Le sonnet du soignant
Je n’ai pas de fièvre mais j’ai de grands frissons,
Je n’ai pas de masques et je n’ai pas de gants,
Ni gel hydroalcoolique, à peine un peu de savon
J’ai ma foi, mon courage et je vais de l’avant.
Mon métier, ma passion, de ma vie, la raison
De gardes en urgences, de bobos en onguent
En équipe, nuit et jour, pour vous, nous trimons
Nous n’avons pas le choix, c’est la vie des soignants.
Chaque soir, aux balcons, vous nous applaudissez,
Chaque fois Macron vous exhorte : “Ô ! Bénissez
Les valeureux, les courageux, les beaux héros !”
Mais avant le virus, chaque petite grève,
Chaque demande pour réclamer la relève,
Ne recevait qu’une seule réponse : “Zéro !”
Le sonnet du patient en Ehpad
Je n’ai pas de fièvre, je n’ai pas de visite
Bientôt six semaines que seule à en crever
Je n’ai pas vu ma fille, mon fils et ses petites ;
Et je tourne dans cette chambre, mal attifée.
J’ai la visite du docteur et il hésite
Entre compassion et l’idée d’abandonner ;
Visite des infirmières, pauvres petites
J’ai peur d’elles, mais tout autant, je les effraie.
Le virus est entré et dans la résidence,
C’est buffet à volonté ; commence la danse,
Sur les corps usés des vieux à la chair tendre !
Je mourrai bien seule et si ce n’est le covid
Qui a ma peau, qui a ma vieille tête vide,
Ce sera le manque, le vide ; vous attendre.
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