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dimanche 18 décembre 2011

Goux m'a tuer.

Évidemment, un troll sert à ça : à faire du mal, à appuyer là où ça fait mal.

Didier Goux est le roi des trolls. Didier Goux m'a tuer.

"Tu ne t'aimes pas" disait Sarraute.
 Pas Claude. J'ai des lettres, un peu...trop peu. Je suis professeur de lettres. Les 26 de l'alphabet.

J'ai un gros complexe d'infériorité.

Je suis mauvaise en orthographe. Je ne comprends pas rapidement. J'ai le cerveau lent.

Depuis toujours, imaginez : je suis née à la campagne, enfant solitaire et sauvage. Je suis entrée à l'école l'année de sa réouverture, dans ce petit village frappé par la désertification rurale. J'étais la seule de mon âge, l'instituteur me donnait vaguement des trucs à colorier en début de matinée et m'abandonnait à mon sort.

Quand je rentrais, certes ma mère était étonnée : elle ne pensait pas qu'on étudiait l'histoire de France dès la maternelle. Mais je préférais écouter ce qui se disait dans les cours de "grands".

Livrée à moi même, j'ai appris à lire toute seule, aidée de maman, qui, Dieu merci, a utilisé la méthode du B.A BA, alors que  l'instituteur était un fanatique de la méthode globale.

J'ai lu tout le manuel de CP, j'ai dévoré celui de CE1 et celui de CE2 durant la même année. L'année suivante, malheureusement, j'ai changé de maîtresse. Celle-ci n'a rien voulu entendre : j'ai dû relire ce que j'avais déjà lu. C'est là que ma régression intellectuelle a commencé. Avant même que je commence à progresser.

A partir du CE1, donc, j'ai changé d'enseignant plusieurs fois par an. Personne ne voulait rester dans ce trou paumé de Savoie, où les routes étaient mauvaises en hiver, sans que l'on puisse pour autant faire du ski. Chacun de ces jeunes remplaçants avait sa lubie. Je me souviens d'un passionné de biologie. Durant son passage, nous n'avons fait que des herbiers et des ballades en forêts. Une autre ne jurait que par le sport et une troisième était la spécialiste de la présence en pointillé.

Et durant tout ce temps, j'étais seule. Première et dernière de la classe.

L'école primaire a été un vrai calvaire. Un purgatoire interminable.

Et puis, je suis allée au collège. J'ai redoublé ma sixième. J'ai découvert que je n'avais pas fait une seule fois de la grammaire sérieusement, en primaire. Je savais à peine mes tables de multiplication. J'étais une enfant-sauvage. En plus, j'étais maigre comme un clou et je me suis mise à somatiser à la moindre interrogation écrite. J'étais plus souvent absente que mon ancienne institutrice.

Après ce redoublement plutôt profitable, car une fois sur les rails, j'ai compris ce que l'on me voulait, j'ai fait une scolarité correcte. Jamais je n'ai pu rattraper les bases qui me manquaient dans les matières scientifiques, mais mon expression était claire, en lettres et j'avais un goût prononcé pour la lecture et l'histoire.

Dans le fond, je me suis toujours vue comme médiocre, alors qu'objectivement, je suis revenue de loin. Complexe d'infériorité absolu. En plus, je suis une fille de la glèbe. Ma culture, c'est l'agriculture. J'ai pourtant étudié Flaubert, j'ai fait une maîtrise et un DEA. Je me suis même lancée (sans conviction) dans une thèse. Mais je sais, je sens qu'il manque une base solide à mon savoir. J'ai construit vite, mais mal. Sur du sable.

Désolée...

CC

dimanche 27 novembre 2011

Le dire ou pas

Par exemple, vous avez un secret. Disons que vous aimez vous déguiser en femme, comme dans le film de Woody Allen,"Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander".



Cela peut être gênant dans la vie quotidienne.

Faut-il en parler ou pas ?

Moi, je crois que oui. C'est difficile sur le moment. Mais ça peut tirer de l'embarras.

Alors voilà. J'aime la soupe violette.


En vrai, j'évoque autre chose. Mais parfois, je me demande si internet est le lieu où l'on peut tout dire. Je ne suis pas sûre. Je hais les journaux extimes.

CC


dimanche 20 novembre 2011

Un weekend de novembre

Ce weekend, c'était le salon des vins et du goût à Audincourt. C'est un salon des vins, mais pas un grand machin dans une halle des expositions froide et impersonnelle. C'était sympa. On a vu plein de monde qu'on aime, on a bien mangé et bien bu. On a acheté des bonnes choses, en songeant déjà un peu à Noël.



Et puis il a fait beau. Vous savez qu'il y a encore des tomates sur notre balcon et que l'arum est encore en fleur ? En plein mois de novembre, dans le Doubs. Il n'y a plus de saison, ma bonne dame.



Des bises,
CC


mardi 15 novembre 2011

Portrait chinois

C'est Nicolas qui me tague : le principe est de répondre à un portrait chinois, puis de taguer des gens et de créer à son tour 10 questions pour eux.

Si tu étais ?
  1. un objet sexuel : si j'étais un objet, je ne pourrais pas en parler...Coin, coin !
  2. un plat cuisiné : des endives au jambon.
  3. un moyen de transport : la télétransportation. Quand est-ce que les scientifiques l'inventent ?
  4. un lieu de culte : le temple de la nature, aux vivants piliers...
  5. un bistro : la Comète, bien sûr...Magique !
  6. une marque de bière : Leffe. Leffe bien descendu ? Leffe tes mains sur mes hanches...
  7. un sous-vêtement : un shorty en coton, le plus confortable possible. C'est pas sexy, mais c'est moi qui le porte...
  8. un matériel électroménager : le thermonix de vorwek. (billet non sponsorisé)
  9. une île : l'île de la Cité. Ou Lille dans le Nord.
  10. une autoroute : l'A36. Celle qui ne sert qu'aux camions qui emmène des tomates hollandaises en Espagne, des Peugeot aux Allemands, des Fiat aux Belges...Toutes l'économie européenne passe par là...
Dix nouvelles questions : 
1. Une guitare :
2. Un film :
3. Une musique :
4. Un tableau célèbre :
5. Une marque de voiture :
6. Une plage :
7. Un chien :
8. Un vin :
9. Un siège :
10. Un sport :

Quelques copines et copains : Krine, Zette, Shaya, Nicolas, Eric, FalconHill.

lundi 24 octobre 2011

En visite à la Capitale

Une provinciale à la grande ville...


