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dimanche 30 décembre 2012

Repas in progress : la bûche piña colada !

Il faut toujours commencer par la fin. Donc, la bûche, c'est fait.

Cette année, c'est une bûche des îles : noix de coco, ananas.

Pour le biscuit :
- 3 œufs
- 100 grammes de sucre
- 80 grammes de farine.

Préchauffez votre four à 200 °C
Battre les jaunes avec le sucre.
Battre les blancs en neige.
Ajoutez doucement la moitié de la farine aux jaunes.
Ajoutez doucement la moitié des blancs.
Ajoutez le reste de la farine. 
Ajoutez le reste des blancs.
Étalez la préparation sur une plaque qui va au four, préalablement beurrée. Cuire durant 8 à 10 minutes, en surveillant.
Au sortir du four, roulez le biscuit dans un torchon humide.

Pour la garniture : 
- 400 grammes de lait de coco
- 100 de lait
- 2 œufs entiers, deux jaunes
- 40 grammes de farine
- 1 sachet de sucre vanillé
- 70 grammes de sucre
- Un petit ananas
- Une bonne rasade de Malibu Coco.

Mélangez le lait de coco, le lait, les œufs, la farine, le sucre et le sucre vanillé dans une casserole, portez lentement à ébulition en remuant constamment. En 7 ou 8 minutes, vous devez obtenir une consistance épaisse. Retirez du feu et mettez dans un mixeur, avec l'ananas épluché et coupé en petits morceaux. Mixez. Ajoutez le Malibu.

Fourrez votre bûche.

Vous pouvez aussi la décorer avec du chocolat fondu, de la noix de coco en poudre et un petit renne ridicule.

CC

vendredi 28 décembre 2012

En avance ?


Doit-on présenter ses vœux avant Noël ? Après le jour de l'an ? Entre Noël et le jour de l'an ?

La bienséance dit quoi, à ce sujet, brûlant s'il en est...?

CC

jeudi 27 décembre 2012

Noël difficile

Ne pas avoir le temps d'écrire, c'est un vrai problème. Ne pas avoir le temps de m'asseoir devant le clavier, le temps de fermer les yeux un instant en me demandant ce qui a compté aujourd'hui, ce que je retiens, ce que je retire, quelle leçon j'ai prise, de quel fait marquant ou insignifiant il faudrait que je me souvienne, quelle réflexion m'est passée par la tête...c'est un peu comme si je manquais un repas, comme si je dormais mal.

C'est une thérapie, j'en ai bien conscience...

Bref. Ces derniers jours en famille ont été plein d'émotions, de souvenirs, d'absence, d'amour et de tristesse.

Il m'est très difficile de parler de cette tristesse, surtout avec ma mère. Je ne sais pas trouver les mots qui réconfortent. Je suis trop à ma tristesse, moi-même, peut-être...

La mort de mon père m'est encore irréelle, j'ai toujours l'impression qu'il est juste parti pour quelques jours, pour quelques heures et qu'il va passer la porte avec sa grosse voix et sa bonne humeur. Quand je réalise qu'il ne reviendra pas, c'est toujours la même terreur, le même sentiment de vide qui m'envahit...

C'était un Noël bien difficile...

CC

dimanche 23 décembre 2012

Aujourd'hui, j'ai pris des photos

On est allées au marché de Noël, avec Maman. On a mangé libanais. On s'est étonnées de la hauteur et du débit du Doubs. Aujourd'hui, le Doubs était dingue.




Et la température était de 15°C.



Postapocalyptique.



CC

vendredi 21 décembre 2012

C'était 22h à peine, ce vendredi-là

Ce soir, j'ai envie de chantonner cela...



Bonne soirée, tout le monde...La dernière, avant la prochaine...

CC

jeudi 20 décembre 2012

Les larmes d'une dame

Aujourd'hui, j'ai fait pleurer une dame. Je ne suis pas fière de moi. J'ai manqué de tact et la situation était explosive. Je n'ai aucune excuse. J'ai manqué de discernement.

Il y a des jours, pourtant, où l'on sent bien que les choses peuvent déraper à tout moment. Il y a des jours où l'on décide de dire tout, aussi, et finalement, c'est peut-être bien de dire tout.

J'ai fait pleurer une dame, mais ce n'était pas celle qui aurait dû être touchée par mes propos. C'est dommage. Ce sont toujours les moins concernés qui se sentent visés. Sans doute les plus consciencieux.

