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vendredi 14 février 2025

La couleur de mon âme


Si je publiais ce roman, ce serait un peu comme revenir aux origines. Repartir à zéro. 

Dans la vie, si la fin est inéluctable, les étapes et le temps qu’elle prendra sont facultatifs. Mais écrire, pour moi, ce n’est pas une option. C’est un besoin, une nécessité. Comme la respiration. 

En écrivant ces mots, c’est comme si je reprenais mon souffle. Un bol d’air la bouche grande ouverte, brutal. Comme si j’avais eu la tête sous l’eau trop longtemps. Comme si quelqu’un m’avait appuyé sur la tête, dans une baignoire de série noire, comme si un malfrat avait voulu me tuer. Mais ce malfrat, c’était moi. J’étais la victime et le bourreau. 

En écrivant ces lignes, je ne suis pas sûre d’être guérie, mais je crois que c’est un passage. Un passage difficile, douloureux. Il faut pourtant que je parvienne à poser des mots sur ce que j’ai traversé. Sur ce que je continue de traverser. 

Tout d’abord, il y a les voix. Les murmures. Ce ne sont jamais des cris. Ce sont des murmures qui répètent comme un mantra maudit, je ne suis rien, je ne suis personne. Je veux mourir. Et cela devient une musique, un refrain. J’ai écrit “tout d’abord”. Mais est-ce par-là que cela a commencé ? Non. Il y a eu la mort d’abord Il y a eu le sentiment de disparaître et d’en avoir fini avec la vie quand mes deux parents ont poussé leur dernier souffle. De n’avoir sur cette terre plus personne à qui prouver quoi que ce soit. C’était pour leur prouver à eux que j’étais digne de la vie qu’ils m’avaient donnée que je faisais les choses. Les romans, les sourires, la politique, les diplômes, les petites fiertés stupides, les articles dans les journaux. C’était pour leur dire que j’étais désolée de ne pas être à la hauteur. Pour qu’ils me pardonnent la déception : pour qu’ils pardonnent à la fillette trop maigre, trop malade, trop lente, trop mauvaise à l’école, en retard, trop rêveuse, trop distraite, pas assez sportive, pas assez active, trop lesbienne, pas assez mère. Je voulais qu’ils se disent qu’ils n’avaient pas tout loupé. Mais ce n’était jamais assez et ils ont disparu. Sans me dire qu’ils me pardonnaient. Ou n’ai-je pas voulu l’entendre ? Ou n’ai-je pas voulu le croire ? J’ai continué de penser que je n’étais pas assez. Jamais assez. 

Je ne suis rien, je ne suis personne. Je veux mourir. C’est venu là. Comme ça, comme si ces mots s’étaient infiltrés en moi. 

Je vais courir, parfois, dans les petits matins froids, le long de la rivière. Les éclaircies sont rares, les ciels sont gris, mon âme s’évade au rythme d’une musique lancinante. Dans le souffle frais qui remplit mes poumons, je sens alors la vie. J’oublie un peu les mots qui taillent les veines de mon cerveau et qui défient ma raison. 

Je continue de sourire pour les gens, je continue de dire ça va. Mais les mots sont là, rengaine assassine. Je n’en sors pas. Je suis enfermée dans ces mots. Quand je veux en faire part, quand je veux me confier, les autres ont peur. La violence des mots les effraie. Ils ne veulent pas m’aider et je m’efface un peu plus à chaque fois. Pourtant, je le dis sans crier. Je le dis avec un doux sourire, je veux mourir. Je veux mourir. Cela ne veut pas dire que je vais faire cela violemment. Cela veut dire qu’il faut que je m’arrête. Que mon cœur cesse doucement de battre, simplement, sans faire de bruit. Juste que je disparaisse. Alors puisque mon cœur ne s’arrête pas, je disparais. Je n’ai pas d’autres solutions. Je ne parais plus devant les gens. Je porte trop de mort en moi, je me rends compte que je leur fais du mal. Alors je passe comme un fantôme. Pour ne pas déranger. Je m’exfiltre. Je m’extirpe de la réalité. Cela ne suffit pas à calmer le murmure. En marchant dans la rue, il est là. En promenant le chien. Je ne suis rien. En me levant le matin, je ne suis rien. En faisant la vaisselle, en écrivant ces lignes. Je ne suis personne. Et je veux mourir. 

