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lundi 27 avril 2020

Journal de guerre contre un virus #43

Je n’ai pas de fièvre.

Il a plu une heure hier. Une pluie fine de rien du tout, séchée presque immédiatement par un radieux soleil. Le sol est sec, les arbres pompent tout ce qu’ils peuvent dans le Doubs qui présente son miroir immobile aux canards et aux cygnes.

Il paraît qu’il pleuvra cette semaine. C’est souhaitable. (Fin du point météo)

Sinon, je n’ai absolument pas envie de commenter la politique. Je n’écoute plus rien. A peine si je lis les milliers d’injonctions contradictoires dont on nous abreuve. J’espère que je suis immunisée, que j’ai eu le truc sans m’en apercevoir et que tout ira bien quand je me retrouverai en classe, exposée aux miasmes des collégiens.

En attendant, je n’ai pas grand chose de plus à dire sur la gestion lamentable de cette crise.

Sauf que je ne veux plus, à l’issue de cette histoire, entendre parler de masques, de FFP1, de FFP2, de norme AFNOR, de masques grand public, de masque qui servent à rien, mais qui sont jolis. Plus jamais. Les masques, je les hais, je les vomis, je les exècre. (c’est la première raison qui fait que je ne suis pas à l’heure pour ma publication !)

Allez, il est l’heure de l’apéro visio ! (c’est la deuxième raison pour laquelle je ne suis pas à l’heure pour ma publication !)

Alors, comment vous le vivez, vous, ce confinement : il y a eu des hauts, il y a eu des bas. Au début, on était angoissés, inquiets. On s’est ennuyés, on a trouvé le temps long et puis on s’est occupés, on a fait de la cuisine, du ménage, on s’est mis au yoga, on a commencé à apprendre le Polonais, l’Arabe littéraire et le Mandarin et puis on a arrêté, parce qu’on a commencé à regarder la saison 3 de The Handmaid’s Tale (en VO, pour poursuivre sur notre lancée linguistique)...

J’ai découvert que certains voulaient à tout prix “réussir leur confinement”. Comme si c’était encore une compétition. Un challenge.

Alors que c’est justement le temps de rester à la maison, en pyjama, sans que personne ne vous en veuille. Les réseaux sociaux viennent nous gâcher l’opportunité de faire la sieste trois fois par jour, de manger des chips et de boire de la bière, tranquille. Non. Il faut aller faire du jogging, il faut à tout prix tirer quelque chose de productif de ce moment, se mettre à la poterie, à la musique, à la boulangerie.

Il faut qu’on arrête de se mettre la pression.

Et puis peut-être qu’un tournant est amorcé, après plus de 40 jours d'enfermement.

Ce matin, Mme Crelier, ma boulangère, d’ordinaire si souriante, était grise, morose. Elle avait peut-être mal dormi, elle avait sans doute eu une grosse matinée. Elle avait peut-être eu quelques uns des habitants bizarres qui peuplent mon quartier : celle qui fait pipi dans la pelouse juste entre le Doubs et le Temple, celui qui passe pieds nus et en pyjama, en hurlant, sur notre place, celui qui porte son masque sur la tête, “Bob man”, le petit vendeur de shit ?

Il n’empêche qu’elle était désespérée, ma boulangère. Et ses réflexions m’ont semblé intéressantes : “Vous pensez que les gens vont revenir ? Qu’ils vont reprendre le boulot, après tout ce temps ? Croyez-vous qu’ils reviendront ? Je ne comprends plus les gens, aujourd’hui.”

Non, je lui ai répondu, les gens veulent voir du monde...

Mais peut-être que la phase qui nous attend, c’est l’accoutumance à la fainéantise, au farniente, au confinement à vie. Ne plus rien faire. Jamais. Tant qu’on a à manger et du PQ…

Pour moi, pour ma boulangère, qui n’avons jamais arrêté de travailler, cela peut sembler bizarre...Mais qui sait…


2 commentaires:

Nicolas Jégou a dit…

"J’ai découvert que certains voulaient à tout prix “réussir leur confinement”. Comme si c’était encore une compétition. Un challenge."

Des liens, des liens ! Qu'on rigole.

Cycee a dit…

Je crois que c'était un reportage d'M6...
Samedi, j'avais mis le #Réussistonconfinement comme une boutade, à la fin de mon billet, mais visiblement, il y en a qui prennent ça très au sérieux.
Bisous