Voltaire, cendres froides au Panthéon...

Spécialité locale...




CC

dimanche 16 octobre 2011

Pause café

Pause.

La primaire commence sévèrement à nous courir sur le haricot. Courir sur le haricot. C'est une expression que j'aime beaucoup. Quand je l'utilise en classe, ça fait beaucoup rire les élèves, qui ne la connaissent pas, en général.

Il faut parler d'autre chose. Par exemple, il faut parler du temps qu'il fait. Il fait plus froid, ces derniers jours, mais tout de même on a eu une belle journée, aujourd'hui. Demain aussi, il va faire beau, paraît-il. Ce sera agréable, après le déjeuner de sortir pour une belle promenade digestive, avec sa carte d'identité et un Euro si on a pas déjà voté la semaine dernière, ou avec son petit ticket, enfin, je pense, si on a déjà voté...

Zut, j'ai reparlé de la primaire.

Au fait, c'est une primaire. Pas des primaires.

C'est comme président de la République : ça ne prend pas de majuscule, président. Et après "après que", on met un verbe à l'indicatif. Et on ne dit pas "*malgré que". Et j'ai mis une * avant "*malgré que", parce que justement, ça ne se dit pas. Et ça ne s'écrit pas non plus.

Intermède professeur de français. Désolée.

CC

mercredi 5 octobre 2011

Ce mercredi, j'aime

J'ai été taguée par Karine !

Ce mercredi, j'aime n'avoir que deux heures de cours, de 8h à 10h. J'aime faire rêver mes élèves à peine sortis du sommeil en leur parlant de Marco Polo.

Ce mercredi, j'aime l'automne qui arrive enfin, le petit matin frisquet - à peine -, les feuilles qui craquent sous nos pas, les jolies couleurs de la forêt, les nuages, les merveilleux nuages...Et s'il pleut ? "Il pleut. Quelle importance. Si on regarde bien, au-dessus des nuages, le soleil est là. Chaque jour." J'aime cette phrase de Dominique, lue sur son profil facebook. 

Ce mercredi, j'aime bien la technique du sandwich, chez Mrs Clooney.


Ce mercredi, j'ai aimé regarder pleuvoir le wifi...


Il faut taguer ? Taguons ! Bernard, Irrégulière, Lili et Moka.


CC

dimanche 2 octobre 2011

Storm Large





Hier soir, nous sommes allées au concert de Pink Martini.


C'est un groupe admirable. Je me souviens avec délice de la découverte de cette chanson : "Je ne veux pas travailler". Un hymne subversif, au cœur des années 90, durant lesquelles Sarko était "seulement" porte-parole de la campagne électorale de Doudou.

J'avais alors l'album sur un vrai CD..."Sympathique".  Aujourd'hui, j'ai tous les albums sur mon ordi ou sur mon téléphone. Moins facile à faire signer...

C'est avant tout un orchestre de reprises, avec des musiciens brillants. Je me souviens avoir déjà vu un concert de ce groupe à Chambéry...Hier soir, c'était le même enchantement, à l'écoute de classiques comme "Que sera, sera" ou "Yolanda."

Mais ce soir, le groupe était un peu différent. La chanteuse habituelle, China Forbes, dont la voix nous était si familière, a dû subir une opération des cordes vocales et doit se reposer pendant un an. Le groupe a trouvé une remplaçante.

Et cette remplaçante est une bombe. Une femme fatale à l'ancienne, blonde, sexy, en fourreau, style du groupe oblige, mais avec un côté rock'n'roll qui détonne et qui étonne. Sa voix est ample et profonde. Sa façon de s'emparer de la scène est magnétique.

Bref, je vous conseille vivement ce groupe, avec sa nouvelle chanteuse ! Même si je reste inconditionnelle de l'ancienne !

CC


dimanche 18 septembre 2011

Journée du patrimoine à Audincourt

Aujourd'hui, nous avons découvert les trésors de notre commune...Honte à nous : on y habite depuis 2009 et nous n'avions pas encore visité l’Église de l'Immaculée Conception...


...et l’Église du Sacré Cœur.











Des vitraux magnifiques de Fernand Léger. Une lumière merveilleuse...

Vive les journées du patrimoine !

CC

mercredi 24 août 2011

Fiction estivale - Changement de décor (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7)

Prologue.

Même si tout ce qui va suivre peut ressembler au monde réel, croyez l'auteur. Remettez-vous en à lui. Les lieux, les gens, les situations, tout est inventé. Bien entendu, la petite société est une petite société telle que nous en connaissons. Il se peut que la petite ville de province vous fasse penser à celle où vous vivez, à celle où vous passez vos vacances, à celle où vous avez vécu enfant. Il se peut que vous pensiez reconnaitre un homme ou une situation. Mais ce ne sera que le fruit du roman. Le roman s'inspire du réel et nous renseigne sur lui, mais il est faux. Jamais il n'y eut en Normandie une Mme Bovary telle que celle de Flaubert. Cependant, vous croyez la connaître. Ainsi que vous pensez mieux connaître la Normandie du XIXème siècle grâce à Flaubert. 


On reconnaîtra peut-être le plagiat que je fait éhontément d'une œuvre de David Lodge. Faute avouée, à demi pardonnée...


Tout cela étant dit, je tiens à commencer mon histoire par cette petite formule magique qui permet d'entrer dans le monde imaginaire...

**********

Chapitre 1.

Il était une fois, dans une petite ville riante de province, une population pleine de drames et d'espoir, comme il en existe partout.

Deux hommes qui ne s'étaient jamais vus se trouvaient côte à côte pour la première fois. Le premier était au volant d'une Jaguar grise reluisante. Il s'appelait John et était au téléphone avec sa femme Barbra, qu'il venait de quitter quelques instants plus tôt. Ils s'étaient à peine croisés à la table du petit déjeuner. Leur villa était trop grande et quand l'un était à la cuisine pour le petit déjeuner et que l'autre était sur la terrasse, on pouvait savourer son premier café sans se dire bonjour. Cette maison n'était pas leur première maison. John avait fait fortune dans l'immobilier. Dans les années 70, il avait touché un héritage correct qui lui avait permis d'acheter son premier appartement. Un petit F3 en centre ville. Il n'avait pas attendu longtemps pour le revendre, en faisant une bascule incroyable. Les crises successives aidant, il avait progressivement acheté plus grand et il avait fait fortune ainsi.