On m’a dit va voir un psy. Prends des cachets. C’est ce que je fais. On m’a dit fais de la méditation. Sors, regarde des films, écoute de la musique. Mais les voix sont là. Elles se glissent dans tous les interstices de ma vie. Quand je suis aux toilettes, je ne suis rien, je ne suis personne, quand je suis devant les élèves, je veux mourir. Mais il faut quand même sourire. 

En écrivant ces lignes, peut-être qu’elles sont un peu moins dans ma tête, ces phrases de malheur. Peut-être qu’en les voyant à l’écran, noires sur blanc, elles me paraissent plus insupportables que lorsque je les entends, susurrées à mon cervelet primitif, quand je les lis, soudain, j’en saisis toute la violence. Mais jusque-là, j’étais bloquée. L’écriture ne pouvait pas m’aider. 

Il y a eu le corps, ensuite, qui s’est mis à crier. Si les mots sont des murmures, les maux sont des hurlements. Ma gorge s’est serrée. C’est physiquement que j’ai perçu cet étouffement. Cette tête sous l’eau. Par mon larynx noué. Par cette boule que je n’arrive pas à sortir. Par ces mots qui murmurent que je n’arrive pas à hurler. 

Parce que dans le fond, c’est une colère qui sourd en moi. Oui, je joue avec les mots, je m’en amuse. Mais ce n’est pas drôle. C’est une colère qui s’exprime avec douleur. Les tendons d’Achille, aussi. Douloureux, bleus, parfois. Lourd de sens, les tendons d’Achille. Achille : le héros que sa mère a voulu sauver de la mort, mais qui l’a laissé avec cette colère, implacable colère, celle qui peut laisser en déroute une armée entière, qui peut tuer Hector, qui peut traîner un corps sous les remparts d’une ville et sous les yeux d’un père vaincu de tristesse. La colère est en moi et refuse de sortir. Pas une larme, jamais. Je m’efforce de sourire quand je les sens monter et je sers un peu plus les muscles de mon ventre. 

C’est irrationnel. 

Je ne sais pas les raisons de ma colère. Je ne sais pas si c’est contre mes parents ou contre moi que je tempête. Je ne sais pas pourquoi je me ravage. Je m’en veux de n’être jamais qu’une enfant. Je m’en veux de ne pas savoir profiter de ce que la vie me donne. Je m’en veux de n’avoir pas su montrer à mes parents…montrer quoi ? Je ne sais plus. À mon âge, je ne devrais plus avoir rien à prouver à personne. Même à moi ? Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas simplement me dire que ça va ? Pourquoi vouloir me faire du mal ? Pourquoi les voix ne se taisent pas ? Pourquoi la raison ne prend pas le contrôle, cette fois encore ? Pourquoi est-ce que ma gorge continue de me faire souffrir ? Pourquoi je ne parviens pas à sublimer cela, comme je l’ai fait par le passé, en écrivant, en chantant, en riant, en parlant, en échangeant ? Simplement en vivant. Je ne vis plus. Je suis retranchée, isolée. 

En écrivant ces lignes, peut-être que comme dans la chanson de Coldplay, il faut que je compte mes démons et qu’avec les bons, je chasse les mauvais. Et tout n’est pas perdu. Est-ce que je le veux ? Si je publie ce roman, c’est que je le veux. 

samedi 21 septembre 2024

On croyait avoir fait barrage ? On s'est fait berner

Bernés par Barnier...et la démocratie...Bah...niée, elle aussi !

