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dimanche 29 mars 2020

Journal de guerre contre un virus #13

Envie d'un autre espace-temps
Je n’ai pas de fièvre.

Chaque année, depuis que j’écris sur des blogs, c’est-à-dire depuis 17 ans, je publie les mêmes billets à propos de deux sujets majeurs, qui me tiennent particulièrement à coeur. Le premier, c’est le changement d’heure. Le second, c’est le fleurissement des marronniers.

Alors ne changeons pas les bonnes habitudes.

"C'est toujours trop court, d'habitude, un dimanche.
C'est toujours du temps qui fuit entre paresse et tendresse.
Quand on pense toucher à l'interminable de l'ennui, pourtant,
Le voilà qui vient déjà, le soir et son incertain lendemain...

Et voilà qu'en plus, au milieu de la nuit, des bureaucrates sont venus retirer soixante minutes de notre vie...

Depuis que je suis née, chaque année l'affaire est répétée si bien que déjà on m'a volé plus d'une journée de vie...Plus d'une journée..."

On me réplique en général que l’on nous rend cette heure en automne. Ce à quoi je réponds qu’on me la pique quand les jours sont beaux, quand le soleil fait frissonner l’eau de la rivière et réchauffe les bourgeons turgescents des arbres se couvrant de vert tendre, et qu’on me la rend quand les jours rétrécissent et que la nature se meurt. Que ce ne sont pas deux heures égales.

Cette année, le temps s’étire et s’étend, on ne sait plus vraiment si l’on est dimanche ou lundi et peut-être même que l’on s’en fiche. Nous devons revoir notre rapport au temps, puisque la situation est vouée à durer encore un peu. Comment profiter de ce temps immense qui nous est rendu, à nous qui courons toujours après les minutes en temps normal ? Comment goûter ce temps de vie supplémentaire qui nous est octroyé, subitement ? Avons-nous l’impression de le perdre, ce temps, si nous n’en occupons pas utilement chaque seconde ? Si nous le laissons couler sans rien n’en faire, contemplatif, aux confins de l’ennui et du vide ? Est-il plus lent ?

Il se peut que dans dix ans, et peut-être même avant, nous nous souviendrons de ce temps perdu comme d’un moment enchanté, une parenthèse de lenteur et de douceur que nous rechercherons dès que la vie reprendra comme avant, dès que nous manquerons de temps.

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