Aujourd'hui, malgré la tristesse insondable qui m'assaille souvent, j'ai aimé le soleil presque estival se reflétant sur le Doubs presque immobile. La longue balade matinale, avec mon amour et le chien.
J'ai aimé la ville animée, le marché sous les arbres bourgeonnant.
J'ai aimé le romarin sur le poisson et le gratin de chou-fleur. J'ai aimé le chocolat de Pâques, même si ce n'est pas encore Pâques.
J'ai aimé penser que demain, nous aurons Noémie et Sébastien.
J'ai aimé m'asseoir devant mon ordinateur pour écrire, même si les mots ne viennent pas, même si je me sens vide comme un tube de dentifrice qu'on aurait roulé jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'il exprime absolument toute sa substance.
J'ai aimé les deux vernissages de ce jour, les talents divers des peintres amateurs, les sourires fiers de ceux qui présentaient leurs oeuvres. Devant les aquarelles, j'ai pensé à ma mère.
J'ai été très émue par la poésie étrange des photos de Sophie Patry.
J'ai aimé qu'on me parle de mon dernier roman, même si souvent je ne sais pas quoi faire des compliments et que j'en reste stupide.
J'ai aimé la clarté et les nuances du ciel du soir.
J'ai aimé la poignée de la porte du restaurant chinois où l'on avait commandé un rouleau de printemps, une soupe vietnamienne, du riz cantonnais, des brochettes de boeuf aux cinq saveurs. Et deux bières thaï. La poignée de la porte de cet établissement est légère et sensible et la porte bondit qu'on l'effleure.
J'ai aimé la dernière promenade du soir, avec le chien, dans la ville encore animée, les terrasses, les passants, le sourire de ce garçon qui a failli se prendre les pieds dans la laisse de Soské.