C'est historique et c'est Macron qui l'a fait : le nouveau gouvernement, curieux attelage de macronistes pur jus, néo libéraux, estampillés "société civile" mais en fait, issus des grandes entreprises du CAC 40, et de vieux réacs de la droite plus anti tout (anti IVG, anti fin de vie dans la dignité, anti PMA, anti immigration, évidemment, et homophobe pour la bonne bouche...) ne tiendra que grâce au RN.

Si l'attelage est curieux, c'est notamment parce qu'il est composé des deux grands perdants des dernières élections et qu'il compte tenir en s'appuyant sur l'assentiment du troisième perdant. Cela pose un sérieux problème en terme de démocratie. 

Si l'attelage est curieux, c'est aussi parce que la droite incarnée par Barnier, Genevard ou Retailleau a passé son temps depuis 2017 et l'élection de Macron, à critiquer la politique de Macron, mais qu'elle va désormais la poursuivre. 

Mais cela tiendra. Mélenchon a tort, Barnier ne passera pas Noël en famille. Bruno Retailleau à l'Intérieur, c'est le gage suffisant pour que le RN ni ne propose, ni ne soutienne une motion de censure, en attendant 2026. Gageons aussi que le budget qui sera proposé très rapidement plaira à l'extrême droite. La rigueur va être de mise, des coupes sont déjà prévues sur la santé, sur la justice (où le seul ministre issu (vaguement) de gauche sera bien obligé de faire avec)...bref, sur les services publics. 

Vous souvenez-vous du programme de Fillon, en 2017 ? Il prévoyait 100 milliards d'économie, dont 50 sur les dépenses sociales (20 milliards d'économie notamment sur la santé...mais c'était avant le COVID...), 35 milliards sur les dépenses d'Etat (il prévoyait 500 000 emplois de fonctionnaires en moins, des profs, des infirmières...), et 15 millards sur les collectivités locales. 

Si vous ne vous en souveniez pas, il y a fort à parier que Barnier s'en souvient très bien. La situation financière de la France est catastrophique, faisait-il mine de s'apercevoir en début de semaine...Les solutions de la droite ne vont jamais dans le sens du social. 

Ce gouvernement, en plus d'être d'extrême droite, soutenu ouvertement par Bardella et Le Pen, sera celui d'une rigueur sans précédent. C'est à Macron qu'on le doit. 

Même si, depuis longtemps déjà, le pouvoir de la rue n'a plus beaucoup de poids, c'est pourtant le dernier endroit où la démocratie pourra s'exprimer dans les mois à venir. Bon courage à tous...ne lâchons rien !

jeudi 11 juillet 2024

Irresponsable 1er a encore frappé


Pour le job de chef d'État, il y a plusieurs manières de rentrer dans l'Histoire. On peut bâtir, on peut innover, on peut inscrire de nouvelles lois, positives, apportant de nouvelles libertés. On peut être celui qui a construit Versailles, on peut être celui qui a aboli la peine de mort, on peut être celui qui a offert au peuple le musée du quai Branly. 

On peut aussi, à la manière d'un tueur en série, vouloir laisser un souvenir terrifiant pour les générations futures. On peut vouloir être Néron, Pol Pot ou Hitler. 

Macron n'est pas sérieux et n'a aucune ambition !

Il n'aura pas laissé sa marque dans l'histoire de France pour un musée de la saucisse ou pour une avancée importante de notre société : la loi sur la fin de vie aurait fait l'affaire,  malheureusement, même ça, il n'y est pas arrivé. 

Il ne va pas non plus laisser sa trace en despote, ce serait lui faire trop d'honneur que de le comparer à un Staline ou même à un Mussolini. 

Non. Il laissera simplement le souvenir vague d'un président irresponsable.

Après avoir décidé unilatéralement de dissoudre le parlement, ce qui a provoqué une période  incertaine et dangereuse pour la République, pour les institutions, pour la stabilité du pays, pour l'économie, il revient maintenant sur les résultats pour finalement ne rien changer en demandant à ce qu'on ne prenne pas en compte ce qu'ont exprimé les Français. 

