Je me souviens que lors de mon oral de stage, en 3e, j’avais 15 ans, que le temps passe, nous devions nous présenter en quelques mots, dire ce que nous voulions faire dans la vie, un peu comme pour un entretien d’embauche, présenter nos principaux traits de caractère.
J’avais fait mon stage à la poste et dans les petits matins froids, il m’était apparu que l’on se gelait bien les doigts pour distribuer des lettres qui souvent causaient de la déception lors de leur réception. Je n’avais pas vraiment caressé le rêve d’être postière, mais je l’abandonnais tout à fait à l’issue de cette période d’essai d’une semaine.
Lors de mon oral, donc, j’avais dû expliquer pourquoi ce stage ne n’avait pas ouvert les perspectives attendues. J’avais dit, notamment que j’étais casanière. Et que je voulais être professeur d’histoire. La professeur d’histoire géographie qui présidait le jury avait failli s’étouffer. Je ne sais pas encore vraiment pourquoi, aujourd’hui. Mais elle m’avait demandé si je savais ce que voulait dire “casanière” et je lui avais répondu que j’aimais rester chez moi, pour lire, pour écouter de la musique, pour écrire, pour travailler. Elle était peut-être surprise que je connaisse le sens de ce mot de vocabulaire, à 15 ans. Et avec le recul, je suis étonnée avec elle, puisqu’aucun de mes 3e n’en connaît le sens, je pourrais le parier. Mais elle était peut-être surprise parce que je voulais être professeur d’histoire géographie sans sortir de chez moi. Depuis, je suis devenue professeur de lettres, et j'ai vu un peu autre chose que les murs de ma chambrette d'adolescente.
Mais alors que le confinement est terminé et que je pourrais aller comme bon me semble acheter des jeans ou des chaussures, je reste sur mon canapé à écrire des sornettes. Il y a sans doute une part de ma nature profonde, qui aime son canapé à en mourir - les muscles atrophiés, le coeur confit dans sa graisse. Mais il y a aussi cette petite crainte de retourner dans le monde, au contact des vivants, dans les magasins pour toucher potentiellement des articles que d’autres auront tripotés, pour risquer de tomber nez à nez avec la grande faucheuse dans les plis d’une robe dont je n’ai pas besoin, dans une cabine d’essayage mal désinfectée. Bref, d’être une fashion victime, mais au sens propre.
Et vous, vous avez franchi le pas ?
6 commentaires:
J'ai essayé de franchir le pas. Ca a duré dix minutes.
Bonsoir Nicolas,
On est bien chez soi, finalement.
Mais ce n'est pas comme ça qu'on relancera l'économie !
Bisous
J’ai franchi le cap. J’avoue.
Masque et gel dans les deux boutiques dans lesquelles je suis entrée.
Interdiction d’essayer en magasin.
J’ai donc essayé chez moi. Avec mon masque.
Et je suis retournée échanger ce qui n’allait pas.
(J’habite à deux pas, j’avoue)
Je suis rentrée chez moi, j’ai ressayé les fringues. Avec mon masque.
Tout était parfait. Je les ai mis en machine et je me suis mise sous la douche.
Et tout ceci m’a pris moins d’une heure.
J’ai franchi le pas. J’avoue. Et je ne regrette absolument pas 😂😂
Ah les gonzesses ! Alors que moi, je suis sérieux. Hier, je me suis précipité pour acheter un PC.
Elodie, c'est courageux. Pour l'instant, je suis encore un peu flippée et je pense que je n'y prendrais pas beaucoup de plaisir. Mais je pense que le naturel reviendra vite !
Nicolas : tu aurais pu le faire pendant le confinement, les magasins d'informatique étaient ouverts !
Beaux efforts pour la relance de l'économie, n'empêche ! Bravo !
Bisous
moi aussi pour la 1ere fois en 2 mois avec 1 masque bien sur et je me suis fais plaisir en allant chercher plein de fleurs a repiquer au petit magasin rue de Belfort
ça m'a fait un bien fou et il y avait plein de monde mais on restait à distance
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