Dans la deuxième voiture, arrêtée au même feu rouge, il y avait Tim. Il n'était pas au téléphone. Il lorgnait la Jag' de son voisin occasionnel avec envie. A 36 ans, Tim roulait toujours dans une Ford Fiesta toute cabossée, qui crachait ses poumons au démarrage. S'il l'avait gardée, cette première voiture, ce n'était pas vraiment par sentimentalisme. Il l'avait achetée avec un prêt étudiant, qu'il avait remboursé tant bien que mal avec l'argent de ses premiers jobs au MacDo et malgré ses longues études, il n'avait jamais eu les moyens de s'en payer une autre. Il venait de sortir de chez lui pour se rendre à son travail. Il était CDD dans une agence d'intérim.

Chapitre 2.

Cette ligne de départ pourrait faire penser au lièvre et à la tortue de la fable. Il n’est pas certain, cependant, que ce soit la tortue qui gagne. Le gars de 60 ans qui a réussi sa vie compte bien réussir sa retraite aussi. Le trentenaire qui rate tout depuis toujours est souvent résigné.

Cependant, imaginez la situation : un garçon au regard envieux, tout concentré sur le détail d’un Jaguar et de son propriétaire braillant dans son Blackberry. Le feu passe au vert. La Ford ne bouge pas. La Jaguar non plus. Les véhicules qui se sont amassés derrière commencent à klaxonner. Nous avons à faire à l’inverse exact de ces défis que les hommes se lancent parfois aux feux, à grand renfort d’œillades orgueilleuses et de coups d'accélérateur rageurs.

Non. Nous avons à faire à deux ahuris, l’un bavant devant ce qu’il n’aura jamais, l’autre perdu dans sa bulle, dans le moelleux d’une voiture confortable, échangeant des banalités avec son épouse.

Les bruits de klaxons finirent tout de même par réveiller nos deux protagonistes. Dans des gestes désordonnés, ils démarrèrent en même temps, puis calèrent, puisqu'ils étaient en seconde, puis redémarrèrent, faisant des petits signes de la main pour s’excuser...

Dans la confusion, Tim et John braquèrent leur volant à l’opposé de la direction qu’ils avaient choisie.

Et voilà comment, dans un carnage de tôles froissées et de fumées blanchâtres, nos deux personnages firent connaissance autour d’un constat à l’amiable.

Chapitre 3

Pendant ce temps-là, Barbra, la femme de John, sirotait tranquillement son café sur sa terrasse. Elle venait de raccrocher d’avec son mari. Ils avaient eu une discussion acharnée à propos de la déco d’une des chambres d’amis de l’étage. Elle avait repéré des petites choses sympathiques à Maison du Sud, dans un style colonial du meilleur goût. Mais il aurait préféré chiner d’authentiques meubles anciens aux puces. Madame prétendait, sans doute à raison, qu’elle n’était pas Valérie Damidot et qu’elle n’était pas là pour rafistoler des vieilleries.

Pendant ce temps-là, Tim se disait que c’était une tuile de plus qui lui tombait sur le coin de la figure.

John sortit de sa voiture, les bras en l’air, l’air désolé, l’air pressé, l’air important. Il avait rendez-vous à la banque pour faire fructifier ses sous, préalablement placés sur des actions SocGé. Il trouvait que c'était un peu mou, en ce moment...

« - Bon, jeune homme, je n’ai pas le temps. Je vous laisse ma carte ?
 - Ah non ! Pas question, monsieur. On fait un constat tout de suite !
 - Écoutez, de toute façon, j’ai presque rien, je vous assure, je peux attendre un peu pour faire le constat...
 - Vous pouvez peut-être attendre, mais pas moi. Je dois vite m’arranger avec l’assurance pour réparer : ma voiture est morte, là. Et j’en ai besoin pour aller au boulot...»

Le boulot. Tim avait tout de suite pensé à ça. Il était CDD pour une boîte d’intérim. Depuis 10 ans. Un CDD de 10 ans, bien sûr, ça n’existe pas. Et pourtant, la boîte d’intérim avait trouvé la combine. Les contrats d’embauche, ça les connaissait. Il y avait trois agences, dans trois villes différentes et Tim faisait des contrats dans chacune de ces agences, à tour de rôle...Les trois villes étaient distantes d’au moins 30 km chacune. Il lui fallait une voiture...

Chapitre 4

Pendant ce temps-là, à l’autre bout du monde, dans son appartement de fortune, mesurant tout de même 630 m2, Serge K. Démone, l’ancien P.D.G du Financement Mondial de la Finance, luttait contre ses démons. Cela faisait trois fois qu’il montait sur son toit terrasse, vêtu de son peignoir blanc. Il ressassait cette histoire de jeune homme qu’il aurait peut-être violé, dans une chambre d’hôtel, quelques semaines plus tôt.

Ce fait divers avarié avait jeté le trouble sur toute la planète. Bien sûr, SKD était une sorte de fierté pour la France : les gloires françaises, de part le monde, depuis Édith Piaf, se faisaient rares. C’est un peu comme si on avait plus que le Roquefort et SKD, en ces difficiles périodes de crise. 

On se disait au moins qu’on avait un économiste renommé, exerçant un véritable pouvoir sur ce pauvre monde, pour représenter le pays. Mieux que notre président qui nous ridiculisait si souvent, en déclarant la guerre après la signature de l’armistice, la fin de la crise la veille d’un crack boursier et à cours d’argument, poussant devant lui les charmes de son épouse.

SKD attendait un appel. Il avait fait acheté à un ami américain un téléphone à carte, un portable jetable. Il cherchait à être discret : il se savait espionné par les plus hautes instances d’État.

Si tout se passait bien, il prendrait un avion privé affrété spécialement par un groupe secret, pour regagner la France le plus rapidement possible.

Évidemment, il n’atterrirait pas à Orly, mais sur un petit aérodrome de province. C’était un homme en Jaguar qui viendrait le chercher.