J'ai présenté mes excuses, évidemment. Elle a compris que ce n'était pas d'elle que je parlais. Elle a accepté mes excuses. Mais tout de même, c'est la première fois que je fais pleurer une dame.

CC

mercredi 19 décembre 2012

Ces enfants-là sont les enfants de la France


Christiane Taubira défend le mariage pour tous à... par TETUMAG

Ça me plait bien, à moi, un peu de véhémence, de verve et d'énervement à l'assemblée. Surtout avec ce charmant accent et cette voix rauque. Merci, Madame Taubira.

CC

La vieille dame au chien blanc

Ma voisine du dessus est une dame âgée mais bien arrangée, toujours pomponnée, attifée de vêtements à la mode, qu’on ne peut pas qualifier d’élégants mais qui sans être tout à fait vulgaires, donnent l’impression d’une jeunesse certaine. Pourtant, elle a bien 75 ans, mais ses cheveux ne sont pas blancs, ni même violets. Elle traîne toujours au bout de son bras une boule de poils blanc aux yeux stupides et crottés, mais parfaitement toiletté, une sorte de caniche à lissage brésilien.

A chaque fois que je la croise dans l'ascenseur, avec son très vieux petit chien blanc, elle me demande toujours la même chose : «Alors, encore en vacances ?». Parfois, elle remplace l’adverbe «encore» par «toujours» ou par «bientôt». Elle sait que je suis professeur, naturellement. Je ne ne suis pas toujours en vacances. Souvent, quand je la croise, je rentre exténuée d’une journée avec des mioches de 11 ans, bavards et déconcentrés.

Une fois, exaspérée, je lui ai répondu : «Et vous ? Toujours en retraite ?»

Elle m’a rétorqué, l'air las, implorant presque la pitié : «Oh ! Vous savez, c’est long, les journées, quand on n’a rien à faire...Je m’ennuie.»

Elle passe ses journées à promener son épouvantable petit chien blanc, elle a rendez-vous régulièrement chez la coiffeuse et la manucure. Elle tient d’ailleurs à l’horaire et au jour de ces rendez-vous. Elle n’a rien d’autre à faire, mais elle ne veut, pour rien au monde changer ses habitudes.

Oui, sa vie doit être ennuyeuse. Peut-on plaindre quelqu’un qui a une vie ennuyeuse mais qui ne fait rien pour en changer ?

En plus, son horrible petit chien blanc brise nos grasses matinées chaque dimanche matin à 8h00, en aboyant au-dessus de nos têtes.

La vieillesse est parfois un naufrage.

CC

mardi 18 décembre 2012

Deux journées sous la pluie

Une journée sous la pluie, une journée à motiver les élèves, à les avoir autour de soi, leur apprendre des choses sur la ville où ils vivent, les accompagner, un peu comme si on était leurs parents, parce que leurs parents, pas tous, en tout cas, n'ont pas tellement le temps ou l'habitude de faire des sorties avec eux. C'était une journée pluvieuse, mais utile.

Une autre journée sous la pluie, avec des journalistes et des collègues, pour expliquer que malgré la journée précédente, il y a une recrudescence de la violence dans notre établissement. Qu'avec des élèves comme les nôtres, il faut un cadre, des règles et des gens qui les incarnent. Il faut une autorité claire et lisible, pour ces enfants.

Le problème, c'est qu'à la maison, on leur met des claques quand ils ne rangent pas leur chambre. A l'école, on leur dit "C'est pas bien", avec un sourire, quand ils manquent de respect à un adulte. Ils ne comprennent pas. Évidemment, il n'est pas question de frapper les élèves. Mais il faut bien, pourtant que l'autorité soit incarnée, que les règles soient claires et que quelqu'un les fasse respecter. Cela paraît simple, pourtant, non ?

Et la première journée sous la pluie prouve que c'est possible de faire quelque chose de bien avec ces élèves-là...

CC

lundi 17 décembre 2012

Sortir dehors

Au début, je ne le disais pas. Je ne me le disais même pas. C'était au lycée. Je savais déjà, c'était une évidence. Mais je ne me le disais pas. J'étais amoureuse d'une fille, oui. Mais de là à me dire, même dans ma tête "Je suis homosexuelle", c'était une sorte de cap infranchissable.

