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samedi 11 avril 2020

Journal de guerre contre un virus #27

Pâques au balcon !
Je n’ai pas de fièvre.

Joyeux week-end pascal.

Sans aucun rapport - hormis le prénom et la religion tout de même -, je pense à Pascal, en ce moment. Le philosophe. Blaise Pascal. Ces derniers temps, sur les réseaux sociaux, on lit souvent cette citation des Pensées : “Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre.”

Cela rappellera peut-être des cours de terminale à certains. C’est la théorie sur le divertissement, sur le roi sans divertissement et sur le fait que pour oublier notre pauvre existence et la mort inévitable qui nous guette, nous devons à tout prix nous divertir : le jeu, la chasse, la guerre, la conversation des femmes, tout est bon pour nous agiter et éviter de penser que nous allons périr. Tout ce qu’on peut faire pour éviter de penser à soi.

C’est un constat. Reste à savoir ce qu’on fait pour s’occuper. Pascal, scientifique génial, touche à tout brillant en sciences naturelles, en mathématiques - inventeur d’une des première machine à calculer -, en physique (ses théories sur les fluides nous permettent aujourd’hui de prendre notre température, tiens !)...et dans tout ce qui pouvait faire la culture humaniste de son époque ne s’adonnait guère au jeu, à la guerre et aux femmes, sans pourtant s’ennuyer beaucoup. Il est d’ailleurs mort avant la quarantaine, malade, affaibli, épuisé sans doute, physiquement et moralement, de ne s’être pas ennuyé une seconde.

Mais Macron, en bon gros roi sans divertissement, a choisi, classique, de faire la guerre. Une guerre ridicule contre un tout petit virus. Une guerre sans panache, sans masque et sans gel hydroalcoolique. 

Et nous, nous devons rester dans notre chambre pour essayer de trouver le repos, la sagesse, la sérénité. Mais nous ne savons pas bien faire. Nous tournons comme des lions en cage. Alors, il paraît que les sites pornographiques fonctionnent comme jamais. Normal. Pascal parlait pudiquement de “la conversation des femmes”. Les sites de jeux en ligne explosent aussi leur nombre de visites. Normal aussi. Rien n’a changé depuis le XVIIe siècle. Sauf qu’aujourd’hui, on peut rester enfermé dans une chambre et s’adonner aux pires divertissements. Pas la chasse...enfin, pas pour tout le monde.

Est-il si malheureux, si angoissant de penser à soi ? Ce n'est pas à celle qui adore l'introspection et l'étalage de ses humeurs sur ce blog qu'il faut le demander... Et puis, nous participions, jusque là, pourtant, à une époque hyper égocentrique. La civilisation du selfie. Et pourquoi serions-nous soudain terrifié à l’idée de n’avoir à penser qu’à notre petite personne ? C’est surprenant. Soudain, c’est à tous les autres que nous voulons penser : à ceux qui sont loin, à ceux que nous ne pouvons plus voir. Nous sommes avant tout des êtres faits de contradictions.

Ou alors, ces selfies n’étaient-ils que des leurres ? Ne pensions-nous pas vraiment à nous, en nous regardant de si près les trous de nez ? Ne pensions-nous qu’à l’image de nous, qu’à ce que nous renvoyions aux autres ? Je ne pose pas vraiment la question, vous comprenez bien ! Kim Kardashian ne pense pas du tout à sa finitude quand elle se photographie en “duck face”...

Je ne sais pas où ce texte de philosophie de comptoir confiné me mène. Sans doute pas beaucoup plus loin que cela. Est-ce que j’attends une révélation, comme Pascal ?


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