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mardi 19 juillet 2011

En avoir ou pas

Vinci - La Vierge et l'Enfant avec Sainte Anne
Il y a des moments, dans la vie d'une femme ou la question se pose avec douleur : avoir des enfants...ou pas.

Cette question s'impose à moi, avec plus ou moins d'insistance, parce que les filles de mon âge, les copines, les amies, les collègues, les cousines, tout le monde, me semble-t-il, a des enfants.

Les femmes de mon âge ont parfois cette tendance épouvantable à porter leurs enfants comme des oriflammes, comme des blasons, des sujets de fierté et de satisfaction, qui les rend insupportables.

Combien de soirées, de déjeuners, de discussions deviennent pesantes, lorsque le sujet s'engage sur les interminables maladies infantiles ou sur les réussites scolaires, sur les petites phrases tellement mignonnes, sur les progrès et sur les talents des petits des autres...

Et combien je me sens triste, inutile, stérile.

Je crois que j'en souffre trop pour en parler vraiment.

Mais je me sens en dehors de la société. Il m'apparaît alors qu'une femme doit être une mère pour être vraiment une femme.

Et pourtant ? Est-ce vraiment le cas, ou est-ce juste imposé par la société ?

CC

20 commentaires:

mariel75 a dit…

moi qui suis mère, qui adore parler de mes enfants, et qui adore meme les emmener partout avec moi, je dirais tres honnetement qu'il y a un moment dans la vie d'une femme ou parler de ses enfants c'est par défaut de sujet, c'est juste le seul qu'on ait qui nous positive un peu.

Cycee a dit…

Bonsoir,
Oui, ce n'est pas en soi, un reproche, que je fais là...C'est surtout le malaise que ces discussions m'inspire que j'essaie de retranscrire. Mais je comprends le bonheur qu'apportent les enfants et combien c'est plaisant d'en parler...
Pas simple...

Zette a dit…

NON NON ET NON.
On est faites pour ça, certes, mais c'est pas une raison pour qu'on soit obligées d'en faire.
On est avant tout femme.
Mère, c'est un plus, en terme de quantité, pas un plus de qualité.

Cycee a dit…

Oui, je suis d'accord, sur le principe, Zette...mais bon, dans la vie de tous les jours...Pas simple...du tout...

Nicolas Jégou a dit…

Tiens ! Ca fait longtemps qu'on n'avait pas vu un billet ici. J'ai 45 ans, je suis célibataire endurci (chacun son truc, on s'en fout). Je ne me suis jamais senti inutile, stérile ou quoi que ce soit...

C'est vachement dur de commenter ici. La taulière semble attendre une réponse, une solution ou que sais-je.

Ca fait 15 ou 20 ans qu'on s'empresse de me demander quand je vais trouver "une chaussure à mon pied", fonder une famille et tout ça, alors que je m'en fous, ça n'est pas mon but.

Je suis une espèce d'énigme, par exemple, pour mes collègues de bureau (et pour quelques blogueurs...). 45 ans, pas marié, pas de gamin ... Ce type ne peut pas être normal... Il n'est pas homosexuel, il regarde les fesses des filles dans la rue mais son équipe n'est composée que de jeunes mecs et il n'est pas marié... Louche...

Tout ça n'est que foutaises, mais je revendique le droit de m'en foutre.

Fais pareil, vis ta vie et pas celle que les autres voudraient te faire vivre.

Amen.

Un tel commentaire me donne soif.

Je ne suis ni inutile, ni stérile, essaie de ne pas être triste...

Cycee a dit…

Bonsoir Nicolas,
Je n'attends pas spécialement la réponse ou une solution...C'est juste un constat, un ressenti...Aussi un constat sur la condition de la femme qui se doit d'être mère pour être "normale"...

Ton commentaire est intéressant, parce qu'il montre que la situation est la même pour les hommes. Et finalement, plus que ce que l'on ressent, c'est l'image que les autres nous renvoient qui est en question...

