec évidemment des aménagements, des options supplémentaires possibles si vous le désirez. (Tarifs révisables chaque mois, un dossier complet de 632 pages détaillant les conditions vous sera envoyé) Mais en contrepartie de votre logement gratuit, nous vous demandons d'accueillir (selon le nombre de mètres carrés que vous avez) un ou plusieurs usagers de l'iA : vous n'êtes pas sans avoir remarqué que les volontaires sont nombreux.
- Si vous ne voulez pas de l'iA, vous nous devez un loyer, que nous calculerons selon les tarifs parisiens en vigueur. Votre ville a désormais un fort pouvoir d'attraction et le prix au m2 a un peu augmenté, vous le comprendrez. Vous pourrez bénéficier d'un tarif dégressif si vous accueillez quelqu'un.
- Si vous refusez les deux options sus-citées, nous vous prierons de quitter la ville.
Mais vous êtes une divergente. Cela change tout. Vous êtes un problème pour le système. Un danger.
Nous vous intimons donc d'accepter la troisième solution, sans contrepartie.
Nous vous laissons la chance de partir, puisque vous n'êtes pas intéressée par l'iA. Votre logement sera réquisitionné pour accueillir des volontaires.
Les conditions signées par les élus de la ville stipulent que vous avez 48h pour libérer les lieux. La chape électrique bloquant les issues de ville se déverrouillera pour vous à ce moment là. Vous ne pourrez plus vivre ici par la suite.
Nous sommes désolés que notre collaboration prenne fin et nous vous souhaitons bonne chance, en dehors de notre belle ville You-TOP-iA.
Cordialement"
Et l'image du grand patron disparut dans une vibration.
Je n'étais pas sûre d'avoir bien compris. Je venais d'être expropriée et je devais quitter la ville dans 48h.
Que se passerait-il si je ne le faisais pas ?
J'ai donc adopté les bons vieux réflexes des plans canicules innombrables qu'on avait déjà vécues. Fenêtres et volets clos dès le début de la matinée, ventilateur, hydratation régulière...Je n'avais même pas pensé à l'iA, en faisant ces gestes mécaniques. J'avais fait un stock d'eau. Il arrivait désormais que l'eau soit coupée en pleine journée, pour l'économiser.
J'avais sorti mon chien à 6h du matin, pour qu'il ne se brûle pas les pattes sur le bitume. Durant cette promenade, j'ai croisé quelques humains parlant tout seul. C'était devenu "normal", depuis une semaine. Des humains au sourire heureux, plongés dans une réalité parallèle, dialoguant avec leur chanteur préféré, sans prendre garde au monde autour d'eux. J'ai repensé à ma décision : changer le monde grâce à l'iA.
Je ne savais pas tellement comment m'y prendre.
L'iA grand public, c'était une sorte de gadget : tiens, en voilà encore, sans doute en train de se faire un trip érotico-amoureux avec je ne sais pas quelle starlette, c'est n'importe quoi ! Et en plus, ça utilise une énergie folle, ça gaspille, ça produit du CO2, ça contribue grandement à ce réchauffement climatique qui nous oblige à sortir le chien à 6h du matin !
Comment la transformer en un outil véritablement utile ? Alors, forcément, les vendeurs d'iA ne manquent pas de rappeler à toute occasion que c'est grâce à l'iA qu'on est en passe d'éradiquer le cancer, que c'est grâce à cette merveilleuse technologie que les voitures autonomes ont réduit drastiquement le nombre d'accident de la route, que c'est une technologie qui finira par sauver le monde ! Mais oui, mais alors, qu'est-ce qu'on attend ? Parce que pour l'instant, ça ne fait qu'empirer la situation ! Durant ma balade, pas un seul humain m'a adressé la parole !
Cette semaine de grosse chaleur a été un enfer. J'ai tenté plusieurs choses : "Dis, iA, fais baisser la température !" Et l'iA m'a répondu un galimatias d'idées éculées qu'on a l'habitude d'entendre à la radio : mouillez vos rideaux, mettez des glaçons devant votre ventilo, buvez du thé chaud, comme les bédouins dans le désert...N'importe quoi !
"Dis, iA, sauve le monde !" Elle m'a répondu, "Désolée, Céline, je ne comprends pas votre demande. Souhaitez-vous écouter la chanson "Save the World" de Swedish House Mafia ?" Je ne connaissais pas, alors j'ai dit oui. Dans le clip, il y avait un chien qui ressemblait drôlement au mien. J'ai souri béatement, moi aussi...
Mais le monde était encore en danger !
J'ai tenté "Dis, iA, arrête l'iA."
Là encore, l'iA n'a rien compris.
Par contre, la fin du temps d'essai approchait. J'ai reçu une convocation...