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samedi 15 décembre 2012

Pourquoi nous n'aurons pas d'enfants sans la loi...

Je suis homosexuelle, mais j'ai quand même un utérus et ma compagne aussi.

C'est étonnant, la nature est bien faite.

Par conséquent, si la loi qui est prévue passe, alors j'aurai des enfants. Ma compagne et moi, nous en ferons.

Si nous attendons que la loi passe, c'est parce qu'il nous semble inconcevable d'avoir un projet d'enfants en commun sans que la loi puisse les reconnaître et les protéger. Je m'explique : si la PMA est ajoutée au projet, alors ma compagne se fera inséminer.

Si la PMA ne passe pas, alors nous irons enrichir la Belgique et les médecins de ce beau pays, qui inséminent avec beaucoup de grâce les lesbiennes françaises, depuis 10 ans déjà.

Quoi qu'il en soit, j'adopterai alors l'enfant qui naîtra dans un foyer aimant. Si je l'adopte, alors, il aura deux parents légaux, ce qui est plus sécurisant, en cas de séparation, de décès ou simplement, en cas d'admission aux urgences ou de sortie de l'école.

L'adoption, dans le cadre de la loi pour le mariage pour tous, sera sans doute principalement utilisée dans ces cas-là : ce seront des adoptions d'enfants de conjoints, pour les protéger. Voilà un argument de plus contre ceux qui pensent que les homosexuels sont dangereux pour les enfants : nous cherchons à leur offrir plus de sécurité, un cadre légal, une protection par la loi. 

A ceux qui me demandaient, jusqu'alors, pourquoi nous n'avions pas d'enfants, j'avais coutume de répondre que c'était illégal. Souvent les gens ne comprenaient pas : les femmes peuvent avoir des enfants, même si elles ne sont pas mariées, même si elles vivent seules. Oui. Mais c'est un projet de couple que j'ai. Pas un projet de célibataire.

CC

8 commentaires:

Nicolas a dit…

Ah mais tout le monde a un uterus ici. ! Ta compagne, toi. Comment veux tu qu'on suive ? (Smiley et bises).

Cycee a dit…

Avec un spéculum ? OK, je sors...

Bises !

Didier Goux a dit…

Ce serait pas possible de remplacer le speculum par un speculoos ?

OK, je sors aussi…

Anonyme a dit…

Je comprends bien votre souci.
Dire ma compagne "ira se faire inséminer" en Belgique, pour moi, c'est du chantage, cela ne résout pas le vrai problème éthique.
Ou bien, nous irons en Asie ou en Amérique Latine pour trouver une femme acceptant la gestation et la procréation pour autrui.
Ce chantage est une claque pour toutes les personnes nées sous X. ou d'un donneur anonyme et qui, depuis des années, luttent pour que soit reconnu le droit de toute personne à connaitre ses origines.
Non,l'amour porté à un enfant ne fait pas tout : à un moment, surtout quand il sort de la période de latence et commence à détricoter son lien aux parents qui l'ont élevé, personne ne peut l'empêcher de se poser les questions qui taraudent tout le monde : d'où je viens, à qui je ressemble, pourquoi l'un de ses auteurs a fait un "don" (de sperme ou d'ovule),pourquoi, moi, j'ai fait l'objet d'un [aban]don.
Ce droit est reconnu à tout enfant par les articles 7 et suiv. de la Convention internationale des droits de l'enfant.
En France, en vertu de l'article 55 de la Constitution, les droits contenus dans la Convention internationale des droits de l'enfant dont elle est signataire, équivalent à des droits reconnus par les lois françaises. Nulle loi, même postérieure, ne peut les diminuer.
J'ajoute que les modalités d'adoption de la C.I.D.E. (à l'unanimité de l'AG ONU du 20 décembre 1989), ont érigé les droits qu'elle énonce en faveur des enfants, en principe généraux du droit international.
Ils font donc partie de l'ordre public international.
C'est ce qui avait permis de secourir le petit Iqbal Massih, au Pakistan.
C'est ce qui a permis à l'Organisation de l'Aviation Civile, d'interdire aux pilotes de ligne, de laisser monter dans leurs avions, des petits thaïlandais ou des petits enfants de pays sinistrés ou en détresse économique et sociale, non munis des documents prévus dans la Convention internationale sur l'adoption transfrontalière,bien que leur pays d'origine n'en soit pas signataire.
Désolée de te décevoir : il y aura une loi sur le mariage pour tous, mais pas de loi sur des modalités de procréation qui porteraient atteinte aux droits des enfants tels que reconnus par l'ordre public français et l'ordre public international, tant que la question du droit d'origine ne sera pas résolue car il faudrait passer sur le corps des associations qui luttent depuis des décennies pour que la France respecte ses engagements internationaux.
Amitiés quand même.

