Pages

mardi 23 juin 2015

Fuite du fluide

(Je hais les journaux intimes, je le rappelle : ce que j'écris là n'est pas la vérité, merci, merci, merci !)




Il ne faudrait pas que les gens pensent que je pense. Il ne faudrait pas que les gens s'imaginent que j'ai de l'imagination. Je ne suis qu'une masse de chaire informe à la recherche du moule qui fera d'elle une pièce mangeable pour le monde qui l'entoure. Je suis malléable, je suis la bonne pâte à modeler, verte, rouge, bleue.

Quand le fluide de l'autre qui pense pour moi m'abandonne, je tombe comme la robe qu'on quitte et je glisse sur le sol, patapouf, bave aux lèvres. Il faut qu'on insuffle en moi l'énergie vitale. Sans ça, mon sang fuit et les nerfs me lâchent. Les fils de la marionnettes sont coupés par une main invisible qui jette du sable dans mes yeux cerclés de noir, qui me fait lentement tomber aux pieds de Morphée. Lamentable, recroquevillée, roulée en boule, le corps cassé, trop froid, trop chaud, brisée...




jeudi 18 juin 2015

Fin d'année

Je vis chaque moment dans l'attente de la prochaine pause. Je vis chaque moment comme une épreuve interminable, minée par la fatigue, minable d'être aussi éprouvée, pire qu'une épave en vérité.

Ecrire

Voilà si longtemps que je n'ai pas écrit qu'il me semble que je suis rouillée.

Il est faux de dire que je n'ai pas écrit : j'ai écrit des cours, des mails, à foison, des comptes-rendus, des projets, des notes, des rapports, des appréciations...

Mais voilà longtemps que je ne me suis pas mise devant une page blanche avec pour seul but l'envie de faire de jolies phrases. Je ne me suis pas assise avec la tête pleine d'idées bouillonnantes sur un sujet passionnant. Cela m'est arrivé, pourtant, par le passé, sur ce blog ou ailleurs. J'ai eu, plus qu'envie même, besoin d'écrire.

J'ai écrit des choses profondes (enfin, aussi profondes que possibles pour mon petit cerveau étroit et rustique), des textes sur l'homosexualité, sur la féminité, sur la maternité...Suis-je vidée de tout ce que j'ai à dire ? Peut-être, après-tout. Il y a plus de tonneaux percés que de tonneaux sans fond. L'ivresse de "l'inspiration" ne peut pas durer toujours et je me sens Danaïdes à vouloir remplir sans cesse une page qui demeure vide.

Je suis entrain de lire un livre de Jeanette Winterson qui, à chaque page, me donne envie d'écrire, pourtant. Mais comment, mais pourquoi ?

A vrai dire, il faudrait que j'écrive sur un autre sujet : pas sur moi. Mais ce sera pour plus tard !

CC