Le premier tour ? Balayé. Les 11 millions de votes pour le RN, la confirmation de cette tendance au second tour, le nombre de députés d'extrême droite qui passe de 89 à 143, le nombre des députés de gauche, passant de 153 à 192 mais surtout le nombre de ses propres députés régressant à 163 alors qu'en 2022, ils étaient 245. Bref, il fait mine d'ignorer la réalité. 

Tout le monde s'accorde à dire, pourtant, que nous sommes à un moment critique de notre histoire. Un moment de bascule durant lequel nos institutions ont vacillé, où l'on a évité que notre constitution fragile tombe aux mains de ceux qui veulent la modifier. Les forces démocrates et républicaines ont globalement su faire preuve de responsabilité en se retirant quand il le fallait, en appelant à voter contre le RN. 

Ce moment laisse forcément des cicatrices, profondes, ouvertes. Sanglantes encore. Les électeurs du RN se sentent trahis. Leur message est encore une fois ignoré. 

Et le président propose le néant, le mou, le centrisme consensuel, la gestion des affaires courantes, aucun changement, surtout. Ne changeons rien, ne faisons rien. 

La gauche propose pourtant un choc social, une politique forte pour relancer l'économie, le pouvoir d'achat, pour rendre de l'espoir. Le président lui refuse la possibilité de seulement essayer quelque chose alors même que ce groupe arrive en tête à l'assemblée. 

La réponse d'Emmanuel Macron appelle clairement à la violence. Le sait-il ? En a t-il conscience ? Cherche-t-il, lui aussi, comme les électeurs d'extrême droite, le pire ? 

Cet homme n'est clairement pas à la hauteur.  La France court au burn-out  et il choisit le management par le pourrissement. Petit chef, Irresponsable 1er.

lundi 10 juin 2024

Les loups regardent vers Paris


J'ai tenu un bureau de vote, hier toute la journée. La tension était parfois palpable, la colère de certains, en glissant difficilement leur bulletin A4 plié en 6 dans la toute petite enveloppe estampillée République Française, dans la fente étroite de l'urne, était tangible : la mâchoire serrée, la main tremblante. 

Evidemment, je suis choquée par les résultats d’hier. Pas surprise, mais tout de même stupéfaite.

Stupéfaite, je le suis sans doute encore plus par la décision irresponsable de Macron. 

Cette dissolution est une mauvaise décision : elle est soit l’oeuvre d’un fou qui est tellement déconnecté du monde qu’il ne se rend même pas compte qu’il est impossible de reprendre la main, démocratiquement, en trois semaines, soit celle d'un vil calculateur, un Machiavel de bas étage qui pense faire un coup politique en laissant le gouvernement à l’extrême droite et en pariant sur son échec. 

Le pari est insensé. A moins que Macron soit un insensé.

L’extrême droite prendra les rênes. 

En Italie, c'est fait. Aux Etats-Unis, Trump a été élu durant 5 ans et aujourd’hui les Américains s’apprêtent à voter à nouveau pour lui. 

On ne joue pas ainsi avec le feu, on ne brise pas, juste pour s’amuser, les fondements de la démocratie. Car l’extrême droite n’est pas un petit parti, n’est plus un nain de l’échiquier politique : il a des villes, des députés et quelques sénateurs. Les élus du RN ont acquis une expérience, des compétences. Ils prendront le pouvoir et utiliseront les rouages démocratiques pour le garder. Et ils trouveront des gens de bonne volonté pour les aider : une fois qu'un parti a le pouvoir...

