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mardi 21 avril 2020

Journal de guerre contre un virus #37

Je n’ai pas de fièvre.

[Aujourd'hui, j'ai une pensée toute particulière pour une amie qui vit des moments difficiles.]

Un virus, je suppose - je ne suis pas virologue - ça change à la vitesse de la lumière : les générations se succèdent rapidement, ça se reproduit très vite, ça peut donc se modifier génétiquement pour s’adapter à la situation.

C’est notre problème, à nous, pauvres humains. Nous mettons des dizaines d’années à changer, à comprendre ce qu’il faudrait changer pour s’adapter mieux. Par exemple, voilà environ 40 ans, peut-être même 50 ans, que les premiers scientifiques s’occupant de l’environnement ont remarqué qu’il y avait péril en la demeure, que la maison brûlait, que les glaciers fondaient, que la couche d’ozone était trouée de tous côtés, que les cours d’eau s’assèchaient sérieusement.

Et nous n’avons pas changé. Nous avons continué de brûler du pétrole, de plus en plus de pétrole, dans des voitures toujours plus grosses. Aujourd’hui, ce pétrole, nous serions même prêt à payer les gens pour qu’ils s’en servent. Nous avons continué avec les mêmes réflexes, les mêmes stupides dépenses d’énergie, d’eau, de pollution partout où la main de l’homme met le pied. Pour toujours plus de profit.

C’est un peu comme quand un type qui vient de se planter sa dernière seringue d’héro dans le bras vous jure que demain, il arrête. Un homme ne change jamais vraiment. On a des défauts à vie. Moi je suis paresseuse et ce n’est pas près de s’arrêter, par exemple.

En ce moment, certains nous jurent, main sur le coeur, que l’on va arrêter les conneries, après cette crise. Qu’on va changer de paradigme. On peut toujours y croire. Après la première guerre mondiale, on a dit, c’est la der des der. On a dit “Tiens, les femmes ont bien bossé, on va les récompenser.” Il a fallu attendre une deuxième guerre mondiale pour leur filer le droit de vote : c’était justement le 21 avril 1944.

Tout ça pour dire que pour que l’on change, comme ça, presque par magie, il va falloir le vouloir, le réclamer, l’exiger. Est-ce qu’on va vraiment arrêter l’agriculture intensive ? Est-ce qu’on va arrêter de polluer la planète à coup de kérosène pour en envoyant des avions partout, livrer des conneries en plastique depuis la Chine ? Est-ce qu’on va se recentrer sur l’essentiel : une alimentation saine et des rapports plus humains entre les gens ? Les gens plutôt que l’argent. On a tout pour être heureux : la connaissance, la technologie, l’abondance. On pourrait juste trouver des solutions pour gérer cela plus harmonieusement et arrêter de vouloir la lune pour soi, contre tous les autres.

Mais pour changer, il faut des années, des générations entières. Et finalement, ce n’est pas certains que l’homme en soi capable. L’homme a toujours voulu plus dans un monde fini, depuis toujours. C’est sa nature. Pourtant, il suffirait qu’il veuille plus d’amour, plus de fraternité, plus de solidarité. Nous serions heureux. Imaginons.


4 commentaires:

Laurent a dit…

J'aimerais tant être optimiste et puis je vois comme toi les mauvais réflexes qui ne semblent jamais se perdre, la lune pour soi comme tu l'écris si justement. Les plus jamais ça qui ne tiennent qu'un temps. Et pourtant, j'ose espérer qu'une infime partie (c'est déjà ça) change et fasse changer le monde. Merci pour ton billet :)

Cycee a dit…

Merci pour ton commentaire, Laurent. Je partage ces craintes...Mais il faut quand même faire preuve d'optimisme : celui de la volonté. Pour continuer de faire ce qu'on peut, de son côté...et les petits ruisseaux feront des petites rivières, qui sait...
Bises

Claude Bellaton a dit…

C’est si bien dit !

Claude Bellaton a dit…

C’est si bien dit !