Chapitre 5

Tim et John s’étaient finalement assis à la terrasse d’un café pour établir le constat. Tim serait en retard, peut-être même qu’il ne pourrait pas aller au boulot ce matin-là, mais tant pis. Il savait bien que ce serait grave : en plein mois d’août, il était seul à l’agence et s’il n’ouvrait pas, personne ne le ferait à sa place. Il allait se faire taper sur les doigts, sévère.

Il expliqua cela à John. Il expliqua que sa position de CDD était tellement fragile qu’il risquait de se faire virer, pour un coup pareil. Mais de toute façon, il n’avait guère le choix. Pourtant, il était un bon employé. Ponctuel, sérieux : il connaissait son boulot mieux que personne. Malgré sa précarité, il s’accrochait, il faisait même du zèle. Qui sait ? Un jour où l’autre, on l’embaucherait peut-être en CDI. Dans le fond, il savait bien que ça n’arriverait jamais. Mais il continuait d’y croire, et à chaque fin de CDD, lorsqu’il ne savait même pas s’il y en aurait un prochain, il se prenait à espérer comme un insensé.

John écouta, sidéré. Il balbutia : « Vous avez fait des études ? Non, parce que les études, ça aide...»

Bien sûr que Tim avait fait des études. Ses parents s’étaient même saignés pour ça et lui, avait passé tous les étés de sa jeunesse à faire la plonge chez MacDo. Bac +5 : bac, BTS, IUT. Il avait le niveau d’ingénieur en informatique et technique de vente. Il avait fait des stages partout.

John balbutia encore : « De mon temps, c’était pas comme ça...Moi, par exemple, pour mon premier job, j’ai passé une annonce dans le journal local et j’ai eu 35 lettres d’embauche en retour. Je n’avais qu’un bac. Mais c'est la crise, pour les jeunes...»

Eh oui, Papy, pensa Tim, tu as mangé le pain blanc de 4 générations...

« - Et maintenant, vous bossez dans quoi ? osa le jeune homme.

- Oh, moi, je ne...enfin...je gère des immeubles...
- Vous êtes gérant d’un syndic ?
- Non, non....j’ai des immeubles et je loue les appartements...
- Ah ! Vous êtes rentier, quoi...»

La discussion aurait pu s’arrêter là, tant ces deux protagonistes vivaient dans des mondes parallèles....Mais le portable de John sonna.

Chapitre 6

De l’autre côté du globe, plongé dans la nuit, un homme avait fini de faire les cents pas, le portable à la main, impatient de recevoir un appel. Il avait décidé d’appeler directement le contact français qui pourrait l’aider. C’était John.

John décrocha bien vite : un appel de SKD, ça ne se refuse pas.

« - Bonjour ! Ou plutôt bonsoir...Alors, quelles sont les nouvelles ?
- Bonsoir. Je vous pose la même question. A-t-on des nouvelles de ce jet qui devrait me propulser en Europe, loin de toute cette histoire ?
- Pour l’instant, non...répondit John, tout déconfit.»

L’entretien prit fin bien vite : la déception de SKD était sensible...

Quand John reposa son BlackBerry sur la table, il était tout pâle.

Il jeta un regard un peu gêné à Tim qui ne comprenait pas tout, mais qui avait saisi que l’appel était très important : John s’était soudain redressé, il avait pris un air un peu digne et accroché un sourire flagorneur à sa face.

L’air interrogateur du jeune homme eut raison du vieux rentier : il se mit à expliquer tout ça. Il avait trop de choses à garder pour lui et le secret l’empoisonnait.

« - C’était SKD. Oui, le SKD de l’affaire SKD. Celui de la télé, du Grand Parti de Gauche, celui du FMF. Je suis en contact avec lui de manière tout à fait secrète, pour le faire revenir en France, bien qu’il n’ait plus son passeport et que l’affaire soit en cours, là-bas, aux USA. N’allez pas raconter ça, hein, je vous fais confiance. Vous avez une tête qui me revient : tenez, vous pourriez être mon fils.
- Alors...Vous...SKD...balbutia le contrat à durée déterminée...
- Oui...
- Alors vous êtes de gauche ?» articula Tim...

La question interloqua John.

Tim s’imaginait qu’un homme qui roule en Jaguar et qui est rentier est forcément de droite. Il râle forcément de payer trop d’impôts, il pense forcément que si tout va mal, c’est à cause des jeunes, des immigrés, des socialistes...

« - Oui, c’est vrai, en général, c’est ce qui se passe. Et d’ailleurs j’étais en bonne voie pour devenir le vieux con que vous décrivez, il y a encore pas si longtemps. Mais il m’est arrivé une aventure qui m’a remis dans le droit chemin...Je vais vous raconter...»

Il commanda un autre vittel citron...


Chapitre 7
« - C’était il y a trois ans. J’étais à Londres pour affaires : ils ont là-bas des idées révolutionnaires en ce qui concerne l’immobilier. Je venais d’acquérir un immeuble en plein Paris hausmanien et j’avais bien sûr loué les beaux appartements au prix fort, sans problème. Il me restait les chambres de bonnes sur les bras et la loge de la concierge. Et c’est pour ça que je suis allé voir en Angleterre, les dernières avancées du libéralisme en la matière. C’est eux qui ont inventé les apparts loués à la semaine ou au week-end pour les touristes. Un coup de génie : là où on pouvait louer à de pauvres étudiants qui n’étaient pas forcément solvables, un 9 mètres carrés pour 700 Euros, on pouvait facilement louer au même prix, à la semaine pour des riches russes ou des Japonais en vadrouille Paris. 700 fois 4, le calcul est vite fait...Même si on ne trouve pas à louer toute l’année et d'autant plus qu'avec deux ou trois magouilles avec les impôts, ça devient carrément rentable. Bref. J’étais à Londres, je travaillais le jour, j’allais de rendez-vous en rendez-vous, de diner en diner et je profitais de la nuit pour faire du tourisme à Soho, si vous voyez ce que je veux dire. J’avais presque oublié que je n’avais plus 20 ans. Et c’est justement dans les bras d’une charmante demoiselle de Soho que je fis un infarctus.»