Alors de là à le dire à quelqu'un d'autre, c'était hors de question.

Par écrit, sur mon journal intime, dans d’absconses formules, je disais que j'étais amoureuse d'une fille, oui. Dans Les Fleurs du Mal, je lisais les vers abscons du poète et je frissonnais. Mais de là à dire, "Oui, je suis lesbienne...", non, c'était impossible.

J'avais une amie ouverte, artiste, libérée. J'aurais pu lui confier mon secret. Elle aurait compris, bien sûr. Aujourd'hui, je me le dis, elle aurait accepté, sans ciller. Cela lui aurait plu, même. Mais je n'ai rien dit. Pendant longtemps encore, j'ai tenu cela secret, même pour moi.

Et puis un jour, je me le suis dit. Petit à petit, je l'ai dit à voix haute, rien que pour moi. Puis je l'ai dit à celle que j'aimais. Puis à quelques amis. Je l'ai vécu, de plus en plus, de mieux en mieux. Et j'ai franchi le cap : mes parents, ma famille...

A chaque fois, cela a été un défi, un moment difficile et une libération tout à la fois. C'est devenu de plus en plus simple, avec le temps.

Aujourd'hui, je le glisse au détour d'une conversation, de manière anodine. Cette vérité ne me fait plus peur.

CC

samedi 15 décembre 2012

Pourquoi nous n'aurons pas d'enfants sans la loi...

Je suis homosexuelle, mais j'ai quand même un utérus et ma compagne aussi.

C'est étonnant, la nature est bien faite.

Par conséquent, si la loi qui est prévue passe, alors j'aurai des enfants. Ma compagne et moi, nous en ferons.

Si nous attendons que la loi passe, c'est parce qu'il nous semble inconcevable d'avoir un projet d'enfants en commun sans que la loi puisse les reconnaître et les protéger. Je m'explique : si la PMA est ajoutée au projet, alors ma compagne se fera inséminer.

Si la PMA ne passe pas, alors nous irons enrichir la Belgique et les médecins de ce beau pays, qui inséminent avec beaucoup de grâce les lesbiennes françaises, depuis 10 ans déjà.

Quoi qu'il en soit, j'adopterai alors l'enfant qui naîtra dans un foyer aimant. Si je l'adopte, alors, il aura deux parents légaux, ce qui est plus sécurisant, en cas de séparation, de décès ou simplement, en cas d'admission aux urgences ou de sortie de l'école.

L'adoption, dans le cadre de la loi pour le mariage pour tous, sera sans doute principalement utilisée dans ces cas-là : ce seront des adoptions d'enfants de conjoints, pour les protéger. Voilà un argument de plus contre ceux qui pensent que les homosexuels sont dangereux pour les enfants : nous cherchons à leur offrir plus de sécurité, un cadre légal, une protection par la loi. 

A ceux qui me demandaient, jusqu'alors, pourquoi nous n'avions pas d'enfants, j'avais coutume de répondre que c'était illégal. Souvent les gens ne comprenaient pas : les femmes peuvent avoir des enfants, même si elles ne sont pas mariées, même si elles vivent seules. Oui. Mais c'est un projet de couple que j'ai. Pas un projet de célibataire.

CC

jeudi 13 décembre 2012

Cher Journal...

Cher Journal,

Aujourd'hui, comme hier, je suis fatiguée. C'est une sorte d'épuisement moral que je ne connaissais pas et qui me terrasse depuis quelques semaines.

Je n'arrive pas à dormir et je vaque à mes occupations comme un zombi. "Bonjour, bonjour, entrez, asseyez-vous, sortez vos affaires. Chut !". Je sais que je suis vraiment exténuée quand je commence à faire "Chut !" même quand il n'y a pas de bruit. Les élèves doivent me prendre pour une cinglée.

"Chut !"

"Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille." Comme disait l'autre.

Avant-hier, j'ai même commis un acte manqué. Je me suis trompée de jour dans mon emploi du temps, tout ça pour échapper à un rendez-vous que je ne voulais pas honorer. Mon cerveau me protège. Merci à lui. Il est en pilote automatique.

Ce soir, j'ai eu Maman au téléphone. Je ne sais pas quoi faire de mon chagrin et de ma fatigue et je sais encore moins quoi faire du chagrin de ma mère. Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi faire. Je suis empotée, empêtrée, empêchée. Je ne sers à rien.

