Nous avons marché un peu, sur la véloroute et dans les bois. La nature est belle. La pluie de ces derniers jours a fait pousser l’herbe et nous nous croirions presque en été : les grillons chantent, les trèfles sont fleuris, les lilas et les pivoines ont achevé leur courte saison et laissent déjà place aux glaïeuls dans les jardins. Il a foutu le camp, le temps du lilas, le temps de la rose offerte…
Nous avons croisé beaucoup de promeneurs, beaucoup de vélocyclistes, de familles en goguette. Pas plus, pas moins qu’un mois de mai ordinaire. Personne avec un masque.
Je ne veux plus parler des masques.
Le sujet est tellement sensible que dans le XVIIIe arrondissement de Paris, une distribution gratuite a dû se faire avec un encadrement de soldats en armes. Je comprends bien cela, parce que même à Audincourt, les gens sont tendus comme des strings sur le sujet. On a l’impression de distribuer des billets de 500 € tant les gens sont prêts à tout pour en obtenir. En plus, certains ont l’impression que c’est un dû. Sans doute parce que Macron a dit que les villes allaient en distribuer. C’est nullement une obligation pour les collectivités, cependant. Nous n’avons pas eu de subvention pour cela et c’était une belle galère pour trouver des masques dignes d’être distribués. Comme quand le monde entier veut la même chose en même temps. Et ne parlons pas des arnaques, des vols, des grèves des transporteurs. Les couacs se multiplient. Ici, ce sont des masques trop petits, là ce sont de vieux torchons ou des sortes de couches (oui, je sais, il paraît que ce sont ceux-là les plus performants), là-bas, c’est un masque FFP1 qui peut donc servir 4h et doit être jeté. Bref, quoi qu’on fasse, les mécontents sont légions. On aurait pu faire le choix de n’en donner qu’aux plus démunis, on a fait le choix d’en distribuer deux par foyer. Ce choix est contesté. On a choisi de les distribuer en boîte à lettres, certains découvrent que les facteurs ont bien du mérite pour trouver toutes toutes les boîtes. D’autres villes ont mis en place un système de drive. Difficile de contrôler ceux qui sont venus plusieurs fois et comment s’assurer que ceux qui n’ont pas de voiture en ont eu un ?
Bref, c’est un casse-tête, pour un bout de tissu. Ceux qui râlent le plus sont peut-être ceux qui ont de quoi se payer un masque tout seul. Mais c’est le lot des élus que de faire face aux “haters” de tout poil. Ceux qui croient savoir. Ceux qui pensent que tout est un immense complot contre leur petite personne. Ceux qui pense que tout leur est dû parce qu’ils payent des impôts. Ceux qui pensent qu’on sert en premier ceux qui ont voté pour nous, parce qu’on sait exactement qui a voté pour nous dans une ville de 15 000 habitants…
Tout cela n’a pas d’importance et sera vite oublié.
Aujourd’hui, c’est aussi la journée de lutte contre l’homophobie et contre la transphobie. C’est plus important que cette histoire de masques. Dans le monde entier, il y a encore 70 pays qui pénalisent l’homosexualité, parfois jusqu’à la peine de mort. En France, on risque les agressions, les insultes et la violence intra-familiale. Durant le confinement, ce fut pour certains un enfer que d’être enfermés avec leurs bourreaux. L’association le Refuge fait un travail colossal pour permettre aux jeunes victimes de s’extraire d’un milieu familial hostile. Pour avoir moi-même vécu un coming-out difficile, je sais combien cela laisse des traces pour la vie. Le rapport au corps, au désir, à l’autre, la crainte qui est toujours là, le manque de confiance en soi. Et parfois, ce sont les coups, les humiliations, la violence physique qui s’ajoutent à la violence psychologique. Simplement parce qu’on veut être soi-même et qu’on n’a pas le choix. La lutte contre l’homophobie commence en chacun de nous, au plus intime. C’est tout d’abord poser la question de la norme et surtout la capacité d’interroger ses propres désirs.
Qui, parmi vous, a décidé de quoi que ce soit par rapport à ses désirs et à ses sentiments ?
Bonne soirée !
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