L’heure avançait, Tim écoutait poliment. Il avait l’impression d’avoir en face de lui un de ces mecs super riches. Un autre monde, qu'on ne voit qu'à la télé, dans les séries. Il pensait évidemment à son agence d’intérim fermée, à la colère de ses patrons, très riches, eux aussi, qui n’hésiteraient à le virer...John repris son récit...


« - C’est pour ça que je suis au vittel, aujourd’hui, dit-il en buvant une gorgée. Alors voilà, j’étais en Angleterre sur le point de claquer dans un bordel, je ne voulais surtout pas qu’on prévienne ma femme qui m’aurait fait une scène bien mauvaise pour ma santé...Et pour mon couple. Alors je me suis fait embarqué à l’hôpital. Je n’avais pas ma carte vitale Européenne et d’ailleurs, en Grande-Bretagne, ça n’aurait pas marché. Et je voulais, autant faire se peut, que ma femme ne s’aperçoive de rien. J’ai dû payer les examens, les prélèvements,  les médicaments, les soins, l’opération (je me suis fait poser un stent), les journées et les nuits d’hôpital. J’ai senti passer la facture. Et ça a été comme une révélation : la sécurité sociale, c’est l’invention du siècle. Il faut tout faire pour conserver ce système en l’état. Parce que même si j’avais pu payer, je n’ai pas pu cacher la note à ma femme : ça faisait un trou dans le budget déco, je vous assure...Alors, imaginez-vous à ma place...»

Tim s’imaginait très bien, mort d’un infarctus, en plein milieu de Soho...
(à suivre)

 






samedi 13 août 2011

Trois films de droite ?

Juan serait-il entrain de nous faire un coming-out ? Il nous habitue lentement à ses goûts culturels de droite ! Etrange !

Il nous demande cette fois-ci de citer trois films qui, a priori, ne collent pas à notre conviction politique.

Je ne sais pas si un film est de droite ou de gauche. C'est un truc qui me dépasse.

En tout cas, j'aime beaucoup les films d'Yves Robert. Par exemple, Le Bal des Casse-Pieds.


Le Bal des casse-pieds - Bande annonce FR par _Caprice_

Ou alors, Un Éléphant ça trompe énormément.


Et sa suite, Nous irons tous au paradis.






Doivent aussi répondre Gabale, Nicolas, Juju, Disparitus, Ruminances, Dagrouik, YannDadavidov, Falconhill, Des pas perdus, Jean, El Camino, Jacques, Romain, Le Grumeau, Bembelly, Le Griffon, Guy Birenbaum, Ménilmuche, Slovar, , Seb, Trublyonne, Lolobobo, Romain le breton, Stef, Homer, Des fraises, Minijupe, Marc, un autre Romain, Vallenain, Melclalex, Cui cui, David, Vogelsong, CyCee, Euterpe, Eric, Olympe, Rimbus, GdC, Polluxe. Farfouillez !


CC

vendredi 12 août 2011

Trois chansons de droite ?

Des chansons de droite...Quelle idée ! C'est Juan qui pose la question. Cela ressemble au jeu Humiliation.

Vous connaissez le jeu Humiliation ? C'est David Lodge qui a inventé cela. Ses personnages sont des professeurs de Lettres, de brillants professeurs d'université. Quand ils se réunissent, ils jouent à ce jeu qui consiste à "avouer" un livre qu'on n'a pas lu. Attention ! Pas un livre méconnu du fin fond des réserves des bibliothèque, non. Un grand classique de la littérature que tout prof de lettres est censé avoir lu. Le but est donc de s'humilier. Le gagnant est celui qui n'a pas lu un livre que tous les autres ont lu.


Non, je n'écoute pas Sardou. Je hais Sardou !

Mais j'aime bien Elvis Presley. Presley, en 1955, était subversif, anti- Républicain. En vieillissant, il est devenu conformiste puis ringard, puis beauf. Malgré tout, j'aime bien. Même l'Elvis à rouflaquettes de la fin...


Elvis Presley - Suspicious Minds par fredozydeco

J'aime bien aussi Madonna. Elle a été subversive, elle aussi, au début. Jouant sur les symboles religieux, le blasphème et le sexe, elle choquait aussi les conservateurs. Aujourd'hui, on la voit en bonne mère de famille dans les journaux et elle est en passe de se ringardiser. J'aime surtout cet album de la fin des années 90 très inspiré de la musique de Kate Bush.


Madonna - Frozen par Warner-Music

J'aime, enfin, le vieux Sinatra, malgré son côté sale type. Mais quel chanteur...Même pour une chanson aussi conservatrice que celle-ci, tiens !



Il passe le relais à MrsClooney, Gabale, Nicolas, Juju, Disparitus, Ruminances, Dagrouik, YannDadavidov, Falconhill, Des pas perdus, Jean, El Camino, Jacques, Romain, Le Grumeau, Bembelly, Le Griffon, Guy Birenbaum, Ménilmuche, Slovar, Seb, Trublyonne, Lolobobo, Stef, Homer, Des fraises, Minijupe, Marc, un autre Romain, Vallenain, Melclalex, Cui cui, David, Vogelsong, CyCee, Eric, Olympe, Rimbus, GdC, Polluxe, et à celles et ceux qui veulent.

Fouillez !
CC

samedi 6 août 2011

Mélancolie et danse des canards

Un commentateur adorable et inspiré par un billet de ce blog m'a fait le cadeau délicat d'une vidéo : merci Rikki Nadir !

J'aimais beaucoup le groupe L'Affaire Louis Trio, quand j'étais petite...Que sont-ils devenus, d'ailleurs ?



"Ces petits bals perdus sont des abîmes de mélancolie couverts par le bruit de la Danse des canards."
L'Affaire Louis' Trio est un groupe français injustement décrié pour leur côté variétoche débile. Ils ont certes sorti des chansons faciles mais à partir de 1988 ont incorporé de la ' pop de chambre' délicate et de qualité sur leurs albums, aux accents beatlesiens et XTCiens. Cette chanson date de 1990 et apparaît sur l'album SANS LEGENDE.
Ne pas se fier, donc, à l'aspect Danse des Canards du groupe mais rester attentif/ve aux abîmes de mélancolie au bord desquels il a souvent rôdé.

CC

mercredi 3 août 2011

Qui se cache derrière ce pseudo ?