Pourtant, trouver les mots, en général, je sais. J'y arrive. Mais là, je ne peux pas. Et Noël qui approche, avec son lot de souvenirs, tous ces bons moments partagés, ces Noëls d'enfance, qui vont nous revenir, le bonheur des repas exceptionnels que mon père nous préparaient...Il faudrait pouvoir changer les habitudes, ne rien faire comme avant. Mais ce sera difficile, parce que la vie continue. Et puis que faire ? Partir, ne voir personne, voir d'autres personnes, mais qui...?

La vie continue et il faut faire avec...Il faut faire sans.

CC 


mercredi 12 décembre 2012

Une maladie ?

"Mais tu te rends compte : si on autorise de mariage pour les homo, il va y en avoir encore plus !"

C'est une crainte plausible : en effet, il se peut que l'homosexualité soit contagieuse. Certains pensaient que c'était génétique, mais après une courte réflexion, on se rend compte que tous les homosexuels sont nés de parents hétéros. Mais cela saute peut-être une génération, qui sait. Moi, mes 4 grands-parents étaient hétéros...

Cette croyance voudrait qu'on attrape l'homosexualité comme une maladie, au contact d'autres malades. Je n'ai pas rencontré beaucoup d'homosexuel dans ma jeunesse. Dans mon petit village de Savoie, je peux même dire que je n'en croisais que très exceptionnellement. Et pourtant...

Une anecdote me revient, à ce sujet : c’était lors d’un voyage scolaire à l’école primaire. Je devais être au CM1, et nous logions dans un hôtel, à plusieurs par chambre. Je devais dormir dans un grand lit avec une camarade. Avant de se coucher, elle m’a dit quelque chose du genre «J’espère que tu n’es pas homosexuelle.» Je ne connaissais même pas ce mot, je lui ai demandé ce que cela signifiait. Elle m’a répondu que c’était les filles qui font l’amour avec les filles...Je n’ai pas compris pourquoi c’était un problème...Mais j’ai compris que je l'étais...

Bref. Encore une fois, c'est un état de fait : on l'est avant même de savoir ce que c'est. Étrange maladie !

Par contre, ce qui est vraiment plausible, c'est que le mariage décomplexe certaines personnes. Il se peut que des homosexuels qui n'assumaient pas, qui avaient peur, qui ne vivaient pas leur sexualité, prennent conscience que la société est plus ouverte et qu'il est possible d'être heureux en étant homo. C'est peut-être cela que craignent les gens opposés au mariage. Peut-être qu'ils se disent : "Mon fils est honteux, il est au bord du suicide parce que je suis un homophobe qui vais manifester tous les week-ends contre les PD et les gouines. Si le mariage passe, il va peut-être décider de sortir du placard...La honte, pour moi...Vaudrait mieux qu'il se suicide..."

Peut-être que la maladie n'est pas là où on le pense...

CC

mardi 11 décembre 2012

Sexe ?

Imaginez. Je suis dans la salle des profs, à la machine à café, avec Nanard, le prof de techno. Il est gentil, mais il est un peu beauf. Il me demande ce que j'ai fait ce week-end avec mon mec. Machinalement et parce que je déteste mentir, je rectifie : "Avec ma meuf..."

Immédiatement, dans les yeux de Nanard, une lueur malsaine s'allume. C'est tous les pornos qu'il s'est matés ce week-end qui lui reviennent : les blondes pulpeuses et refaites qui se caressent...Des tas de visions de cunni défilent devant ses yeux.

Il porte son café à sa bouche, la manque et s'asperge avec le liquide brûlant. 

Bref. Je suis homosexuelle. Dans homosexuelle, il y a sexe.

Dans hétérosexuelle aussi, remarquez. Mais personne ne dit jamais "Je suis hétérosexuel." Et même, d'ailleurs, quand une femme dit "Avec mon mari...", on ne pense pas immédiatement au sexe.

Une relation amoureuse ne se résume pas à cela, pour les hétéros, c'est une évidence. Pour les homos, c'est différent. Imaginez la même scène avec un homme qui parlerait de son mec, alors Nanard aurait aussitôt pensé à la sodomie.

C'est réducteur et c'est avilissant : dans mon couple, comme dans tous les couples, il y a des sentiments, des projets communs, des voyages, des valeurs partagées, des souvenirs, la vie quotidienne, la famille, les amis...et tellement plus. Il y a du sexe, aussi, bien sûr, comme dans tous les couples. Mais pourquoi certains ne voient que cela ?

