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jeudi 21 mai 2020

En suspens

Le déconfinement est achevé, j’ai l’impression, la vie a repris son cours. Hier soir, nous étions chez des amis, une soirée d’été, autour d’un feu, une belle soirée à rire, à chanter, à se raconter le confinement, le télétravail, les projets en suspens. Une soirée normale, même si on a failli se faire la bise dix fois, en arrivant, en repartant et que c’était difficile de ne pas céder à ce plaisir simple, à ce geste si naturel.

On aura peut-être un retour de bâton. En attendant, les projets sont en suspens et c’est cela qui nous rappelle que tout n’est pas absolument normal.

Pour la mairie, les travaux, les projets, l’urbanisme, toutes les belles idées de la campagne électorale sont comme gelés, confinés, pour l’instant. Ce qui signifie aussi que pour les entreprises, la reprise n’est pas encore là. Une chose est certaine, au moins, jusqu’au prochain aléa, le conseil municipal d’installation va enfin avoir lieu. Ce sera lundi prochain. De ce côté-là au moins, nous allons enfin pouvoir retrouver une certaine tranquillité.

Pour le collège, nous avons eu une réunion virtuelle hier, avec les collègues, pour préparer le retour en classe, début juin, progressivement. Ce sera frustrant, là aussi : nous n’aurons que quelques élèves présents physiquement, nous devrons les regrouper par niveau, nous ne retrouverons évidemment pas nos classes, nos élèves. Nous allons finir l’année de manière bâtarde, en laissant en suspens les séquences commencées virtuellement. Nous ne reverrons probablement pas une dernière fois tous les 3e que nous avons quittés précipitamment en mars et qui seront au lycée en septembre. Tout aura un goût d’inachevé. Nous avons tenté d’envisager la rentrée de septembre, aussi, mais là encore nous sommes dans l’incertitude la plus complète : les conditions sanitaires seront-elles encore les mêmes ? Devrons-nous maintenir des groupes de 15 élèves ? Faire des roulements, avoir des élèves en classe virtuelle et d’autres au collège ? Comment seront gérés les déplacements dans ce collège déjà trop petit en temps normal ? Et les toilettes ? Et les récrés ? Rien ne sera simple. Tout est flou.

Pour la vie, les vacances, la famille, c’est tout aussi frustrant : les réservations sont annulées pour certains. Les voyages, mêmes prévus de longue date ne pourront probablement pas se concrétiser. Je n’ai toujours pas vraiment pris la décision d’aller voir ma mère. J’ai toujours le sentiment d’être un risque pour elle. Me faire tester est une option. Avec le risque d’être positive et de contraindre les gens avec qui je vis et je travaille à une quarantaine.

Mais prenons les problèmes les uns après les autres. Si cette crise nous apprend à être un peu moins dans le contrôle et la planification, ce sera peut-être un bien pour notre santé mentale, non ? Alors ce midi, j’ai fait de la truite au four, avec du citron, du thym, de l’huile d’olive. Un beau filet de truite rose du Sundgau. Avec des tagliatelles, des tomates, des courgettes. On a mangé sur la terrasse, le temps est radieux.

Tout va bien.


3 commentaires:

Nicolas Jégou a dit…

Te faire tester avant d'aller voir ta mère ne servira à rien. Tu peux être "infectée" mais pas encore contrôlée positive. C'est tout la polémique autour de ces tests qui est rigolotes et c'est probablement un des seuls trucs sur lequel le gouvernement a raison. Il faut tester les gens ayant été en contact avec les malades (et pas qu'une seule fois) et ceux présentant les symptômes. Par ailleurs, le taux de létalité de cette maladie n'est pas très important et ta mère ne risquerait pas grand chose. Par contre, il y a une stratégie nationale. On peut ne pas être d'accord mais chacun ne peut pas avoir sa propre stratégie. Donc on évite de prendre le risque d'aller contaminer d'autres régions.

Mais je suis à la limite du hors sujet (pas qu'à la limite, je l'ai dépassé). Je voulais seulement dire que pour la planification, j'étais d'accord et c'est particulièrement valable dans mon domaine d'activité : la coordination de la production d'applications informatiques. Nos clients nous demandent de justifier des retards de plannings de nos propres fournisseurs annoncées avant la crise sanitaire sans se rendre compte qu'à cause d'elle, on est incapable d'avoir la moindre trajectoire.

Il faut perdre cette habitude de tout planifier. Je suppose qu'un prof finira par ne plus pouvoir préparer des cours à part du jour au lendemain car il ne saura plus jamais (dans le pire cas, hein !) à quel public il aura affaire.

Cycee a dit…

Bonsoir Nicolas,
Je ne sais pas si cela servirait à rien : j'ai été en contact avec beaucoup de monde, beaucoup de gens qui ont eu la maladie, qui ont été en contact avec des gens l'ayant eue, durant la période du confinement et toujours maintenant, je ne suis pas à risques et il se peut que je sois porteuse saine. On connait mal le fonctionnement du virus et on sait que des gens le portent sans symptôme et sont potentiellement contaminants. Ma mère est particulièrement à risque : elle a plus de 70 ans et fait de la fibrose pulmonaire, elle est essoufflée en permanence et tousse tout le temps. Si elle choppait le virus, elle ne serait pas prioritaire pour la réa.
J'ai lu ton point de vue, à propos de la stratégie nationale et je partage cet avis. Je suis comme toi : j'ai envie d'aller voir ma mère, je n'ai pas envie d'être à l'origine d'un cluster en Savoie où le virus n'a pratiquement pas mis les pieds...
Pour la planification, j'espère bien, tout de même que ce ne sera que le pire des cas et qu'on finira par se débarrasser de ce virus. On s'est bien débarrassé à peu près de la peste et du choléra...
Bisous (et désolée pour les apéros skype, j'avais pas planifié et je loupe toujours l'heure. Mais un de ces quatre, c'est sûr, je me connecterai ! Merci pour l'invitation !)

Nicolas Jégou a dit…

Pas de problème pour les apéros ! J'ai choisi arbitrairement une heure et on ne peut pas tout planifier... Alors j'ai pris selon mes habitudes..