Voilà une question que l'on se pose, quand on met le pied - et le reste - dans l'internet. Je ne sais pas si ça porte bonheur, de mettre le pied dans l'internet. Si c'est le gauche, peut-être.

La question qui taraude l'internaute débutant, c'est celle de l'identité que l'on va adopter. Ou que l'on va se créer. Ou que l'on va révéler.

Être anonyme ou pas, c'est la première chose : en général, on opte pour un pseudo, pour commencer, parce qu'on se dit que si on fait des conneries de débutants, au moins, nos parents ne seront pas au courant.

Le choix du pseudo, c'est une galère. Posez-vous devant un formulaire de création de blog, ou devant celui d'inscription sur un forum ou sur un réseau social quelconque, et demandez-vous comment vous voulez qu'on vous nomme. Il faut trouver un truc original, ou pas, un truc marrant ou pas, un truc joli, quelque chose qui colle à votre personnalité.

Moi, devant mon écran, voilà dix ans, sans doute, j'étais bouche bée, avec ma connexion 56 K qui menaçait de lâcher et j'ai tapé CC. Pourquoi ? Pourquoi pas...

C'est simple, c'est court, c'est un truc de feignasse. Sans réfléchir, j'ai trouvé un pseudo qui résume bien mes principaux défauts. Cool.

Et puis on peut y lire beaucoup de chose : les junkies lisent CoCaïne, les profs de français, Complément Circonstanciel, les profs de maths, Centimètre Cube, les geeks Creative Commons, les mauvais esprits, Complétement Conne.

Ensuite, il faut se trouver un avatar. Une image belle, qui fait cultivé, ou qui prouve votre humour...Il faut faire preuve d'originalité et d'ergonomie...que l'image soit repérable au premier coup d'oeil. Tout au début, j'avais opté pour une petite coquillette arc-en-ciel.

Et puis maintenant, j'ai des images un peu plus fortes :


Je ne sais pas bien quelle image je renvoie, avec tout ça. Quelqu'un d'agressif ? Ou quelqu'un qui a la tête sous l'eau ?
Enfin, il y a ce qu'on écrit. Comment écrit-on ? Quelle est la voix que l'on veut faire entendre ? Comment masquer ou montrer sa personnalité ? Ce sont des questions étranges. On est ce qu'on est. Mais à l'écrit, les mots perdent une partie de leur sens, parce qu'on ne voit pas l'expression du visage, on ne lit pas dans les yeux, on ne peut pas décrypter le langage du corps.

Il faut faire avec cette contrainte et tenter de rendre son discours le plus clair possible. Sur internet, tout peut tout le temps être surinterprété, déformé.

Cela participe de l'image qu'on renvoie. 

Hier, j'ai rencontré quelqu'un que je ne connaissais que sur internet, depuis pas mal de temps. Elle m'a dit que j'étais conforme à l'image que je renvoie.

Mais quelle est cette image ?

Ce que je note, en écrivant cette article, c'est que tout ça est hyper narcissique. Le suis-je ?

CC

samedi 30 juillet 2011

Au revoir, @LeCoucou...

Pieter CLAESZ (1597-1661), Vanitas Still-Life, 1630.
C'est tellement difficile...

Un blogueur est mort.

Les relations que nous tissons ici, sur ces écrans immatériels et tellement froids, sont incroyables.

Je n'avais jamais rencontré Le Coucou. Jean-Louis. Pourtant, il me semblait familier. Nos échanges, très brefs, à travers un commentaire, à l'occasion d'une connivence d'idées ou de sentiment étaient toujours plein de chaleur, d'élégance, de douceur.

C'est étrange, ces sentiments qui passent à travers les mots. C'était son métier, les mots. Il écrivait très bien et j'avais eu l'occasion, d'ailleurs, de lui dire, une fois, qu'il était une des plus belles plumes, parmi les blogueurs. Cela l'avait touché, je crois.

C'est un personnage qui va me manquer et que je regrette de n'avoir pas rencontré.

On ne dit pas assez aux gens qu'on les apprécie. On pense que c'est une évidence. Pourtant...

Mais si les pensées s'envolent, les écrits restent, comme on lit souvent sur les tombes...

CC

mardi 19 juillet 2011

En avoir ou pas

Vinci - La Vierge et l'Enfant avec Sainte Anne
Il y a des moments, dans la vie d'une femme ou la question se pose avec douleur : avoir des enfants...ou pas.

Cette question s'impose à moi, avec plus ou moins d'insistance, parce que les filles de mon âge, les copines, les amies, les collègues, les cousines, tout le monde, me semble-t-il, a des enfants.

Les femmes de mon âge ont parfois cette tendance épouvantable à porter leurs enfants comme des oriflammes, comme des blasons, des sujets de fierté et de satisfaction, qui les rend insupportables.

Combien de soirées, de déjeuners, de discussions deviennent pesantes, lorsque le sujet s'engage sur les interminables maladies infantiles ou sur les réussites scolaires, sur les petites phrases tellement mignonnes, sur les progrès et sur les talents des petits des autres...

Et combien je me sens triste, inutile, stérile.

Je crois que j'en souffre trop pour en parler vraiment.

Mais je me sens en dehors de la société. Il m'apparaît alors qu'une femme doit être une mère pour être vraiment une femme.

Et pourtant ? Est-ce vraiment le cas, ou est-ce juste imposé par la société ?

CC

mercredi 25 mai 2011

J'adoooore faire des photos

Départ en Savoie
Des cerises















En fait, j'aime bien ça, mais je n'en fais jamais. Tout ça parce que l'appareil n'est jamais à portée de main quand il faut, parce que, mince, on a encore oublié de recharger la batterie, ou encore, parce que, ptain, on a oublié la carte mémoire dans l'ordi...

Mais là, j'ai trouvé la parade !!! Je fais des photos avec mon smartphone. De très chouettes photos, surtout depuis que j'ai découvert l'application instagram...C'est top, ce truc.

Résultat ? Je prends en photo tout et n'importe quoi...Vous en faites pas, ça me passera...ou pas...Peut-être que je passerai à la vidéo, plus tard...

Tommy, le chien qui a peur de l'orage


Une rose
Une rose fanée

Un village au bord de l'eau

Un dîner sur l'eau

Quelques nuages pour faire joli

 CC
Un coucher de soleil romantique : "Ô temps suspend ton vol..."

samedi 14 mai 2011

L'insignifiance du métier de prof

Vermeer - La Leçon
On est bien peu de chose. On a devant soi des élèves, trois ou quatre heures par semaine.