CC

lundi 10 décembre 2012

Je n'ai rien choisi

La nature...
J'entends et je lis en ce moment un argument d'un autre âge : "l'homosexualité est un choix de vie. C'est une mode, ceux qui le sont le font exprès." Hormis une profonde ignorance et une bêtise crasse, c'est un manque de retour sur soi. En effet, est-ce qu'un hétérosexuel a choisi quoi que ce soit ? Ce que je rétorque à ceux qui me disent cela, c'est "Essayez donc, parce que c'est à la mode ou juste pour vous confronter au problème, par bonne foi scientifique, de devenir homosexuel, juste pendant une heure..."

Parce que pour choisir de "devenir" homosexuel, il faudrait avoir le profil d'une victime. Prendre délibérément la décision d'être rejeté par ses parents, moqué dans la cours de récré, placardisé au boulot, parodié à la télé, caricaturé dans les médias. Il faudrait avoir de solides tendances maso.

A l'adolescence, on m'aurait dit : "Allez, on arrête de t'embrouiller les hormones, désormais, ce n'est plus pour Simone que tu frissonnes, mais pour John.", j'aurais dit "Banco !". Sans réfléchir. Juste parce que je n'aurais pas presque tué mon père en lui apprenant ça. Juste parce que j'aurais eu une vie bien tracée, que j'aurais pu me marier et que j'aurais eu des enfants, sans me poser des questions. Je suis quelqu'un de simple, je n'ai pas de rêves hors de ma portée. J'aurais aimé ça, moi, être hétéro. Mais la nature a voulu autre chose pour moi.

Vous allez me dire comme mon père, sans doute : "Tu n'as pas essayé, tu n'es pas tombé sur le bon..."

J'ai essayé. Je ne suis pas du genre qui renonce. J'ai tenté de forcer la nature. Je me suis dit, peut-être qu'un pénis me fera voir les choses autrement. Je suis de nature rieuse, alors j'ai ri. Mais ça n'a rien changé. Je n'ai pas frissonné et je n'ai pas cessé de penser à Simone. Je ne suis pas tombé sur le bon, qui sait. Pas sur les bons...Mais mis à part Elvis Presley - jeune - qui aurait fait une belle gouine à mèche, aucun homme n'a provoqué d'émotions profondes en moi. C'est comme ça.

Il y a donc eu un moment où je me suis rendue l'évidence. Pour vivre heureuse, il faut que j'assume ce truc naturel qui m'est tombé dessus : j'aime les filles, alors je suis lesbienne et je vais tenter d'être heureuse quand même. Et je le suis, merci. Je vis avec l'amour de ma vie. (Non, c'est pas Simone, finalement...)

Mais aujourd'hui, ce débat et tout ce qu'il provoque me fait mal. Il réveille des souvenirs que j'avais réussi à endormir...Et pourtant, je n'ai rien choisi.

CC

dimanche 9 décembre 2012

Parler de politique ?

C'est bête. J'ai dit que j'arrêtais de publier des billets politique sur mon autre blog quelques minutes avant une bonne nouvelle, une belle annonce de mon ministre de l'éducation : demain, une campagne de recrutement de 43 000 postes va commencer dans l'éducation nationale.

En soi, c'est déjà pas mal. J'espère que cela va régler, au moins partiellement le problème des TZR, des postes partagés et des classes surchargées.

Ensuite, il a annoncé plusieurs petites choses qui me plaisent particulièrement : par exemple, mettre le numérique au coeur des établissement. Voilà une idée intéressante. Au collège, cette année, quelques ordinateurs ont été changés car les anciens ordinateurs tournaient encore avec Windows XP, un système sorti il y a plus de dix ans. Ces vieux coucous mettaient des minutes entières à démarrer, plantaient souvent et parfois ne marchaient plus du tout. On va me dire qu'avant que les élèves puissent se servir de ces engins, il serait bon qu'ils sachent se servir d'un stylo. Mais il faut aussi vivre avec son temps...

