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vendredi 17 avril 2020

Journal de guerre contre un virus #33

Le sonnet du soignant 

Je n’ai pas de fièvre mais j’ai de grands frissons, 
Je n’ai pas de masques et je n’ai pas de gants, 
Ni gel hydroalcoolique, à peine un peu de savon 
J’ai ma foi, mon courage et je vais de l’avant. 

Mon métier, ma passion, de ma vie, la raison 
De gardes en urgences, de bobos en onguent 
En équipe, nuit et jour, pour vous, nous trimons 
Nous n’avons pas le choix, c’est la vie des soignants. 

Chaque soir, aux balcons, vous nous applaudissez, 
Chaque fois Macron vous exhorte : “Ô ! Bénissez 
Les valeureux, les courageux, les beaux héros !” 

Mais avant le virus, chaque petite grève, 
Chaque demande pour réclamer la relève, 
Ne recevait qu’une seule réponse : “Zéro !” 



Le sonnet du patient en Ehpad 

Je n’ai pas de fièvre, je n’ai pas de visite 
Bientôt six semaines que seule à en crever 
Je n’ai pas vu ma fille, mon fils et ses petites ; 
Et je tourne dans cette chambre, mal attifée. 

J’ai la visite du docteur et il hésite 
Entre compassion et l’idée d’abandonner ; 
Visite des infirmières, pauvres petites 
J’ai peur d’elles, mais tout autant, je les effraie. 

Le virus est entré et dans la résidence, 
C’est buffet à volonté ; commence la danse, 
Sur les corps usés des vieux à la chair tendre ! 

Je mourrai bien seule et si ce n’est le covid 
Qui a ma peau, qui a ma vieille tête vide, 
Ce sera le manque, le vide ; vous attendre.



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