On les garde pendant une année scolaire. Parfois deux ou trois.

On a l'impression de les connaître. On les observe - mais moins qu'ils nous observent.

On les conseille, on les guide, on essaye de leur apprendre quelques petites choses. Des connaissances, des règles de grammaire, des fables de La Fontaine.

On leur parle, on leur dit "Bonjour, enlève ta casquette."

On leur sourit, on convoque leurs parents, on écrit des pages et des pages de commentaires sur eux, on fait des rapports, des conseils de classe, des concertations avec les collègues.

On s'en occupe. On les admire, on les déteste. On les maudit quand ils n'ont rien retenu de ce qu'on a raconté en classe.

Et puis ils s'en vont.

Quelques années plus tard, on a oublié le nom de la plupart d'entre eux. Mais parfois, on en croise un dans la rue et tout nous revient, comme par miracle. Comme si on avait relu tout le dossier scolaire la veille.

Souvent, je me souviens de mes années d'élève. J'étais une de ces jeunes filles discrètes, un peu rêveuse, je crois. Je ne sais pas si j'ai marqué mes profs.

Et aujourd'hui, je suis prof et je me demande si je marque mes élèves. Ce sont des questions idiotes. Il n'empêche que pour ma classe de 6ème, à vie, je serai leur prof principale, je serai leur prof de français de 6ème, la seule et l'unique qu'ils auront eue.

Moi, j'ai eu quelques profs inoubliables. Je me rends compte qu'ils ne sont pas si nombreux. Mais j'aimerais leur rendre hommage.

J'ai eu Mlle Broisin, en 6ème, deux ans de suite, parce que j'ai redoublé et encore en 4ème. C'était ma prof d'histoire-géographie. Elle me captivait. Je voulais être prof d'histoire-géographie, pour être comme elle. Pour connaître autant de choses, pour comprendre le monde, pour être engagée. Je ne sais pas bien expliquer la fascination que cette prof exerçait sur moi. Elle est sans doute à l'origine de mon intérêt pour la politique et pour le monde comme il va...Merci...

J'ai eu M. Bajard en 3ème. Un professeur de lettres classiques qui, le premier, m'a fait découvrir de grands textes, m'a donné le goût de la littérature. Il était aussi mon prof de théâtre. Le club théâtre, entre midi et deux, le spectacle de fin d'année...Des étapes essentielles pour ma construction personnelle. J'étais timide, introvertie. Grâce à lui, je me suis affirmée. Et puis, longtemps après, il a été mon maître de stage. Je me souviens qu'il m'avait dit : "Ne fais pas ce métier." Il avait raison. Et tort...

J'ai eu Mme Falquet en 1èreL. Professeur de lettres. J'ai découvert Baudelaire, Flaubert, Rousseau, j'ai appris à lire un poème, avec elle..."La rue assourdissante autour de moi, hurlait..." J'ai appris la beauté des mots, leur passion. Elle nous bousculait. Je pense que je ne lui pas laissé de souvenir. Cette classe de 1ère L, quel calvaire...Toutes ces blondes évaporées aux préoccupations tellement éloignées de la littérature...

J'ai eu Mlle Bauduin, à la fac. Une vieille prof comme on en faisait déjà plus depuis longtemps. Une professeur rigoureuse et amoureuse de la langue française. J'espère qu'elle ne lira pas ce blog, elle le trouverait tellement mal écrit...Mais elle m'a tant appris. Avec elle, en un an, j'ai fait mes humanités. Les autres étudiants la craignaient ou la détestaient. Je m'entendais plutôt bien avec elle...

M. Juillard était de la même génération. Il nous méprisait. Nous ne savions rien et il avait raison. Lui aussi m'a fait progresser à une vitesse folle, grâce à son intransigeance.

Enfin, toujours à la fac, j'ai eu M. Longuet. Lui, c'est autre chose. C'est un génie. Il parlait deux heures sans note, faisait des explications de textes magistrales, des lectures époustouflantes. C'est un séducteur. Il m'a fait aimer Louis-Ferdinand Céline...

Les professeurs sont parfois des modèles et j'ai encore bien des progrès à faire...

CC

dimanche 24 avril 2011

Ecrire

Le processus d'écriture d'un article sur mon blog peut être assez long et complexe.



La plupart du temps, il commence bien avant que je me mette devant le clavier. Il faut d'abord trouver un sujet. Le sujet, c'est l'actu qui me le donne : ce que j'entends à la radio, le matin, ce que je lis en parcourant le net, ce que j'aperçois à la une des journaux, ce que j'entrevois à la télé.

Ensuite, il faut trouver un angle d'attaque. Il faut tenter de l'aborder d'une manière, non originale, mais qui me soit propre. Ce n'est pas le plus simple. C'est véritablement une idée qu'il faut trouver, pour le coup. Pour cela, je me pose des questions : pourquoi ce sujet m'intéresse, pourquoi m'a-t-il interpelé, pourquoi j'ai envie d'écrire là-dessus.

Une indignation, un sourire, un tristesse, une incompréhension...

Ensuite, il faut structurer l'article, trouver une progression, faire en sorte que ça parte de quelque part et que ça arrive à quelque chose. Un début, une fin. Quelque chose de logique et de compréhensible.

Tout ce processus se fait mentalement, sans prendre de note.

Dans ma tête, bizarrement, mes phrases sonnent mieux que sur le papier. Quand je me mets à écrire, je suis toujours un peu déçue.

La rédaction me demande de la concentration. Pas question qu'on m'adresse la parole, je ne répondrais que distraitement.

Et puis il faut mettre des liens, une image, pour égayer et étayer le propos. Il faut choisir quelques tags, pour classer l'article dans des catégories.

Souvent, j'oublie de relire avant de cliquer sur "Publier le message". C'est un tort : ça m'oblige à éditer plein de fois mon billet. Et surtout j'ai honte de voir ces fautes en ligne.

Dernière chose à faire : publier la Bonne Nouvelle sur twitter.

Voilà...

Ce soir, j'ai écrit comment écrire, faute de savoir quoi écrire. Un peu comme une certaine littérature moderne...

