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mardi 5 mai 2020

Journal de guerre contre un virus #51

Je n’ai pas de fièvre.

Je ne sais plus quoi écrire ici. Je vais juste essayer de laisser courir mes doigts sur le clavier et nous verrons bien. Au fil de mes pensées chaotiques.

Ce midi, j’ai fait une sorte d’ersatz de couscous confiné : merguez, tomates au four, à l’orientale, c’est à dire avec un peu de cumin, du sel, de l’origan et un peu de panure, et de la semoule au bouillon. Ce qui est formidable, dans ce plat, c’est quand tu coupes la tomate juteuse dans la semoule...

Amandine qui d’ordinaire s’inquiète toujours de ce que je mange à midi, qui pense toujours que je ne me nourris pas correctement, commence à changer d’avis. Elle va finir par abandonner sa cantine, quand nous reviendrons à la normale.

C’est-à-dire dans un avenir proche mais encore incertain, un horizon qui recule à mesure que l’on avance, comme tout horizon qui se respecte.

Pour nous gâcher ce festin, à la télévision, nous avons vu Macron dans une école. Notre président y tenait des propos "masqués-pas masqués", sur le fait que les élèves pourraient revenir en classe, le 12, le 14 ou même après, en toute sécurité autant que possible, ou du moins avec autant de sécurité que possible ou même un peu de sécurité, ce qui serait déjà pas mal.

Les professeurs, en tout cas, c’est sûr, auront peut-être bien une pré-rentrée le 11, comme en septembre, mais en mai, pour s’organiser entre eux, mais de loin. Ils auront ordre de bien se laver les mains, surtout, avant que les élèves arrivent le 12, sans doute voire plus tard, selon les cas.

Comme c’est un homme qui a un projet pour la France, il a affirmé qu’on pourrait peut-être partir en vacances, en juillet au plus tôt, en août au plus tard, en réinventant les vacances, par exemple en restant chez soi.

Il a affirmé que tout était bien dans le meilleur des mondes possibles, sans conteste et que tout était prévu pour que tout ne se passe pas trop mal, dans la mesure du probable, éventuellement.

Il avait un slip français sur le visage, ce qui a fait peur aux enfants. On leur dit souvent de se méfier des hommes en slip, à l’école. C’était un slip français, mais tout de même, dans une école, c’est suspect. Comme il a vu la crainte sur les petits visages nus de ses jeunes interlocuteurs, il a ôté son masque avec ses mains sans gants - les avait-il lavé ? On ne sait pas ! - puis il a réexpliqué les gestes barrières aux enfants qui avaient été briefés et qui les connaissaient par coeur. Répétez après moi :
“Il ne faut pas toucher son visage, 
Il ne faut pas ôter son masque”. 

D’ailleurs, c’est probablement pour éviter de l’enlever avec leurs grosses mains pleines de doigts que les enseignants n’en auront pas à la rentrée. C’est un autre problème. Mais comme tout problème qui n’a pas de solution, ce n’est pas un problème.

Vous savez quoi ? Je crois que comme moi, Macron n’avait absolument rien à dire aujourd’hui. Et dans ces cas-là, il vaut mieux se taire !

Bonne soirée !


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