À l'issue de cette première semaine, au soir du dimanche précédent la seconde, je décidai de faire le point. Il m'apparut évident que je m'étais laissée aller à la paresse, que j'avais profité de cet outil merveilleux qu'était l'iA pour n'importe quoi !
Soyons honnêtes, tout cela n'était que du gadget : sans l'iA, j'aurais mis cinq minutes à remplir mon formulaire CAF et à l'envoyer, tout au plus. J'aurais très bien pu me faire à manger en regardant le contenu de mon frigo et en réfléchissant un peu. J'aurais pris rendez-vous en cherchant un dermato sur Doctissimo et j'aurai sans doute eu un créneau, en visio ou pas. J'aurais fait mes courses toute seule, comme je l'avais toujours fait. Et j'aurais sans doute été encore plus créative que la machine pour occuper les enfants.
C'est un luxe, que de claquer des doigts et d'être assister comme cela.
Mais le luxe n'est pas désagréable.
Il me restait une semaine pour éprouver un peu plus ces innovations : est-ce que toutes ces technologies, toute cette énergie, toute cette véritable intelligence - humaine - mise en œuvre pour inventer cela ne méritait pas mieux qu'un vague dialogue avec des stars mortes, ou qu'une liste de courses, qu'une fonction agenda sur son téléphone portable ?
Au soir de cette première semaine, j'ai fait le compte, aussi, du nombre d'emplois que cela allait faire disparaître : tout le secteur de l'aide à domicile, tous les travaux de secrétariat, d'écriture, de logistiques...
Vivre dans une ville assistée par l'iA, c'était vivre dans une ville avec 80% de chômeurs, non ? Dès lors, il y aurait des laissés-pour-compte. Il y aurait ceux qui restent au bord du chemin...
Comment renverser la machine ? Comment se servir de cela à bon escient ? C'était une question large : une question d'économie, de philosophie, de morale. D'humanisme.
Durant ma seconde semaine, je me le promis : il faudrait que je renverse la machine, que je me serve de l'intelligence artificielle intelligemment...Si cette intelligence l'est vraiment, pourquoi ne nous en servons-nous pas pour sauver le monde, les Palestiniens ou les Ukrainiens ?
J'en étais là de mes réflexions quand mon téléphone, mon bon vieux téléphone a sonné : c'était le dermatologue de Joinville-le-Pont qui me rappelait, affolé. L'intelligence artificielle, c'est bien, mais ce n'est pas toujours suffisant. Pris d'un affreux doute sur ce qu'il avait diagnostiqué, il m'avait pris en urgence un rendez-vous chez un collègue près de chez moi. Il valait quand même bien mieux vérifier avec une biopsie ce vilain grain de beauté...Sans s'affoler outre mesure, naturellement.
En même temps ou presque, j'ai reçu un mail de la CAF m'indiquant qu'il manquait des documents à ma déclaration...
L'iA, parfois..
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