Je n'ai pas le temps d'écrire, en ce moment. Non...Ce n'est pas vraiment un histoire de temps. C'est une histoire d'énergie. De volonté...
Mais je sais que ça reviendra, comme par jaillissement, par étonnement, par fulgurances. C'est toujours revenu. J'ai des phrases qui tournent dans ma tête. J'ai les 17 pages d'un début de nouveau roman, qui attendent, sagement dans la guangue froide et blanche d'un fichier Word. J'ai des fourmillements.
J'ai écrit une rédaction, ce matin, en modèle, avec mes élèves de troisième. Pour leur montrer comment faire. Je ne sais pas si la pédagogie par le modèle est validée par l'académie. Mais ça, c'est de l'écrit qui ne compte pas. De l'écrit vain. De l'écrit utilitaire et matériel. Je ne sais pas bien à quoi ça sert, tout ce que j'écris, tout le temps : je suis une scriptomane comme d'autres sont nymphomanes.
Pourtant...pourtant...depuis ce matin, trois personnes m'ont parlé de mon dernier roman, m'ont dit qu'ils l'avaient lu, qu'ils avaient aimé, qu'ils avaient passé un bon moment. J'ai toujours du mal à recevoir les compliments, je me dissocie, je dis merci, merci...Mais je ne sais pas si c'est vraiment à moi qu'on adresse ces laudes.
Ma tristesse m'envoie des phrases, des phrases sombres et glauques et dans le fond, je crois que c'est pour cela que je ne parviens pas à écrire.
Un texte revient souvent. Il trotte dans mon cerveau comme un petit cheval obsessionnel. C'est quelque chose comme ça : "Du haut de mon balcon, souvent, je fixe le bout de trottoir, là, juste en bas. Puis je m'imagine, montant sur une chaise, d'abord, puis sur la barrière. Je sens le poids du comique de la situation, perchée sur ce mince rebord. Aurais-je l'équilibre ? Vacillerais-je ? J'aimerais alors avoir la grâce d'une plongeuse olympique et me jeter, bras et jambes tendus, la tête la première sur ce bout de trottoir, là, juste en bas. Mais peut-être que je chancellerais. Peut-être que je manquerais de tonicité et que je tomberais, comme un paquet de linge, molle et flasque. Peut-être même que je tomberais quelques mètres plus loin, dans la pelouse. Peut-être que j'aurais l'air ridicule, j'aurais l'air d'un bras cassé. Ou d'une côte cassée...Quoi qu'il en soit, je laisserais au moins une trace...sur le trottoir, là, juste en bas. "
Ce sont ces histoires-là qui m'attirent comme le vide attire celui qui a le vertige. Je sais que je n'ai pas le droit même de penser cela et je n'ai personne à qui le dire. Alors l'écrire, non. Je ne peux pas.
Même si, comme à chaque fois, poser les mots sur les choses permet d'en rendre la réalité plus supportable. Les sortir hors de moi, les extirper de mon crâne. Parce que je n'arrive pas à le faire autrement.
3 commentaires:
Coucou Céline 😘je vous lis à l'instant,et suis triste pour vous 😢 sincèrement 😢 vous me ramenez à certains moments de ma vie où j'aurais pû écrire de tels mots 😢 mais ils sont derrière moi, enfin 😍Je suis une preuve vivante qu'il est possible de guérir du mal être
et vous envoie plein de bonnes ondes depuis les Vosges .
"J'ai toujours du mal à recevoir les compliments" est-ce toujours le cas ? attention à l'autodénigrement, Ces gens qui te font des commentaires positifs ne sont pas des hypocrites : ils sont sincères. Et c'est mérité.
Tu écris quand tu peux comme tu peux. J'aime la façon très imagée que tu as de décrire ce saut, façon chiffon, sur ce coin de trottoir.
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