Le ministre a évoqué aussi un travail particulier sur la liaison entre la primaire et le collège. Là aussi, je ne puis qu’acquiescer : les élèves subissent un tel changement quand ils arrivent au collège que beaucoup sont complétement désorientés, ils ne comprennent pas du tout ce qu'on leur demande. Ils ne comprennent pas pourquoi soudain ils doivent avoir leurs affaires, pourquoi ils doivent devenir autonomes, se déplacer entre les classes, changer de professeurs. Pour des petits de 10 ans, c'est violent. Cette année, d'ailleurs, je travaille avec des collègues sur ce sujet et c'est très intéressant.

Enfin, il a parlé des enfants décrocheurs. Là aussi, c'est un problème qui est au coeur de nos préoccupations, à nous, les profs.

Ceux qui nous pourrissent une classe parce qu'ils ne comprennent rien, les absentéistes pour qui on s'inquiète, les élèves qu'ils faudrait orienter autrement dès le collège...Ah ! Ce collège unique qui est une telle aberration pour ces enfants-là, qui ne sont pas faits pour les études...

Personnellement, dans mon collège, j'ai un statut un peu particulier : je suis professeur "référent". Cela signifie que quelques heures de mon emploi du temps ne sont pas consacrées à une classe entière, mais que j'aide des collègues dans leur classe, en suivant particulièrement ces élèves qui décrochent. Je suis à côté d'eux pour leur dire "Prends le livre à la page 14, souligne ce mot, il est important, tu es sûr de l'avoir bien compris ?..." Juste le rôle que les parents devraient avoir à la maison quand les gamins font leurs devoirs, juste un rôle bienveillant, qui permet à l'élève de se rassurer et de comprendre l'importance de ce qu'il est entrain d'apprendre. Et puis j'interviens aussi, parfois, en tutorat : des sortes de cours particuliers. Soit pour les élèves très bons qui veulent aller plus loin, soit pour ceux qui ont besoin d'aide et qui n'en trouvent pas à la maison...

Dans ces situations, j'ai l'impression de faire du bon boulot. Quand j'étais petite, j'avais ma mère, à la maison qui me faisait réciter les tables de multiplication et qui m'écoutait quand j'apprenais mes poèmes. C'était important. Tout le monde n'a pas la chance d'avoir cela à la maison...L'école doit donc prendre le relai.

Merci M. Peillon.

CC

samedi 8 décembre 2012

Comme des attaques personnelles

Ce matin, au petit déjeuner, la radio me disait déjà qu'il y aurait des manifestations contre moi. Je prends le dossier trop à cœur. Je personnalise, je suis égoïste. On me dit pourtant que c'est pour le bien de l'humanité qu'on me refuse le droit d'être comme tout le monde. De l'humanité toute entière que je mets en péril si jamais je me mettais à avoir les mêmes droits que tout le monde.

Il y a des gens très bien, d'ailleurs qui émettent des réticences face à mon mariage. Des gens que j'estime par ailleurs et qui partagent les mêmes valeurs que moi : celle du socialisme. Par exemple, il y a la député-maire de Chambéry, Bernadette Laclais. Je l'estime, parce qu'elle a écrit de jolies choses pour l'enterrement de mon père et que je sais qu'elle est une femme de convictions et qu'elle fait du bon travail sur le terrain. Il n'empêche qu'elle émet des réticences. Elle en a le droit, bien sûr. Même si je ne comprends pas, au nom de ces valeurs que nous partageons par ailleurs.

Je ne me sens pas moins légitime qu'un couple hétérosexuel pour être protégé par la loi et j'espère qu'on ne juge pas ma relation de couple de moins bonne qualité que celle d'un couple hétérosexuel.

Je ne pense pas que ma compagne mérite de se voir sans droit sur mon héritage, si je meurs. Je ne pense pas qu'elle mérite de se voir rayée de ma vie.

Si la vie le veut, j'aurais des enfants, moi aussi. Et nous serons des parents comme les autres : aussi aimants et aussi démunis devant leurs larmes, au début. Aussi soucieux de la réussite de leurs études, aussi désarmés devant leur crise d'adolescence, sans doute. Mais pourquoi, si je n'ai pas porté ces enfants mais que je les ai élevés, ils me seraient arrachés si ma compagne meurt.

Si la loi me protège, d'autres seront-ils lésés ? 

CC

vendredi 7 décembre 2012

Les Chroniques Mauves

En ce moment, comme j'ai énormément de travail et que j'ai l'impression que je ne m'en sortirai jamais, je m'évertue à chercher des dérivatifs. Et je trouve.

