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mardi 14 avril 2020

Journal de guerre contre un virus #30

Je n’ai pas de fièvre.

Hier soir, un mec tout bronzé a parlé à la télé. Son maquilleur devait être en télétravail. Ou alors il est allé au ski. C’est assez suspect.

Ce sera donc au début des Saints de Glace que nous nous dégèlerons. Peut-être.

« Attention, le premier des saints de glace, souvent tu en gardes la trace. » nous dit la tradition proverbiale fort riche pour le mois de mai. Cependant, je pense que l’on peut oublier le plus connu des aphorismes de ce joli mai : en mai, fais ce qu’il te plait. Non. Tu restes à la maison. Comme au mois d’avril et comme au mois de mars.

Le soleil nous fera de l’oeil derrière les carreaux…

Encore un mois à savourer la douceur du foyer, les longues soirées télé, les rêves de ciné, coincé devant les navets multidiffusés avec Louis de Funès. Nous ne sommes pas obligés de regarder.

Nous pouvons aussi lire de la poésie, faire de la musique, dessiner, dormir. Rattraper des heures de sommeil perdues. Souvenez-vous de l’époque d’avant, celle où l’on était si fatigués. Tellement épuisés que les journaux féminins nous donnaient des conseils pour mieux dormir, pour faire de la méditation. Ces unes, ces gros titres, nous les regardions avec un haussement d’épaule “Si j’avais le temps…”

Et maintenant que nous l’avons, nous nous lamentons. Nous n’apprécions jamais ce que nous avons. 

Carpe diem.

Profitons deux fois plus de l’or du soir qui tombe, regardons se balancer les branches dans le doux zéphyr du printemps. Admirons les camaïeux gris, bleu et mauve des levers de soleil.

Devenons contemplatifs, devenons des moines bénédictins, et dans nos foyers, ces petites abbayes intimes, faisons des confitures et des gâteaux. Distillons des liqueurs enivrantes. Cultivons la douceur de vivre. Si nous ne savons pas méditer, prions et si nous ne savons pas prier, chantons. Pas forcément des chants grégoriens, tout le monde n’a pas la voix grave qu’il faut pour cela, mais chantons pour les fraises et pour les fleurs, chantons pour l’amour et pour la vie, chantons pour oublier.

Pour oublier que Macron a dit qu’il fallait que plus de gens soient contaminés pour qu’on puisse sortir du confinement, tout en restant confinés pour éviter de se contaminer.

Pour oublier que les profs et les élèves seront sacrifiés pour la cause le 11 mai, pour se contaminer tous en choeur, pour que les parents puissent retourner travailler. Mais qu’on pourra même pas se faire un resto pour fêter ça.

 En attendant, buvons…avec celui dont Macron est le sosie, mais qui était quand même beaucoup plus intéressant que notre président.



Bonne soirée !

4 commentaires:

Didier Goux a dit…

« Devenons contemplatifs, devenons des moines bénédictins »

Les moines bénédictins ne sont nullement des "contemplatifs" !

Cycee a dit…

J'avais mis cisterciens dans une première version. Puis j'ai mis une photo de l'Abbaye de Hautecombe. Alors j'ai changé, juste pour rendre hommage à mes ancêtres qui y travaillèrent autrefois, auprès des moines bénédictins...
Bien le bonjour, Monsieur Goux.

Cycee a dit…

Et les bénédictins, bien qu'ils travaillent, sont des contemplatifs, dans le sens où le fondateur Saint-Benoît avait donné pour principal objectif la recherche de dieu...

Didier Goux a dit…

Ah oui, évidemment. Mais la "recherche de Dieu", pour un moine, c'est quand même le minimum exigible, hein !

Sinon, on a plus vite fait de se faire troubadour ou colporteur : au moins, ça permet de culbuter les filles d'auberge qui ne disent pas nenni…