Ne bois pas pour oublier, quand même :)

Bisous

Nicolas Jégou a dit…

Je ne bois jamais pour oublier, sinon j'oublie pourquoi je bois.

Je n'arrête pas de m'engueuler avec des féministes dans les blogs, parce qu'elles n'arrivent pas à comprendre que les hommes puissent avoir le même "problème" (je mets des guillemets, car je ne vois pas ça comme un problème). Je crois que certaines différences entre les hommes et la femmes n'ont pas lieu d'être...

Pour ce qui concerne ce qu'on ressent et l'image et tout ça, je m'en fous.

Ce qui m'importe, c'est que les copains (les blogueurs, pour ce qui nous concerne) me ressentent pour ce que je crois être : un type relativement sympathique. Le reste n'est qu'une monstrueuse connerie ! Pourquoi voudrais tu que l'image que les autres nous renvoient (ce qui ne veut pas dire grand chose) ait la moindre importance ?

Le_M_Poireau a dit…

Je pense que la question est un peu mal posée, si je puis me permettre. La question n'est pas d'en avoir ou pas, c'est plutôt de goûter à cette liberté de choix que tu as. Tu peux échapper à ta condition de "pondeuse" avec fierté ou être fière du petit bout dont tu as charge de faire un être humain libre et autonome.
Tu n'es pas obligée d'accepter les contraintes imposées, c'est ce qui a été gagné par le féminisme. Mais tu peux décider
:-))

[Et pourquoi ça devrait être simple, hein ? Y'a pas de bonnes solution, il y a juste ce que tu choisis ! :-)) ].

Le coucou a dit…

Préoccupation plus qu'intéressante ! J'ai toujours détesté le travers des jeunes parents qui vous pourrissent une soirée avec la mise en avant de leur progéniture (ça n'existait pas autrefois)…
Sur le fond, je comprends que cette interrogation survienne avec force chez une femme, mais elle a son équivalent chez l'homme. Personnellement, je n'ai pas eu d'enfant avec ma femme, mais j'ai vécu suffisamment étroitement avec ceux qu'elle avait mis au monde avant de me rencontrer, un garçon et une fille, pour décider de les adopter en accord avec eux, à l'âge adulte. Ma femme et moi avions toujours pensé, revendiqué, que les liens de vie sont plus forts que ceux du sang. Je le crois toujours, bien qu'en vieillissant il me faille aussi admettre un regret de paternité insoupçonné enfoui au fond de moi… Compliqué ces trucs…

FalconHill a dit…

Rien à dire, sinon que le billet est touchant, et en tous cas m'a touché...

Aucune réponse à te donner, aucun commentaire à faire... Sinon t'envoyer, de loin, de gros bisous...

Miss Alfie a dit…

Billet touchant en effet.
Pour ma part, je suis plutôt dans une logique "ne pas avoir d'enfant", parce que je ne suis pas sûre que je pourrai assumer tout ce qui en découle, que je me pense trop fragile pour cela et parce que je n'ai pas envie de donner naissance à un enfant dans notre monde actuel.
Le plus compliqué pour moi, ce n'est pas de vivre sans enfant, mais de faire respecter mon choix et de le faire accepter par mon entourage qui, systématiquement, m'oppose un "tu verras dans quelques années".
Peut-être que je verrai dans quelques années, mais mes fondamentaux sur cette questions n'évolueront sans doute pas. Alors pourquoi ne pas accepter ce choix que nous avons fait ?
Si notre société évolue, il y a bien des points sur lesquels elle reste encore très traditionnelle.