CC

lundi 11 avril 2011

Religions

J'ai un vrai problème avec la religion.



J'ai eu une éducation religieuse : messe tous les dimanches, catéchisme, communions, confirmation...

J'avais une Grand-mère pour qui cela comptait. Quand on est enfant, s'ennuyer à la messe le dimanche n'est pas sans laisser un goût pour le mystique, pour le silence, pour l'odeur de l'encens et pour les jolis contes de la Bible.

Quand j'étais petite, je crois bien que la soeur Germaine qui nous faisait le catéchisme m'avait convaincue de rentrer dans les ordres, par sa douceur et la façon si ronde qu'elle avait de raconter les mystères et les miracles de Jésus. Je m'étais persuadée d'être une appelée, d'avoir la vocation.

Et puis le temps a passé. Les belles histoires perdent de leur charme quand on les raconte chaque année. Et lorsqu'on se met à les entendre d'une oreille raisonnable, on se demande pourquoi il faudrait plus y croire qu'au Père-Noël, à la fée Clochette ou au marquis de Carabas.

On voit soudain les failles. On voit soudain que tout cela est liberticide. Que tout cela va à l'encontre de la loi des êtres humains.

Je ne crois pas en Dieu. Ou alors un Dieu cruel comme dans l'Ancien Testament. Ou encore un Dieu qui nous a abandonné, il y a longtemps, lorsqu'il a vu que son jouet était cassé.

A la fac, j'ai étudié la Bible et je me suis penchée aussi sur le Coran. Force est de constater que ce sont les mêmes contes et légendes qui composent ces deux livres magistraux. Car oui, c'est de la belle littérature. On a repris les mêmes personnages, dans le Coran, les mêmes situations. On a interpréter l'histoire un peu différemment, on a fait de Jésus un prophète.

En tout cas, je vois le danger de la religion qui affirme sa vérité comme la Vérité. C'est le cas des trois religions monothéistes les plus répandues. Difficile de cohabiter quand on est trois à prétendre détenir la Vérité absolue...

Et puis il y a les fameux principes qu'imposent chaque religion : ne pas manger ceci, ne pas boire cela, ne pas coucher avec celui-là, encore moins avec celle-là...Ne pas s'habiller comme ci ou revêtir cet affreux chapeau...

Bref, tout cela est absurde.

La religion a produit de belles choses, cependant : elle a permis aux hommes de se surpasser. De produire des œuvres d'art. J'admire cela. Mais je n'oublie pas que c'est le fait des hommes. Les plus beaux livres ont été écrit pour parler de Dieu. Mais toujours les auteurs évoquent le doute. Sans le doute, pas de mysticisme. On est jamais sûr de rien. On connaît bien peu de St Paul...

En tout cas, aujourd'hui qu'a été voté cette loi sur la burqa, je suis partagée entre plusieurs sentiments : cette loi devrait être inutile, l'infâme devrait être écrasé depuis longtemps, cette loi ne concerne que quelques folles ou que quelques maris tyranniques qui imposent cette horreur à leur femme...

En même temps, il me semble important de dire et de redire que la religion ne doit pas gêner la vie et les lois de la République. Toujours la loi des hommes, lorsqu'elle est démocratique, doit prévaloir sur la loi d'un Dieu présupposé.

Mais dans le fond, je ne suis pas profondément choquée par ces femmes qui décident de se cacher ainsi. J'ai eu quelques élèves tentées par ce déguisement. Je me souviens d'une en particulier : elle était convertie. Elle s'appelait...Jennifer ou Brenda, vous voyez...Elle était en pleine crise d'adolescence. Et ses parents ne voulaient pas entendre parler de ça. Mais elle a pris le voile, elle a arrêté de manger du porc et s'est affirmée comme convertie.

Au niveau des idées à la con, c'était la pire. La plus extrême : du genre à regarder la composition des bonbons avant de les manger, à ne pas manger à côté d'un non musulman...

Bref, du grand n'importe quoi. Comme s'il fallait qu'elle prouve qu'elle était encore plus musulmane que les musulmans.

Aujourd'hui, ça lui a peut-être passé. Allez savoir, elle est peut-être gothique, maintenant. L'adolescence a de ces mystères...Et de ces provocations...

N'empêche que dans les reportages télé que j'ai vu ce soir (sur France 2 et sur M6), j'ai repéré au moins deux "converties" parmi les emburquées interviewées...

Rien d'étonnant...

CC

dimanche 3 avril 2011

Complexes ?

Toujours, j'ai préféré les grosses dames des tableaux de Rubens aux figures infernales d'un Jérôme Bosch.



Comme nous l'apprend Goya, les femmes maigres vieillissent mal.



Au delà de la peinture, qui n'a rien à voir là-dedans, les filles de ma génération me donnent souvent l'impression d'entretenir avec leur corps un commerce étrange.

Dès le collège, il m'a semblé croiser beaucoup d'anorexiques et de boulimiques. Beaucoup de gens ayant un rapport difficile avec leurs formes et avec la nourriture.

Moi la première, d'ailleurs.

Certes, je n'ai jamais souffert d'anorexie ou de boulimie. Mais dès mon plus jeune âge, j'ai connu des moqueries sur mon physique : "squelettor", "maigresse" ou encore "grignette", comme disait ma grand-mère, qui pensait qu'il valait mieux faire envie que pitié, voilà mon péché : j'étais trop maigre.

Je n'y pouvais pas grand chose, je mangeais normalement. J'ai des parents agriculteurs qui font une cuisine équilibrée, qui ne nous ont jamais acheté des cochonneries, qui mangent à heures fixes...

J'ai passé mon enfance à courir dans la nature aussi, à me dépenser physiquement.

A l'âge de l'indépendance, en entrant à la fac, j'ai décidé qu'il me fallait des formes un peu plus féminines, alors j'ai tenté de manger plus et plus mal...Bof...Jusqu'à 25 ans, je suis restée très fine. Ce n'est qu'à partir de cet âge que j'ai attrapé, enfin, quelques bourrelets et des nichons. Je suis heureuse comme ça.

Mais il est vrai que la société nous pousse à n'être jamais satisfait de ce que l'on a.

Ce ne serait pas grand chose, si les maux n'étaient pas aussi profonds...

CC