Cette après-midi, je suis tombée sur une BD qui s'intitule "Les Chroniques Mauves". Cela raconte l'histoire de trois générations de lesbiennes qui se croisent et se recroisent à l'occasion des moments marquant de l'histoire lesbienne entre les années 1960 et nos jours.

C'est une BD à plusieurs mains, donc un peu inégale, tant graphiquement que pour la narration. C'est aussi plusieurs partis pris, plusieurs angles qui se mêlent, mais c'est ce qui fait la richesse de ce travail.

J'ai appris des choses, j'ai souri et j'ai même été émue. C'est à lire...

CC

jeudi 6 décembre 2012

Aller de l'avant

J'ai découvert aujourd'hui que je suis quelqu'un qui va de l'avant.

La vie me pousse ou me tire, je ne sais pas. Mais je ne suis pas du genre à m'apitoyer tellement sur mon sort. Mon père est mort, voilà plus de deux mois maintenant. C'est un vide immense, c'est une douleur terrible. Mais la vie continue. Je continue même de rire. Au début, je me demandais si je pouvais. Je crois que je culpabilisais.

Dès mon retour au travail, j'ai détesté qu'on me demande si ça allait, avec un regard triste. J'ai déjà dit que je répondais oui. Finalement, c'était peut-être pour m'empêcher de penser le contraire, je ne sais pas. Pour aller de l'avant, justement.

On me demande aussi "Et ta mère, ça va ?"

Quand j'ai ma mère au téléphone, je suis un peu rassurée, elle est entourée, elle est occupée, elle aussi. Et puis en même temps, les soirées sont longues et tristes. Il fait nuit tôt. Elle ne croit pas encore tout à fait à la mort de mon père. Ma mère ne va pas mal. Mais elle ne va pas très bien. Et à chaque fois que je parle avec elle, même si je suis quelqu'un qui va de l'avant, moi non plus, je ne vais pas très bien.

Je sais bien que c'est normal. Et demain, j'irai au travail, la vie me poussera, elle me tirera, je ne sais pas. Je serai avec mes élèves, je les ferai rire, peut-être, nous corrigerons les exercices de grammaire et j'irai de l'avant.

Je ne suis pas dépressive, de nature. 

CC


mercredi 5 décembre 2012

De l'horrible danger de la lecture...

...comme disait Voltaire...

Un lien un peu leste, je le reconnais, mais parfois, c'est bon et c'est beau...

Bonne soirée !

CC

mardi 4 décembre 2012

Pensées hétéronormées

C'est pas parce que tu es hétérosexuel que j'ai envie de te parler de ta sexualité dès que je le sais.

Ce n'est pas parce que j'aurai le droit de me marier que tu le perdras.

Ce n'est pas parce que tu crois que le mariage est un privilège sacré et divin que c'est vrai.

Ce n'est pas parce que tu voudrais que les homosexuels ne soient pas parents qu'ils ne le sont pas.

Ce n'est pas parce que tu penses qu'être hétérosexuel est un privilège que c'est la réalité. C'est juste quelque chose que tu ne contrôles pas. Une preuve ? Tu as déjà essayé de "devenir" gay, juste pour voir ?

Ce n'est pas parce que tu penses que les gays sont justes des serial fucker que c'est vrai. Les hétéros ont aussi leur lot de Casanova...

CC

lundi 3 décembre 2012

L'homophobie n'existe pas...

L'homophobie n'existe pas. C'est vrai. Je suis capable, moi qui suis homosexuelle, de passer des semaines entières sans la rencontrer, l'homophobie.

- Je le redis, au cas où : je n'aime pas le terme "homophobie", ce n'est pas de la peur qu'éprouvent ces gens. C'est de la haine. Ou, le plus souvent, c'est juste de la connerie. Parfois, ils ont peur, remarquez...Par exemple, ils ont peur de perdre leurs droits en en donnant plus à d'autres. Mais c'est juste de la connerie, en fait. -

Mais revenons au sujet principal. Donc, l'homophobie n'existe pas. Par exemple, si je ne traverse pas la cour de récré plusieurs jours de suite, pendant les vacances, par exemple, eh bien, je n'entends jamais des mots comme "pédé", "tapette", "sale gouine"...Bah ! Un prof n'a rien à faire dans une cour de récré...

