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mardi 28 avril 2020

Journal de guerre contre un virus #44


Je n’ai pas de fièvre.

Edouard Philippe a parlé. Il a dit, en gros que tout se déciderait le 7 mai pour le 11, puis le 11 pour le 30, puis le 30 pour le 2 juin. Et ensuite ? Inch Allah. Par contre les mosquées ne seront pas ouvertes pour la fin du Ramadan, les écoles seront parfois ouvertes, parfois fermées, selon la région et la volonté des autorités territoriales.

Même si cela semble confus, je ne l’ai pas trouvé trop mauvais. A vrai dire, je le trouve meilleur que Macron. Plus proche de ce qu’on attend d’un homme politique responsable. Même ce qu’il a annoncé de concret semble bien improbable à décliner quand on est au plus près du terrain.

Je suis dans une zone rouge, a priori, les choses devraient se passer différemment ici. On devrait se déconfiner avec plus de prudence. Je ne sais pas si c’était le rôle du 1er ministre d’en donner les modalités précises, mais ce sera plutôt de l’ordre du démerdez-vous, si j’ai bien compris. Faites comme bon vous semble, plutôt. Et s’il y a des morts, ce sera de votre faute. Un peu comme pour ce qu’on nous dira le 7 mai. Le discours ressemblait à “Soyez sages, petits chenapans, si vous faites des bêtises, vous serez encore punis pour 3 semaines. Mais ce sera de votre faute !”

Sinon, sauf si mon département n’est pas déconfiné, je retrouverai mes élèves de 6e le 18 mai. Mais pas les 3e. C’est ce que j’avais cru comprendre, pourtant. Pour l’orientation, pourtant, cela m’aurait paru judicieux. Ou logique. Mais rien n’est logique dans tout cela. La réouverture des écoles n’est pas logique. D’autant que les Allemands, qui ne sont pas des cons, ont décidé de faire machine arrière après quelques jours et que la plupart des pays européens a décidé de ne pas rouvrir les lieux de brassage des enfants d’ici septembre. Rien n’a été dit sur les cantines.

On s’en fout, non, de ce qui a été dit ou pas. On finira par faire ce qu’on veut et on entendra bientôt des tas de discours contradictoires, dès avant le 7 mai, prenons le pari.

Je n’ai pas tellement la tête à tout cela, à vrai dire.

Si j’ai bien compris, je ne pourrais toujours pas vraiment aller voir ma mère en Savoie avant un bon bout de temps, avec ou sans une attestation, sauf si je considère qu’il s’agit d’un motif impérieux. Elle vit seule, elle a plus de 70 ans et fait de la fibrose pulmonaire. Je pense que c’est un motif impérieux. On verra bien ce que nous ferons.

Je n’ai pas vraiment la tête à la politique, à ces règles et à ces interdits qui ressemblent à ceux que j’essayais d’instaurer dans mes classes tout au début de ma carrière. J’ai arrêté de vouloir faire des règlements intérieurs de la classe, il y a très longtemps. Il y a toujours un cas particulier, un oui, mais...La ligne directrice doit être simple, claire et compréhensible par tous. Pas besoin de multiplier les interdits pour que les élèves cherchent à les contourner.

Je n’ai pas tellement la tête à tout cela, parce que je pense à une amie qui vit un deuil dans ce contexte et que je repense à la mort de mon père, au fait qu'à ce moment-là, il me semblait évident, normal, naturel, humain de pouvoir lui tenir la main jusqu’à son dernier souffle, d’avoir toute ma famille autour de moi…

C'est de plus d'humanité que nous avons besoin, pas de plus de règles absurdes.

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