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lundi 20 juillet 2015

Les après-midis de juillet

Je me rappelle de la longueur, de la lenteur, de la langueur des après-midis d'été, quand j'étais enfant. Je me souviens du Tour de France à la télé, dans le salon aux volets à demi clos, des verres de sirop de menthe, de la cueillette des groseilles à maquereaux dans le jardin, mais seulement en fin de journée, quand le soleil commençait à décliner, mais qu'il était encore assez puissant pour révéler les odeurs d'herbe coupée...

Je me souviens aussi de l'ennui imposé : "Prends donc un livre, il ne faut pas sortir quand il fait si chaud..." Ma grand-mère, mon grand-père aux mots croisés, les chamailleries avec mon frère, les parties de Monopoly avec les cousins du midi en vacances à la montagne. "On va au lac ?"

Je n'aimais pas les vacances. Je n'aimais pas grand-chose je crois. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir mille ans et je crois que je parle d'un temps lointain qui a disparu à tout jamais. Les enfants jouent-ils encore au tarot les après-midis de canicule, dans le frais d'un salon aux persiennes fermées ? Lisent-ils encore des Picsou magazines ou des Astérix vautrés par terre ? Les jeux vidéo ont-ils gagné la bataille marketing de la société de consommation ?

Ma nostalgie me surprend moi-même...

Aujourd'hui, il faudrait déjà prendre le temps. S'arrêter. Tout va trop vite. Hier aussi, sans doute. C'est un âge de la vie. Je suis juste avant la case "senior", il faut profiter. 

Rien ne s'arrête. Même au mois de juillet, il faut courir, même par une chaleur de bête, la peau collée à la chemisette. Il faut traiter les dossiers laissés par les heureux vacanciers qui suent sur un quelconque front de mer. Il y en a quelques uns. Les aoûtiens auront-ils la pluie sur les plages de Normandie ?