So. a dit…

Je n'ai pas décidé d'avoir un enfant.
C'est marrant, quand on y pense, parce que j'avais toujours pensé que j'aurais un enfant (un seul), et rencontrer mon mari a renforcé cette certitude, mais elle est arrivée 'par accident', à un moment où nous étions prêts à l'accueillir, certes, mais sans que ce soit réellement voulu et espéré.
Aujourd'hui, j'aime être la mère d'une grande fille, bientôt une pré-ado, et si parfois je me dis que j'aurais aimé 'faire le choix' pour le coté symbolique de la chose, pour vivre l'espoir et l'attente plutôt que d'être mise devant le fait accompli, je sais aussi qu'elle est arrivée au bon moment, parce que la vie fait bien les choses.
Aujourd'hui, on m'emm.... moins avec le "petit frère" qui, soit disant, manque à ma fille. Elle est plus grande et au bout d'un moment, les gens ont compris. On m'interroge parfois encore, de nouvelles rencontres notamment, sur le fait que je n'ai pas eu "le deuxième".
Je trouve cette question déplacée, d'abord parce que ça pourrait être une incapacité à procréer plus qu'un choix, et que ça serait donc un sujet difficile. Ensuite parce que merde, c'est mon choix, et pourquoi il 'faudrait' absolument avoir un deuxième enfant pour "bien faire".
Tu vois, les questions, les regrets, les doutes se posent toujours, quelle que soit la configuration, quels que soient les choix.
Aujourd'hui, pour ne pas avoir de questions, il faut être hétéro, se rencontrer vers 26-27 ans après une première histoire significative, se marier au bout d'un an, pondre le premier l'année suivante, le deuxième au bout de 2 ou 3 ans, allaiter les deux, forcément, s'arrêter de travailler au moins la première année du second... Là, tu es à peu près sûre de ne jamais entendre un "bon, alors, le mariage/bébé/deuxième, c'est pour quand ?".
Sorry, moi, j'aime pas rentrer dans les cases :)

Cycee a dit…

Bonjour
Que de réactions sur mon blog "secret" ! Merci...

@Nicolas : oui, tu es un homme sympathique ! L'image que l'on renvoie, ce n'est pas un problème, en général, avec les amis qu'on a choisis, c'est avec les collègues, la famille...Tout le monde n'a pas forcément autant d'ouverture d'esprit que les LB ;)

@Poireau : tu es en Belgique, c'est vrai : là-bas, les femmes comme moi on le choix, légalement...Moi, non. Pourvu que la gauche passe en 2012, au moins, nous aurons un vrai choix...Pas gagné !

@Le Coucou : oui, c'est complexe, tout ça...Je me dis parfois que les enfants des autres n'apportent que des avantages et ne me ferons pas de vergetures, de soucis à l'adolescence et de ménage supplémentaire...Mais je pense que ces questions se feront encore plus pressantes en vieillissant...

@FalconHill : merci !

@MissAlfie : c'est étonnant de voir que ces questions reviennent toujours. C'est indélicat...En plus, les gens sont gonflés de certitudes, à ce sujet. C'est ce qui est lourd à porter, même si on a fait un choix solide...

@So. : Il faudrait donc ressembler à une pub pour la Ricorée...c'est la question du choix, qui revient encore, cependant. Et c'est étonnant de voir combien les femmes et les hommes subissent la même pression des autres, dès qu'ils sortent des cases...

Reste à m'arranger avec mes désirs...

:)

detoutderien a dit…

que dire de plus qui n'aurait pas déjà été dit ?

une bise de soutien (et fais pas la connerie de prendre un clebard :) )

Rikki Nadir a dit…

Combien d'amies ont évoqué les mêmes doutes que les tiens ? Malheureusement, la pression sociale est forte et faire des enfants devient une triste obligation par laquelle nombreuses et nombreux passent.
Je suis prof en collège comme toi (j'ai découvert ton blog grâce à ton mot sur l'insignifiance du métier!) et j'aurais préféré parfois que certains parents s'abstiennent de le devenir, à voir les dégâts qu'ils produisent !!

Bonne continuation...