Par exemple, si je ne regarde pas l'émission "Complément d'enquête", je ne prends pas conscience qu'il y a des cathos réactionnaires qui me jugent déviante et pécheresse. Je ne vois rien des crimes commis en Afrique du Sud et des viols correctifs de lesbiennes. Je me rends pas compte, si je ne regarde pas ça, qu'il y a un gay qui fait une tournée dans toutes les sacristies de France, pour me représenter, moi et tous les homosexuels, pour parler en mon nom, pour dire que les homos sont incapables d'avoir une relation stable. C'est vrai, ça je n'ai qu'à pas regarder ce genre d'émissions. Il doit bien y avoir une redif de La Cage aux Folles sur une chaîne de la TNT.
Non, l'image n'a pas de rapport. C'est mon blog !

Si je ne me balade pas la nuit avec ma compagne dans un quartier qui ne serait pas le Marais (c'est à dire partout ailleurs en France), je n'ai aucune chance qu'on me crie des trucs genre "Eh ! Les lesbiennes, ça vous dit, un truc à trois !". C'est à ça que ça sert, le couvre-feu...Et puis finalement, c'est de l'amour, hein, pas de la haine...

Si je considère pas les propos de certains évêques de France, je ne peux pas me rendre compte qu'on assimile ma sexualité à celle des zoophiles et que j'ouvre la porte à l'inceste...D'ailleurs, ils ne sont pas homophobes, ils ont des amis homo. Mais ils essayent de les remettre dans le droit chemin en prônant l'abstinence. C'est vrai ça, si tu as une sexualité de malade mental, la seule solution, c'est de n'avoir plus de sexualité du tout.

Non, vraiment, l'homophobie n'existe pas. Surtout si les gays restent dans les placards, en fait. C'est vrai, ça...Pourquoi est-ce qu'ils viennent nous mettre leur sexualité sous le nez, ceux-là...? C'est pas les hétéros qui feraient ça, non ! Ce n'est pas eux qui nous imposent la sexualité sur les unes des magazines, dans les pubs pour parfums, dans leurs salons d'auto à la porte de Versailles, hein !

Et quand on dit qu'on est homo, ce ne sont pas eux qui s'imaginent tout de suite les trucs les plus torrides...Ce ne sont pas eux qui s'imaginent entrain de tourner un porno avec deux bombes refaites comme il y en a des tonnes dans les pornos...hétéros...

Bon, j'arrête là, je vais m'énerver...

CC

samedi 1 décembre 2012

Le silence des sentiments

Quand j'étais enfant et pendant mon adolescence, j'écrivais un journal.

Ce n'était pas un journal intime, même si j'avais écrit en énorme, de mon écriture maladroite, sur la couverture : "Journal intime de CC". Sur ce simple cahier, pas de cadenas. Je le laissais bien en vue sur mon lit. Ma mère respectait mon intimité pourtant je ne souhaitais que le contraire. Je voulais que ce truc soit lu.

Ecrire pour soi, je trouvais cela idiot. Ce que je voulais garder pour moi et pour moi seule, je le laissais dans un coin de mon cerveau. Ma mémoire était là pour cela.

Un jour, j'avais laissé mon journal ouvert sur le lit. Tout juste si je ne soulignais pas les passages qu'il fallait lire en priorité. Ce jour-là, j'avais décidé de faire comprendre à mes parents mon homosexualité. Ce fut un moment violent, même si l'écrit n'avait pas suffit et qu'il a fallu, quelques années plus tard que je confirme cela par oral, avec preuve à l'appui.

J'aurais pu parler, dire simplement les choses avec la voix, les yeux dans les yeux. Mais je ne savais pas. Je n'avais pas d'exemple, d'ailleurs, autour de moi. Dans la famille, nous ne parlions que du concret et du factuel. Jamais un mot sur les sentiments. D'ailleurs, quand j'allais passer des vacances chez mon oncle et ma tante, j'étais toujours épatée par ce que j'entendais. On disait "J'aime, je n'aime pas". On expliquait pourquoi. On disait "J'ai peur" ou "Je suis bien..." C'était nouveau. J'en étais un peu gênée, je crois, parce que j'avais contractée une grande pudeur, à force de côtoyer le silence des sentiments.

Cette pudeur ne n'a pas tout à fait quittée, mais je crois que la vie me soigne. Quand on perd trop tôt ceux qu'on aime, on se rend compte qu'on ne leur a pas dit assez "Je t'aime."

CC