Je suis nue, comme au premier jour. Baignée dans une lumière blanche. Dans un bien-être physique total. Sans douleur, sans besoin, comme flottante. Comme dans l’utérus de ma mère, sans doute. Une sorte de retour à l’originel, au début de toute chose. Comme un paradis perdu. Maintenant, les lumières, la verte et l’orange, se font douces et baignent l’atmosphère de quelque chose de tendre et d’idyllique. C’est psychédélique. C’est une expérience, c’est un trip. Je ne sais pas quelle est la drogue, quel est l’alcool, mais je ne me suis jamais senti aussi détendue, libérée de toute contrainte.
Mais pourquoi suis-je nue ? La nudité, c’est clinique, médical, si ce n’est érotique. Et ça n’a rien d’érotique, ici.
Je n’aime pas être nue. Je n’ai jamais aimé cela. Je ne sais plus du tout comment penser la situation. Est-ce que je suis retenue par un pervers ? Est-ce qu’on m’observe, est-ce qu’il y a des caméras que je ne perçois pas et qui me filment ? Qui voit ces images ? Pourquoi ?
Non, cette hypothèse est stupide. Depuis la banalisation de l’iA, la pornographie humaine n’a plus de succès : les vidéos créées par l’intelligence artificielle sont bien plus parfaites et abondantes. Plus personne ne perd son temps à faire des films X.
C’est donc médical. Tout est hospitalier, d’ailleurs, dans cet univers. Le blanc, les lampes qui clignotent et moi, nue, sur le dos. Mais alors ? Suis-je le cobaye d’une expérience scientifique ?
Comme toujours, toutes ces pensées qui se bousculent m’épuisent émotionnellement. Je baille. Il me semble que la lumière blanche se fait plus douce. Je glisse dans le sommeil.
Je suis nue dans un hammam, au Maroc. C’est une scène que j’ai déjà vécue. Un voyage de jeunesse, avec des amis, la soif de découverte, un vrai hammam, conseillé par le patron du petit hôtel que nous avions déniché, au pied de la médina de Fès.
Au milieu de la vapeur, on devine les corps des femmes qui viennent là chaque jour, pour se retrouver, pour papoter tout en prenant soin d’elles. Savon noir, gant de crin, grands rires joyeux. Je suis avec Caro. Nous avons un peu honte de nos corps de bourgeoises européennes, je crois. Nous sommes pâles et maigres et nous ne savons pas quoi faire de nos seins, de nos mains, de nos hanches. Cette nudité ne nous est absolument pas confortable. Mais nous rions, pour avoir l’air détaché, pour coller à l’humeur du lieu, pour nous fondre dans le décor. Nous ne restons pas longtemps.
Dans mon rêve, la séquence change vite aussi.
Je me retrouve dans un cabinet de gynécologue, comme j’en ai connu quelques un dans ma vie de femme. Là aussi, la nudité imposée ne n’est pas confortable, mais elle est « normale ». Et d’ailleurs, c’est un mauvais moment à passer, mais l’important est que tout soit normal.
Flash, à nouveau et changement de décor. Je suis habillée. Mais je suis devant un public. J’ai 13 ans, je crois, une guitare à la main et je chante. Je participe à un concours de chant. J’ai décidé de me démarquer en chantant une chanson à texte. Toutes les autres candidates ont braillé du Céline Dion ou du Lara Fabian. Je ne suis pas dans le ton, même si je chante juste. Je fais sourire la salle qui ne s’y attendait pas. J’ai choisi Anne Sylvestre. J’aime les gens qui doutent. J’ai perdu le concours. Trop atypique. J’en ai tiré la conclusion hâtive qu’il ne fallait pas se mettre à nu.
A l’intérieur même de mon rêve, je me demande bien où tout cela me mène. C’est incohérent. Pire qu’une séance de psy. J’en ai marre. Je me réveille.


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