Au début, je ne le disais pas. Je ne me le disais même pas. C'était au lycée. Je savais déjà, c'était une évidence. Mais je ne me le disais pas. J'étais amoureuse d'une fille, oui. Mais de là à me dire, même dans ma tête "Je suis homosexuelle", c'était une sorte de cap infranchissable.
Alors de là à le dire à quelqu'un d'autre, c'était hors de question.
Par écrit, sur mon journal intime, dans d’absconses formules, je disais que j'étais amoureuse d'une fille, oui. Dans Les Fleurs du Mal, je lisais les vers abscons du poète et je frissonnais. Mais de là à dire, "Oui, je suis lesbienne...", non, c'était impossible.
J'avais une amie ouverte, artiste, libérée. J'aurais pu lui confier mon secret. Elle aurait compris, bien sûr. Aujourd'hui, je me le dis, elle aurait accepté, sans ciller. Cela lui aurait plu, même. Mais je n'ai rien dit. Pendant longtemps encore, j'ai tenu cela secret, même pour moi.
Et puis un jour, je me le suis dit. Petit à petit, je l'ai dit à voix haute, rien que pour moi. Puis je l'ai dit à celle que j'aimais. Puis à quelques amis. Je l'ai vécu, de plus en plus, de mieux en mieux. Et j'ai franchi le cap : mes parents, ma famille...
A chaque fois, cela a été un défi, un moment difficile et une libération tout à la fois. C'est devenu de plus en plus simple, avec le temps.
Aujourd'hui, je le glisse au détour d'une conversation, de manière anodine. Cette vérité ne me fait plus peur.
CC
3 commentaires:
Beau billet ! L'acceptation, de toute différence, quelle qu'elle soit, n'est pas chose simple.
Merci, Hiéléna !
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