Ils mettront en oeuvre leurs idées mortifères. Pour avoir la majorité, ils feront alliance avec Marion Maréchal, avec Zemmour, avec Philippot ou Lalane, peu importe. Ce sera l’alliance du pire et ils n’hésiteront plus à montrer leur vrai visage. La culture sera sacrifiée, l’éducation connaîtra un retour en arrière autoritariste et rétrograde, les quartiers populaires seront délaissés. Une politique anti-sociale sera évidemment mise en place, au prétexte que les aides sociales ne profitent qu’aux feignants et aux étrangers. Si l’on souffrait déjà sous Macron, ce sera pire avec le FN. Ne croyons pas qu’ils feront une politique sociale, ce sera tout le contraire. Jamais, durant leurs années à l’assemblée nationale ou européenne, ils n’ont voté pour autre chose que pour une politique néo libérale. Et ils reviendront évidemment sur toutes les avancées sociétales : les droits des femmes, des LGBT reculeront, parce que c’est leur ADN. Plus de planning familiaux, plus de mariage pour tous, le droit à l’avortement réduit. Ils jurent aujourd’hui leurs grands dieux qu’ils ne reviendront pas là-dessus, mais il s’agit des fondements même de leur pensée. Il est naïf de croire que le parti n’est plus celui de Jean-Marie Le Pen, qu’il s’est lissé et qu’il a évolué.

Mais fi de ce cauchemardesque tableau. Croyons encore que la raison l'emportera. Mais où est la raison, quand un gouvernement brise tous les repères depuis 7 ans ? Où est la raison, quand un président fait une politique pour 5 ou 10% de la population, au mépris de tous les autres ? Où est la raison, quand les services publics disparaissent lentement, quand on doit payer de plus en plus pour être soigné ? Pour être mal soigné, par un hôpital déglingué, par une médecine de ville qui se fait de plus en plus rare...Où est la raison, quand les réformes se font aux forceps, que les millions de manifestants ne sont pas entendus, quand on se moque des oppositions à la réforme des retraites, à la réforme du chômage, à la hausse des prix, à la baisse des APL, à la suppression de l'ISF. On a beau gesticuler, le pouvoir s'est retiré dans sa tour d'ivoire et on a l'impression d'être devenu quantité négligeable. Alors on s'aigrit, on s'énerve et on finit par venir glisser en tremblant de colère un bulletin Bardella dans une urne, un dimanche matin. 

Cela n'excuse pas, mais ça explique. 

Alors espérons que les discours post gueule de bois électorale ne seront pas seulement des vains mots, comme c'est le cas depuis plus de 20 ans. "Le signal est fort, nous avons compris, nous devrons prendre en compte ce vote sanction." Et puis, dès le lendemain, tout repart comme avant, on supprime des lits dans les hôpitaux, on économise sur les postes de profs, on supprime les bureaux de poste et le train ne s'arrêtent plus dans les gares de campagne. On fait le jeu des agri industriels de la FNSEA, on donne des sous aux grandes entreprises du CAC 40 et cet argent ne ruisselle jamais jusqu'à l'ouvrier de base. Au lieu de cela, les usines se modernisent et n'embauchent plus personne, et quand les usines ont fini de se moderniser, elles se délocalisent. 

Cette fois, je veux croire que ce ne seront pas de vains mots, parce que ce matin, François Ruffin nous a rappelé qu'après la crise de 29, on était aussi au bord du gouffre en Europe et que si l'Allemagne avait choisi Hitler...la France avait opté pour le Front Populaire et qu'en 1936, on avait réduit le temps de travail, qu'on avait gagné des vacances, qu'on avait avancé socialement. 

Est-ce qu'un Front Populaire est possible en trois semaines ? C'est un défi à relever. J'y crois sans y croire, mais "Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat", comme l'écrivait Aragon. François Ruffin l'a cité aussi ce matin. Ne faisons pas les délicats, rassemblons les forces de la raison, de la solidarité, de la liberté. Retrouvons le goût de l'amour et de la fraternité. 


mardi 12 avril 2022

Tu vois, Marine Le Pen...