Cycee a dit…

Je dois te dire, Apolline, que je ne comprends rien à ce que tu racontes.
L'insémination doit donc être interdite ?
Pourquoi ne l'est-elle pas, dans ce cas ?
Et pourquoi ne donne-t-on pas simplement le droit à l'enfant de connaître le nom du donneur, à la majorité, par exemple ?
Cela se fait, aux USA, dans certains Etats, je crois.
Si tu crains que nous mentions à notre enfant et que nous le prenions pour un idiot, au point de lui dire qu'il est né de deux ovules, tu te trompes...
Mais sincèrement, je ne comprends rien de ce que tu racontes.

Anonyme a dit…

Non, non, tu as tout compris : mais les USA ne sont pas forcément un exemple !
C'est bien en effet, sous l'angle du secret sur l'identité du donneur que le droit à l'AMP évoluera pour lever les objections de ceux qui se battent pour le droit d'origine.
Pour moi, c'est le nom de cet auteur qui doit figurer dans l'état civil originaire de l'enfant. Puis l'enfant peut faire l'objet d'une adoption qui respecte son droit d'accéder à ce parent d'origine quand, au fil de son évolution, il le souhaite. Et ceci doit être accompagné.
Pour moi, l'adoption plénière doit être supprimée : ce sera plus clair dans la tête des adoptants et du coup des parents d'origine : la filiation DOIT rester une catégorie indisponible. Faire un "don" de sperme ou d'enfant, c'est un [aban]don. Un enfant n'est pas un produit manufacturé, socio-facturé. La loi doit faire que cet "[aban]don" deviennent une "transmission" : un relai, une solidarité.
L'adoption simple, quitte en réformer les conséquences patrimoniales, doit être le cadre de tout processus d'adoption respectueux de cette éthique et des droits de l'enfant d'avoir accès à son auteur.
Quant à celui de la GPA, c'est une autre affaire sur laquelle la réflexion éthique n'est pas aboutie. Je suis pour le maintien de la prohibition, le fait qu'elle soit contournée ne changeant rien : on ne va pas rétablir le droit de vie ou de mort sur les enfants, sous prétexte que certains s'en fichent et maltraitent les leurs !

Cycee a dit…

Mais est-ce que la procréation médicalement assistée n'existe pas en France ? Et est-ce qu'elle ne porte pas atteinte aux droits des enfants tels que reconnus par l'ordre public français et l'ordre public international, dans ce cas ?
N'est-ce pas une hypocrisie que de la refuser à ce prétexte aux homosexuelles ?

Suzanne a dit…

La position d'Apolline est rigoureuse, mais cohérente.
Il y avait sur Arte, la semaine dernière, un très beau reportage à propos d'un donneur américain qu'ont cherché à rencontrer certains des enfants qu'il a engendrés.
C'est curieux, le vocabulaire employé. Les jeunes adultes qui font les recherches parlent bien du "donneur", mais aussi de leurs "frères et soeurs", et de leurs "grands parents" biologiques. La jeune fille héroine du reportage avait été élevée par un couple de lesbiennes et avait eu une enfance, une vie heureuse avec ses mères, ce n'est pas la question. Elle ne rejetait personne. Elle était juste portée par une grande curiosité de connaitre "ses origines".
Les forums où les personnes issues d'insémination artificielle cherchent leurs origines et les membre de leur parenté biologique se multiplient. Aucun discours ne peut aller contre cela.