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samedi 28 mars 2020

Journal de guerre contre un virus #12

Toujours pas de fièvre.

La petite vie depuis ma terrasse, voilà qui est fascinant.

Ce matin, il y avait des dealers pas très malins (mais pas très méchants non plus, a priori) qui essayaient de faire vivre leur petite entreprise sur la place. Le moins malin des deux tente le coup avec une petite dame allant au marché : "Eh Madame, tu veux du shit ?" Evidemment la dame décline. L'autre dealer dans un premier temps dit à son copain "Tu vois bien que c'est pas une cliente !" Puis va vers la dame en lui expliquant qu'il faut bien vivre et faire marcher le commerce et qu'en ce moment, il faut même tenter de survivre. "Excusez-nous hein madame, et bonne journée, hein !" Les indépendants vont quand même bien souffrir durant la crise....

Cet après-midi, un type passe, son smartphone à la main, filmant autour de lui, commentant, peut-être en direct sur les réseaux sociaux, les rues vides, le chant des oiseaux, les reflets sur le Doubs, les gens à leur balcon….peut-être.

Un samedi après-midi ordinaire de confinement, sous le soleil, un magnifique après-midi, il faut bien le dire. Qu’aurions-nous fait de cet après-midi, un jour normal. Peut-être rien, pas plus qu’aujourd’hui. Oui, mais nous l’aurions choisi. Revoilà le conditionnel, le temps de l’irréel. 

Laissons courir nos pensées vers ceux que nous ne pouvons pas voir, pas toucher, en ce moment. Profitons-en pour regarder des photos, envoyons des messages, demandons des nouvelles, un petit SMS, un message sur WhatsApp, usons des réseaux sociaux de manière plus utile que pour partager des bêtises. Ce soir, j’ai deux apéros skype en même temps. Quel agenda !

Un tout petit poème de Guillaume Apollinaire, mort de la grippe espagnole en 1919…Il écrivit celui-ci pour son amante, Lou, lorsqu’ils étaient séparés par la guerre.

“Lorsque deux nobles cœurs se sont vraiment aimés 
Leur amour est plus fort que la mort elle-même 
Cueillons les souvenirs que nous avons semés 
Et l’absence après tout n’est rien lorsque l’on s’aime” 

(Secteur des Hurlus, septembre 1915)
Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou

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