“Tu vois, Marine Le Pen, maintenant, elle récite une petite bible CGTiste. Et que je te défends les petits salaires et la retraite à 60 ans. Marine, elle parle aux petites gens. Tu vois ce que je veux dire ? C’est nouveau, non ? Et les petites gens, ils se disent, peut-être qu’elle a changé, peut-être qu’elle est vraiment peuple, cette mémère aux chats, avec sa voix de fumeuse de gitane ? Peut-être qu’elle n’a rien à voir avec son père, vraiment. Mais tu vois, on ne peut pas effacer comme ça des décennies de mépris du pauvre, de mépris de “l’assisté”, de celui qui mange le pain blanc des Français. C’est quand même un peu facile, non, entre les deux tours d’une élection présidentielle, d’enfiler le costume d’un Méluche et de venir faire tribune sur la France qu’on exploite et sur le travailleur pauvre. Pour un peu, elle enfilerait un gilet jaune et on la retrouverait sur un rond point. Et vous trouvez ça crédible ? Mais attention, une fois que j’ai dit ça, je n’oublie pas que le costume de gauchiste ne va pas mieux à Macron ! Non, lui, c’est plutôt Smuggler…Pour te donner une idée, un RSA ne suffit pas pour une veste de cette marque. Macron, pour l’instant, il est beaucoup plus mou que Le Pen pour capter les voix de gauche. D’abord, il pense que le front républicain marchera encore cette fois. Ensuite, il a fait encore plus de voix au premier tour qu’en 2017. Plus d’un million de voix de plus. Alors qu’il a mené une politique ultra-libérale, que les prix ont augmenté comme jamais depuis qu’il est au pouvoir, que les services publics ont souffert et qu’il promet encore pire cette fois-ci. Alors à quoi bon s’en faire. Non, il va être réélu, malgré les gilets jaunes, malgré la baisse du pouvoir d’achat, malgré la précarité galopante, l’industrie fragilisée, les hopitaux au bord de l’asphyxie…Il va être réélu, peut-être à cause de ses jolis costumes, mais surtout parce que ceux qui votent fort pour lui sont les boomers qui ont peur pour leurs privilèges. Ceux qui ont tout intérêt de voir le système des retraites consolidés pour longtemps, ceux qui ont fini leur vie, ceux qui n’ont plus d’enfants à l’école ou qui leur paye une école privée. Ce sont ceux qui ont de l’argent et qui ont décidé de ne pas se soucier de ceux qui n’en ont pas. Macron n’a absolument aucun intérêt à faire semblant d’être de gauche. On ne peut pas lui reprocher d’être insincère, sur ce coup-là. Mais tu vois, si c’est ce que les gens veulent, est-ce que ce n’est pas ce qu’on appelle la démocratie ?”

lundi 11 avril 2022

Tu vois, les élections...


"Tu vois, ça fait 20 ans que je vote pour les présidentielles…eh ben, l’effet que ça me fait, c’est que les élections, c’est un coup de chapeau à un âne, comme disait mon grand-père. Depuis hier, tiens, j’ai l’impression d’être dans le film Un Jour sans fin, tu sais. On revit encore une fois ce fameux second tour piège…Depuis 2002, c’est comme ça. Et nous, on plonge, à chaque fois dans la fameuse dialectique du front républicain...Mais la démocratie et la République, si ce n'est pas l'expression d'un véritable choix, ça n'a pas tellement d'intérêt. En parlant de mon grand-père, je crois que le 24 avril, je vais lui rendre hommage. En 2002, il n’avait pas voté pour Chirac. Il n’était pas allé voter du tout, en fait. Pour un peu, je crois qu’il aurait presque préféré aller à la messe comme ma grand-mère, ce jour-là. Et pourtant, mon grand-père, c’était le pire bouffeur de curés que je connaissais. Mais finalement, il n’avait pas tort. C’est un peu comme si au resto, si la carte des desserts se résume à une Danette ou un petit-suisse et que tu n’as envie ni de l’un, ni de l’autre, tu te forçais quand même à prendre le petit suisse parce que c’est dans la formule et que tu te sens obligé de choisir…ça n’a ni goût ni grâce, le petit suisse, c’est trop gras, le petit suisse, oui, mais la Danette, c’est carrément gerbant…Alors tant pis pour la formule, ce n’est pas parce que c’est écrit qu’il faut que je me force. Ce sera un café et l’addition, pour moi. Et surtout, il faudrait maintenant qu’on évite de retourner dans ce resto pourri, parce que la carte des desserts est vraiment naze…"

dimanche 10 avril 2022

Tu vois, tout respire le printemps...