Mirabelle a dit…

Bonsoir
je découvre ton blog, je ne connaissais que l'autre ...et je tombe sur cette question qui m'a taraudée jusqu'au jour où la ménopause m'a signifié que je pouvais toujours me poser la question, c'était un peu tard...
Nous vivons dans un monde cruel et stéréotypé et il est vrai que nous sommes culpabilisées à mort de ne pas faire comme tout le monde.
Moi je n'ai pas choisi, ça s'est trouvé ainsi, j'avais 40 ans quand j'ai fait ma dernière fausse couche et j'ai bien failli y passer.
Le plus dur pour moi ce n'est pas d'avoir été privée de pouponner ( ça je n'aime pas trop), c'est d'avoir eu le sentiment d'avoir pris égoïstement et pas donné, disons pas été capable de rendre, transmettre. C'est la chaîne qui se casse, et être le dernier maillon qui est difficile...
Et déjà, les questions : quelles dispositions prendre pour la sépulture de famille ? où reposent mes grands parents envers qui j'ai failli, car je n'ai pas assuré leur descendance... ça peut paraître très bête, mais on se sent coupable envers eux, et on a mal de se dire que leur tombe sera abandonnée, que les portraits, photos de famille iront on ne sait où... toutes ces choses très intimes et auxquelles on tient très fort qui n'intéresseront plus personne, jamais...
voilà ... maintenant on ne fait pas des gosses non plus pour des photos ou une place de cimetière à fleurir ... mais c'était juste pour donner l'idée d'une sensation de faillite, même si dans le quotidien leur non présence est assumée.
Bien amicalement

olympe a dit…

j'espère qu'il n'est pas trop tard pour commenter.
Les femmes ont gagné le droit de choisir et ne laisse pas les autres te forcer dans ton choix.

Sinon, il y a une différence entre les gens qui ont des enfants et ceux qui n'en ont pas. Les 1er ont connus les 2 états (ne pas en avoir puis en avoir) alors que les seconds ne peuvent pas imaginer ce que ça fait d'avoir des enfants.
Des contraintes énormes qui durent 20 ans et des fois plus, 1000 fois plus que tout ce qu'on pouvait anticiper. Mais aussi, quand ça se passe bien (ce qui n'est pas toujours le cas) la découverte de l'amour inconditionnel. Et ça c'est... une découverte

je trouve le commentaire de Mirabelle très interessant, je n'avais jamais pensé à ça

Fred a dit…

J'arrive aussi un peu tard mais je commente parce que je suis étonnée que tu poses la question.
Une femme est une femme quand elle se sent femme, point barre.
Dans le même ordre d'idée mais à un autre niveau, les femmes non mariées devraient être appelées "Madame", non? (je veux dire celles dont on se doute pertinemment qu'on ne leur dit pas "mademoiselle" par rapport à leur âge...)

Cycee a dit…

Bonjour,
Désolée d'avoir tardé à répondre aux derniers commentaires (ah, les vacances...)

@Gaël : un chien, jamais ! (on a été tenté et puis en fait, on a observé les effets chez d'autres et on est guéries !)

@Rikki Nadir : oui, aux réunions parents-profs, il me prend parfois des envies d'adoption-sauvetage...Et je me dis aussi (bêtement et méchamment) "Si ces abrutis-alcooliques-brutaux-drogués-adolescents mal dégrossis- (rayer les mentions inutiles) ont le droit de faire des enfants, pourquoi pas moi ?" C'est la vie...

@Mirabelle : oui, cet aspect : l'égoïsme, est le plus difficile. Je vis pour moi, je ne réinvestis pas ce que mes parents, ce que la société m'a donné et c'est une perte. Je me sens vaine et inutile. Mais je donne aussi autrement, à d'autres...Heureusement...

@Olympe : mon vrai problème, c'est que je n'ai pas vraiment le choix, je crois...

@Fred : oui, je suis une femme. Mais si j'ai envie d'être une mère, ce sera difficile...C'est deux choses distinctes...Je ne dis pas que si je n'ai pas d'enfant, je ne me sens pas femme. Simplement, je ne suis pas mère...Et il peut m'arriver d'en avoir envie...

:)

Mirabelle a dit…

@ CC : bien entendu qu'on donne autrement, mais ce n'est pas dans ce sens là que je l'entendais ... car on donne certes, mais il faut le considérer à plusieurs niveaux ... et là, disons qu'il manque une marche ! :)