Pages

jeudi 16 avril 2020

Journal de guerre contre un virus #32

Je n’ai pas de fièvre.

La pizza était délicieuse.

Je n’ai pas perdu le goût.

Quand je me promène dans le cadre de mon heure quotidienne autorisée dans mon kilomètre périphérique à vol d’oiseau, je respire à nouveau les délicats parfums des fleurs de printemps. Les lilas sont magnifiques.

Je n’ai pas perdu l’odorat.

J’évite les lieux confinés où l’on peut rencontrer fortuitement la promiscuité. J’ignore l’ascenseur et je prends les escaliers, systématiquement. Je les monte quatre à quatre sans souffler comme un boeuf. 

Je n’ai pas perdu le souffle.

Ma chère et tendre m’a confectionné des masques magnifiques que je porte consciencieusement dans la rue.

Je me mouche plusieurs fois dans des mouchoirs à usage unique et je les jette à la poubelle quand j’ai envie.

Je me lave les mains aussi souvent que je peux et je suis droguée au gel hydroalcoolique. Ma chère et tendre m’appelle ma poule, parce que j’en ai désormais la peau.

J’éternue dans mon coude, même si au sortir de l’hiver, je trouvais un peu répugnant de le faire dans ma manche et même si à l’aube de la saison estivale, je trouve encore plus dégoûtant de le faire sur ma peau.

Quand je vais à la pharmacie, à la boulangerie, au marché, je tiens les deux ou trois mètres de sécurité avec les autres clients.

Je respecte les gestes barrières.

Je bois de l’eau, je me lave le nez à l’eau de mer, je fais des étirements et au moins 3000 pas par jour. 

Je mange 5 fruits et légumes par jour.

Je ne mange ni trop gras, ni trop salé, ni trop sucré. Sauf la pizza. Mais elle était délicieuse.

Je respecte scrupuleusement les conseils de mon médecin généraliste qui me dit aussi qu’il faut se faire plaisir de temps en temps.

Mais la vie d’une hypocondriaque en période de pandémie mortelle et mondiale n’est pas drôle. C’est quand même une maladie qui fait mourir d’étouffement. Qui plonge dans un coma qui vous fait entrapercevoir la mort. Qui vous donne l’impression que vos poumons sont écrasés par un rouleau compresseur.

Et moi, j’ai des palpitations. Parfois. Le soir, devant la télé.

J’ai le souffle court. Avant de m’endormir. Je n’arrive pas à reprendre totalement mon souffle.

Parfois même, j’ai l’impression que je vais oublier de respirer durant la nuit et dans ces cas-là, je n’arrive plus du tout à reprendre mon souffle, comme si j’étais au fond d’une piscine.

J’ai froid. Aux pieds. Surtout le soir.

J’ai trop chaud. Surtout le matin. Je transpire. C’est la fièvre ?

Est-ce vraiment le gel hydroalcoolique qui provoque cette peau sèche ? Car ils ont dit que le virus provoque des engelures, ça ressemblerait pas à ça ? Tu es sûre ?

Bon sang ? Ils ont dit toux sèche ou toux grasse ? Est-ce que j’ai toussé sec ou gras, là ? Comment ça, tu n’as pas entendu ?

Et si ça se trouve, je l’ai eu sans le savoir. Je l’ai eu sans symptômes. C’est possible. J’ai été confrontée à une population à risque : les élèves, les élections…

C’est combien de temps, déjà le temps d’incubation ? 14 jours ? Un mois ?

Et quand on l’a eu, on peut le ravoir ? Oui, oui, ils l’ont dit...Je vous jure qu’ils l’ont dit.

Si ça se trouve, je l’ai eu sans le savoir et je vais le ravoir.

Le saurai-je ?




3 commentaires:

Didier Goux a dit…

Faites-vous donc prescrire une ou deux boîtes de valium ou équivalent : vous verrez alors que le seul fait de savoir que vous POUVEZ prendre un comprimé vous fera tout de suite respirer tout à fait normalement et vous endormir comme un bébé.

Didier G., blogueur antiviral.

Cycee a dit…

J'ai décidé que c'était l'aspirine, mon médicament miracle. L'important, c'est surtout d'y croire très fort.

Didier Goux a dit…

Mouais… d'après les symptômes que vous décrivez, l'a pas l'air ben ben efficace, votre remède miracle !

(De plus, l'aspirine, à la longue, ça fait des trous dans l'estomac…)