“Tu vois, tout respire le printemps. Ce que je préfère, ce sont les trèfles…et l’herbe aussi, bien verte, bien drue, bien touffue. Ce vert si vigoureux, tellement plein de chlorophylle, tellement…je ne sais pas, c’est cette idée de sève, de vie, de vitalité…Ce vert, ça me met en joie, ça me donne de l’énergie. Et puis ça me fait penser à mon père. Mon père n’aimait cette couleur que dans la nature. Il n’aurait jamais porté une chemise verte. Par contre, il aimait tellement les centaines de nuances de la forêt au printemps…La forêt qui étale son manteau au flanc de la montagne…Son manteau où le tendre des jeunes feuilles de châtaigniers contraste avec le vert profond des sapins qui font des tâches plus sombres à côté des cerisiers sauvages au vert léger nuancé par le blanc des fleurs. Cette saison, c’est la promesse de la vie, de la jeunesse, de l'allégresse. Je m’emballe, mais tu vois, quand je contemple la rivière qui scintille au soleil, qui coule vraiment, maintenant qu’il a plu un peu, enfin, je sens monter en moi cette énergie. Je ne sais pas l’expliquer bien. Je n’ai pas les mots exacts. Je me sens vivante, partie prenante de cette nature revigorante. Je me sens traversée par cette force, la force de la rivière qui trimballe les pollens, la boue, la neige qui a fondu, les bois que le vent a cassés. La rivière et ses alevins, ses poissons en devenir, la rivière pleine de vie. La nature, parfois, dans nos vies de fous, on oublie de la regarder, de l’écouter. Pourtant, tout respire le printemps et c’est cela qui nous permet de respirer. De vivre. Je suis une citadine, maintenant, j’aime les trottoirs, les voitures, les magasins, les êtres humains qui vont et qui viennent, j'aime cette vie là, mais rien ne m’émeut autant que le chant des oiseaux dans le petit matin. C’est un bonheur sans fin, cela. Dès la fin de l’hiver, si tu te lèves tôt, avant le lever du soleil, tu les entends, c’est une joie, c’est…Je ne sais pas l’expliquer. C’est de l’ordre de la sensation, de l’émotion. Je pense que ça touche à…notre cerveau le plus archaïque, notre part animale. On fait partie de ce monde, de ce renouveau, de…cette abondance de la nature. Je dis ça parce que c’est le printemps, mais…je ressens la même chose quand l’été bat son plein et que dans les aubes tièdes du mois de juillet, on entend le raffut des martinets dans le ciel clair, je ressens la même chose lors des beaux crépuscules d’automne, quand l’air s’embrasse à l’horizon, quand la lumière vient illuminer la cime jaune orangée des arbres. Toute cette chaleur, toute cette douceur. J’adore. J’aime l’hiver aussi, surtout quand ils sont scintillants de froid, les grands ciels bleus translucides et glaciaux. J’aime les soleils d’hiver givrés. Et je te parle d’ici, je te parle de ce que je vois de ma fenêtre, mais, la nature, je l’ai aimée partout où je suis allée : les canyons américains, les plaines du nord, l’incroyable terre noire et fertile des plaines du nord, la luxuriance de l’Asie, la vie grouillante des marécages de Louisiane…Partout…C’est la force, c’est l’incroyable force de la nature. Celle devant laquelle on se sent tout petit, mais…à sa place. A sa place dans le cosmos, partie prenante, vraiment, de l’univers. On ne sait pas si c’est Dieu ou juste le hasard qui a créé ces beautés là, mais quelle réussite…On ne sait pas qui on doit remercier pour tout ça, mais bon sang…quelle chance on a d’en faire partie…”