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mercredi 12 janvier 2022

Demain, c'est la grève


Il y a des jours où il n’y a pas grand chose à dire sur l’actualité. Les jours, en ces temps de pandémie, se suivent étrangement et se ressemblent tristement. J’aime l’utilisation des adverbes qui viennent souligner le vide de nos vies, inexorablement. Je les aime aussi parce qu’il me font toujours réfléchir sur les doubles consonnes, véritable calvaire de notre langue. 

Je suis réellement capable d’écrire beaucoup sur rien, pourvu qu’il y ait des adverbes. C’est un talent rare et envié de tous les politiques, hormis Taubira, qui sait faire la même chose, sans les mains et avec des citations incroyables. Je l’admire pour cela. 

Aujourd’hui, donc, rien. 

Demain, par contre, une grève historique dans l’éducation nationale. Je la ferai, même si je n’ai qu’une seule heure de cours le jeudi. Ne pensez pas que je suis une feignasse, j’ai juste une décharge qui me permet d’être élue. Ne pensez pas que c’est un privilège : je suis payée en conséquence, c'est-à-dire que je suis très mal payée. Je ne me plains pas, je n’ai pas choisi d’être prof pour m’enrichir, mais cela ne vous regarde pas. 

Donc, demain, je serai solidaire de cette grève qui sera extrêmement suivie - bien plus que lorsqu’on se bat pour nos salaires de merde, d’ailleurs. Je serai solidaire, parce que depuis deux ans, les profs encaissent durement les virements et les revirements d’un ministre méprisant et ignorant des conditions de travail, et ses prises de décisions arbitraires visant principalement le grand public par le truchement des médias. Il fait des annonces, c’est là son principal souci. Des annonces qui ne sont pas destinées aux professeurs, aux personnels de direction ou aux agents de l’éducation nationale. Il fait des annonces - dans la presse payante, en plus - à son électorat supposé, composé de riches bourgeois dont les gamins sont dans le privé, de retraités dont les enfants ne sont plus en âge d’être scolarisés ou de célibataires sans enfant. Je suppose. Parce que tout ceux qui de près ou de loin doivent subir l’école, le collège ou le lycée public pourront vous le dire : c’est la merde. Les profs ne sont pas remplacés, les protocoles sont intenables, les élèves qui se font des calins dans la cour doivent porter des masques en classe, ce qui n’est pas facile facile à faire comprendre à ses ados dont les hormones explosent, et si les profs ne s’étaient pas fait un budget spécial “masques chirurgicaux", on serait mal, avec les masques en tissus tout pourris (et même toxiques au début) fournis par l’institution. 

Il est vrai que penser que Blanquer dit vrai quand il dit que tous les profs vont être équipés en masque FFP2 alors que le reste du temps, il faut déjà pleurer pour avoir deux feutres pour le tableau, c’est croire au Père Noël. 

Et je n'enseigne pas dans le primaire, parce que c'est encore bien pire, évidemment !

Bref, on voudrait croire que le gouvernement compte sur l’école pour que l’immunité collective se fasse, qu’on ne s’y prendrait pas mieux. Le problème, c’est que tout cela n’est pas dit. Si c’était le cas, on dirait OK… Nous les profs, on est des bons soldats ! On enlèverait les masques et on ramasserait les stylos que les gamins se mettent en général dans le nez pour les lécher consciencieusement. 

Allez, bon covid à tous ! Et bonne chance !

 

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