Évidemment, un troll sert à ça : à faire du mal, à appuyer là où ça fait mal.
Didier Goux est le roi des trolls. Didier Goux m'a tuer.
"Tu ne t'aimes pas" disait Sarraute.
Pas Claude. J'ai des lettres, un peu...trop peu. Je suis professeur de lettres. Les 26 de l'alphabet.
J'ai un gros complexe d'infériorité.
Je suis mauvaise en orthographe. Je ne comprends pas rapidement. J'ai le cerveau lent.
Depuis toujours, imaginez : je suis née à la campagne, enfant solitaire
et sauvage. Je suis entrée à l'école l'année de sa réouverture, dans ce
petit village frappé par la désertification rurale. J'étais la seule de
mon âge, l'instituteur me donnait vaguement des trucs à colorier en
début de matinée et m'abandonnait à mon sort.
Quand je rentrais, certes ma mère était étonnée : elle ne pensait pas
qu'on étudiait l'histoire de France dès la maternelle. Mais je préférais
écouter ce qui se disait dans les cours de "grands".
Livrée à moi même, j'ai appris à lire toute seule, aidée de maman, qui,
Dieu merci, a utilisé la méthode du B.A BA, alors que l'instituteur
était un fanatique de la méthode globale.
J'ai lu tout le manuel de CP, j'ai dévoré celui de CE1 et celui de CE2
durant la même année. L'année suivante, malheureusement, j'ai changé de
maîtresse. Celle-ci n'a rien voulu entendre : j'ai dû relire ce que
j'avais déjà lu. C'est là que ma régression intellectuelle a commencé.
Avant même que je commence à progresser.
A partir du CE1, donc, j'ai changé d'enseignant plusieurs fois par an.
Personne ne voulait rester dans ce trou paumé de Savoie, où les routes
étaient mauvaises en hiver, sans que l'on puisse pour autant faire du
ski. Chacun de ces jeunes remplaçants avait sa lubie. Je me souviens
d'un passionné de biologie. Durant son passage, nous n'avons fait que
des herbiers et des ballades en forêts. Une autre ne jurait que par le
sport et une troisième était la spécialiste de la présence en pointillé.
Et durant tout ce temps, j'étais seule. Première et dernière de la classe.
L'école primaire a été un vrai calvaire. Un purgatoire interminable.
Et puis, je suis allée au collège. J'ai redoublé ma sixième. J'ai
découvert que je n'avais pas fait une seule fois de la grammaire
sérieusement, en primaire. Je savais à peine mes tables de
multiplication. J'étais une enfant-sauvage. En plus, j'étais maigre
comme un clou et je me suis mise à somatiser à la moindre interrogation
écrite. J'étais plus souvent absente que mon ancienne institutrice.
Après ce redoublement plutôt profitable, car une fois sur les rails,
j'ai compris ce que l'on me voulait, j'ai fait une scolarité correcte.
Jamais je n'ai pu rattraper les bases qui me manquaient dans les
matières scientifiques, mais mon expression était claire, en lettres et
j'avais un goût prononcé pour la lecture et l'histoire.
Dans le fond, je me suis toujours vue comme médiocre, alors
qu'objectivement, je suis revenue de loin. Complexe d'infériorité
absolu. En plus, je suis une fille de la glèbe. Ma culture, c'est
l'agriculture. J'ai pourtant étudié Flaubert, j'ai fait une maîtrise et
un DEA. Je me suis même lancée (sans conviction) dans une thèse. Mais je
sais, je sens qu'il manque une base solide à mon savoir. J'ai
construit vite, mais mal. Sur du sable.
Désolée...
CC
5 commentaires:
Non, ne sois pas désolée, sois fière. Parce que malgré ce passé dont tu n'es pas responsable, tu as réussi à devenir ce que tu es. Seulement 5% (de mémoire...) de la population obtient un diplôme universitaire de niveau I.
Bonjour CC,
Tu es la deuxième du nom (ou bien n'êtes vous qu'Une?) avec qui je fais connaissance cette semaine, quelle chance!
J'apprécie beaucoup ta plume, au plaisir de partager plus
Olivier
http://oliwp.wordpress.com/
Ce billet est peu trollé. J'envoie Didier Goux. Smiley, hein !
C'est juste parce que j'ai changé le billet de place après que Didier m'avait présenté des excuses...Ne rallume pas le feu...
Depuis quand il présente des excuses ce gros con ?
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